Vidéoprotection algorithmique, un second test mené à plus grande échelle

A l'occasion d'un concert et d'un événement sportif, la SNCF et la RATP ont mené le temps d'un week-end une seconde session d'expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique. Le système ne sera pas pour autant pleinement opérationnel pour les Jeux olympiques, qualifiés de "test en grandeur réelle" par une récente mission sénatoriale.

Deux arrêtés de la préfecture de police de Paris datés du 17 avril 2024 ont autorisé l'expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) les 19, 20 et 21 avril 2024 à l'occasion d'un concert et d'un match de football. Deux déploiements qui font suite à un premier test mené en mars à l'Arena de Bercy. Quatre gares étaient concernées par l’expérimentation de la VSA menée par la SNCF et la RATP avec l'appui de la société Wintincs. On rappellera que cette dernière a été sélectionnée par le ministère de l'Intérieur dans le cadre des expérimentations VSA prévues par la loi sur les Jeux olympiques.

Quatre événements soumis aux algorithmes

Pour les gares de Paris-Gare de Lyon et du Pont du Garigliano, 118 caméras ont été mobilisées pour détecter quatre catégories d'évènements : 
- franchissement ou présence d’une personne dans une zone interdite ou sensible, 
- densité trop importante de personnes, 
- mouvement de foule, 
- présence d’objets abandonnés. 
La RATP a utilisé un algorithme pour les mêmes finalités dans les stations La Défense et Nanterre préfecture, le nombre de caméras mobilisées n'étant pas spécifié par l'arrêté préfectoral. Dans les deux cas, les usagers ont été informés des tests par des affiches ou des informations accessibles via un QR code. Côté RATP et SNCF, les signalements opérés par les algorithmes n'étaient communiqués qu'à des agents habilités, formés à la manipulation de la plateforme Cityvision et aux enjeux du RGPD.

Contribution modeste à la sécurisation des JO

Avec ces deux déploiements, l'expérimentation de VSA prend de l'ampleur, celle de mars n'ayant concerné que 6 caméras. Mais à l'évidence la contribution de la VSA à la sécurisation des JOP restera modeste. C'est en tout cas la conviction exprimée par la récente mission sénatoriale (notre article du 12 avril 2024) qui s'est rendue à l'Arena de Bercy lors du test de mars. A l'occasion de la conférence de presse du 10 avril, la sénatrice Agnès Canayer a estimé que les caméras étaient encore "très expérimentales" et ne pourraient pas constituer "des outils totalement efficaces au moment des Jeux olympiques". "Il faut entraîner les algorithmes à des situations pour pouvoir être sûr de tomber juste le jour J", a-t-elle expliqué, ajoutant que cela passe par "bien choisir les emplacements des caméras" et correctement définir "les événements prédéterminés" que l'algorithme doit repérer. La mission estime cependant que les JO représentent un "très grand terrain de jeu" pour expérimenter la VSA et mesurer son utilité. Elle a également plaidé pour une "poursuite de l'expérimentation", au-delà des JO sur des événements de moindre importance, de nature différente, pour tester divers matériels, sur l'ensemble des saisons.