Villes de France adopte un "Pacte du Creusot" pour traiter les problèmes de fond des quartiers

Le Congrès de Villes de France s'est ouvert ce 6 juillet dans un contexte particulier, celui des émeutes dans les quartiers. L'association d'élus a profité de l'occasion pour élaborer et adopter dès son assemblée générale des propositions de solutions concrètes aux questions de fond qui se posent dans ces territoires, notamment en matière de logement, d'éducation et de sécurité. Ce "Pacte du Creusot" a été présenté à Olivier Klein, ministre chargé de la Ville et du Logement.

Le Congrès de Villes de France s'est ouvert ce 6 juillet 2023 au Creusot pour deux journées de conférences autour de la réindustrialisation. Le programme de ce rendez-vous annuel s'est toutefois vu modifier au dernier moment face à l'actualité liée aux violences urbaines. Cinq ministres devaient faire le déplacement au Congrès durant les deux jours pour marquer leur soutien aux maires, Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Olivier Klein, ministre chargé de la Ville et du Logement, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique et Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, ouvrant le bal dès le 6 juillet, en visio pour ce dernier.

Pour tenter d'apporter des solutions et faire entendre la voix des acteurs locaux, les élus des villes moyennes ont planché sur des propositions pour les quartiers, adoptées dès le matin du 6 juillet en Assemblée générale. Un pacte dit "du Creusot" traitant des différents sujets qui ont émergé à l'occasion de ces événements - les conditions de vie et d'habitat des habitants de ces quartiers, mais aussi l'éducation et la sécurité.

Reprendre le rapport Borloo

Jean-François Debat, président délégué de Villes de France, a remis en main propre ce pacte au ministre de la Ville et du Logement, détaillant les trois angles qu'il traite. Premier axe : l'habitat. Les élus estiment qu'il faut donner des moyens supplémentaires aux organismes de HLM pour "retrouver des marges de manœuvre". Le deuxième angle concerne les mesures qui étaient présentes dans le rapport de Jean-Louis Borloo commandé par Emmanuel Macron et remis en 2018 mais finalement abandonné. "Nous souhaitons qu'il soit remis sur le tapis, a signalé Jean-François Debat, et plus particulièrement un certain nombre de ses préconisations", dont la priorité à l'école en particulier dans les quartiers de la politique de la ville, le nécessaire réinvestissement dans la parentalité, puisque dans certains cas, "la parentalité ne peut pas être assumée et il faut y travailler", a souligné le président délégué de Villes de France. Jean-François Debat a également insisté sur la nécessité de donner des moyens pour la cohésion sociale dans les futurs contrats de ville.

Enfin, dernier axe du pacte du Creusot, la sécurité, qui implique un travail sur l'ensemble de la chaîne, de la prévention sur le terrain et la création d'un lien entre la police et les jeunes en dehors des interventions, à la répression et aux sanctions en passant par la lutte contre le trafic de drogue. Villes de France insiste aussi sur la nécessité de restaurer l'autorité et de protéger les élus comme les policiers, après les crises comme celle des gilets jaunes, les violences dans les manifestations ou dernièrement dans les quartiers et l'augmentation du niveau de tension dans la société.

Les élus, demandeurs et prêts à travailler avec l'Etat

Le message des élus est clair. "Nous sommes demandeurs et prêts à travailler sur ces sujets", a ainsi affirmé Jean-François Debat dans son discours d'ouverture. "Il y a nécessité de collaborer avec les élus, de travailler ensemble, a également insisté Gil Avérous, président de Villes de France, Emmanuel Macron a réuni les maires victimes d'exactions il y a 48h, c'est un premier pas, mais il va falloir institutionnaliser cette manière de travailler en commun et se concerter avant de faire des annonces".

Recevant le pacte, Olivier Klein se donne le temps de la réaction. "Nous allons travailler avec toutes les associations d'élus, lors de réunions qui vont avoir lieu à la rentrée", explique-t-il à Localtis. Le ministre a décliné lors de son intervention les pistes qui s'esquissent en matière du plan Quartiers 2030, dont Emmanuel Macron a commencé à parler lors de sa visite à Marseille la semaine dernière mais qui n'ont pu être détaillées lors du comité interministériel de la ville qui a suivi, du fait des émeutes. Ces pistes traitent de l'entrepreneuriat dans les quartiers, de l'école avec la scolarisation précoce dès 2 ans, l'ouverture des collèges étendue entre 8h et 18h et la généralisation des cités éducatives. Le ministre compte aussi beaucoup sur les contrats de ville, qu'il souhaite voir construits par les élus et les habitants. Questionné sur le droit à l'accès à la santé, à la sécurité et au logement, pas toujours respectés dans les quartiers, le ministre a cité les maisons France services, les maisons de santé, ainsi que la question de la médiation, sans donner pour le moment de véritables réponses concrètes.

Une dégradation colossale de l'accès aux soins

Ces questions font partie des éléments envisagés de manière négative par les Français, d'après le baromètre Ifop réalisé pour Villes de France et présenté le 6 juillet par Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies d'entreprise de l'institut. Si les difficultés d'accès à l'emploi sont en recul (35% en 2020, 30% en 2023, soit 5 points en moins), l'accès au logement et à la santé se dégrade. Côté santé, en 2020 28% des Français n'étaient pas satisfaits de l'accès aux soins, ils sont 45% à l'heure actuelle. "Il y a une augmentation de 17 points en trois ans, c'est colossal, a souligné Jérôme Fourquet, la dégradation est très rapide". Les prix de l'immobilier sont quant à eux considérés comme non accessibles par 56% des Français, contre 49% en 2020.

 

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