Vues du Québec : la formation des coordonnateurs des "Tables de quartier" renforce l'action sociale

Depuis 2006, avec l’essor des "Tables de quartier " c’est une vraie dynamique de concertation locale qui se développe à Montréal, soutenue par des partenaires publics et privés. Ces Tables, lieux d’action associatifs, associent partenaires "communautaires" (voir encadré), municipaux, institutionnels et privés de même que des citoyens cherchant à améliorer la qualité de vie des habitants et lutter contre la pauvreté à l’échelle de chaque quartier.

Mairieconseils.net publie un ensemble d’articles pour illustrer l’expérience québécoise (lire encadré Vues du Québec).

Depuis sept ans, les 29 Tables de quartier de Montréal participent toutes d’un même cadre de référence, celui de "l’Initiative montréalaise de soutien au développement social local", financée par la fondation Centraide du Grand Montréal, la direction de santé publique de Montréal et la ville de Montréal (voir encadré). Elles sont devenues les portes d’entrée de l’action sociale collective dans les quartiers.

Evénements festifs, soutien à l’embauche locale, création d’espaces collectifs

"Tous les trois à cinq ans, chaque Table de quartier élabore un plan d’actions qui guidera le travail collectif des années suivantes" précise Nathalie Fortin, présidente de la Coalition montréalaise des Tables de quartier. Dans le cadre de cette démarche participative, les différents acteurs -élu, organisme associatif, institution, citoyen- ont le même poids. Ce plan, mis en œuvre par les divers partenaires et coordonné par la table, regroupe différents types d’actions : des "petites" actions comme l’organisation d’un évènement festif, des projets plus conséquents telle qu’une entente avec les employeurs du quartier pour favoriser l’embauche locale, ainsi que des actions concertées de long terme comme la transformation d’un ilot de logements dégradés en nouvel espace de vie avec services. Les Tables de quartier sont également des plates-formes d’information pour renseigner les habitants ou les institutions sur les services existants sur le quartier. Elles ont enfin un rôle de mobilisation des citoyens : leurs "agents de mobilisation citoyenne" peuvent aller jusqu’à outiller des groupes d’habitants ayant des revendications à porter devant les élus.

Face à la progression de l’action collective, de nouveaux besoins

"Au fil du temps, les Tables sont devenues les principaux espaces consacrés au développement social local où l’on prend des décisions collectives" selon la présidente. Au-delà des politiques sectorielles, l’action collective concertée est désormais considérée comme un moyen d’intervention efficace pour répondre aux grands défis sociaux : pauvreté, exclusion sociale, vieillissement. Conséquence de ce succès : les initiatives se multiplient, la tâche est conséquente, et le travail de concertation prend de plus en plus de temps. "Les coordonateurs se sentent parfois très seuls à prôner l’intérêt collectif face aux intérêts individuels ou institutionnels", souligne la présidente de la coalition montréalaise des Tables de quartier. D’où l’idée de renforcer leur capacité de leader dans ce contexte de mobilisation collective afin qu’ils puissent mieux accompagner les acteurs du quartier dans une direction commune.

Former au "Leadership RassembleurMC (1)" pour amplifier le mouvement collectif

La fondation Centraide du Grand Montréal - en partenariat avec l’organisme Dynamo –Ressource en mobilisation des collectivités - propose ainsi depuis 2007 la formation "Leadership Rassembleur" aux coordonnateurs de Tables, mais aussi aux directeurs d’organismes communautaires (voir encadré) qu’elle subventionne. En cinq ans, près de 100 personnes en ont bénéficiées. Formés à une meilleure compréhension des positionnements des différents acteurs de la concertation, les coordonateurs sont également amenés à mettre en place des outils d’animation novateurs. Cette formation permet aussi de développer le réseau et tisse un maillage d’acteurs à l’échelle de la ville.

L’approche novatrice de cette formation- adaptée à un contexte de concertation-, et l’expérience désormais bien ancrée des Tables de quartier intéressent aujourd’hui au-delà du territoire montréalais. Dynamo – Ressource en mobilisation des collectivités effectue ainsi actuellement un tour des villes et villages du Québec, financé par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité Sociale, pour repérer leurs besoins de formation au travail collectif.

Claire Lelong pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 

 

 (1) Leadership Rassembleur est une marque de commerce enregistrée propriété de Centraide du Grand Montréal, cette marque de commerce est employée sous licence. ©2010 Centraide du Grand Montréal. Tous droits réservés.

L’action "communautaire" au Québec
Le milieu communautaire est très présent au Québec, le terme "communautaire" faisant référence à une notion très large, et notamment à la communauté de proximité. Ce secteur associatif propose à la population de nombreux services sociaux, qui en France sont souvent assurés par les collectivités locales. Il véhicule également la notion de "pouvoir d’agir de la population" sur ce qui la concerne (empowerment), dans l’esprit des mouvements sociaux des années 70.

Historique et financement des 29 Tables de quartier
Les 29 Tables de quartier de Montréal ont été créées soit durant les années 70 comme lieux d’action associative, soit dans les années 90 dans la mouvance "Villes Santé" de l’Organisation mondiale de la santé. Organismes sans but lucratif elles regroupent à l’échelle locale les organismes communautaires agissant notamment sur le logement, la petite enfance, l’emploi, les personnes âgées, les institutionnels comme les écoles du quartier, les centres locaux d’emploi (sortes de Pôles Emploi), la police de quartier, les centres de santé et de services sociaux (qui assurent des services du type de ceux délivrés par les conseils généraux en France), les citoyens et, la plupart du temps, les élus d’arrondissement. Elles sont financées à hauteur de 100.000 $ (75.0000 euros) par an par trois partenaires : Centraide du Grand Montréal (équivalent de la Fondation de France), la ville de Montréal et la Direction de santé publique (représentation régionale du ministère de la Santé et des services sociaux québécois). La Coalition montréalaise des Tables de quartier, qui regroupe les 29 Tables, est également membre à part entière du dispositif et participe à la conception et l’évolution du cadre de référence.

Vues du Québec
Fondations, organismes sans but lucratif (OSBL), coopératives, acteurs communautaires… une multitude de structures assurent les services et projets d’intérêt collectif au Québec. Plusieurs d’entre eux bénéficient de subventions publiques gouvernementales ou municipales.
A la croisée de ces multiples acteurs, le Québec a développé une capacité à articuler acteurs publics ou d’intérêt collectif et citoyens dans une démocratie participative portée par la notion d’empowerment (pouvoir d’agir), très présente sur le continent américain. L’aspect communautaire n’est jamais bien loin non plus, les personnes se regroupant par intérêt commun pour porter une cause sur le devant de la scène.
Mairieconseils.net publie un ensemble d’articles pour illustrer l’expérience québécoise. Quel que soit les sujets : jeunesse, école, culture, logement, personnes âgées ou funéraire, ces expériences peuvent être sources d’inspiration pour le développement local en France.

Coalition montréalaise des Tables de quartier

5350 rue Lafond
H1X 2X2 Montréal (Québec)
cmtq@cdcrosemont.org

Nathalie Fortin

Présidente

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