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Abandon d'Europacity : la région Île-de-France lance un "plan d'urgence" pour le Val-d'Oise

Alors que l'abandon du projet Europacity a été acté par Emmanuel Macron au début du mois, la présidente de la région Île-de-France a lancé le 21 novembre un "plan d'urgence" d'un milliard d'euros pour le Val-d'Oise où devait être implanté le projet. Valérie Pécresse demande à l'État de s'engager, notamment sur le maintien de la ligne 17 dont la justice vient de décider de suspendre les travaux pendant un an...

Près d'un milliard d'euros d'investissement dans le Val-d'Oise. C'est le plan d'urgence que Valérie Pécresse a annoncé le 21 novembre 2019 pour compenser l'abandon d'Europacity acté le 7 novembre 2019 par Emmanuel Macron à l'occasion du troisième conseil de défense écologique. Un abandon dont "les conséquences sociales sont incalculables" d'après la présidente de la région Île-de-France. Car si le projet a suscité de nombreuses critiques et batailles, portées notamment par le Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG), pour son gigantisme (mégacomplexe de commerces et de loisirs) et les risques qu'il faisait planer sur le commerce de proximité et la consommation de terres agricoles (80 hectares de terres étaient concernées), chiffré à 3,1 milliard d'euros, il représentait un enjeu important en termes de développement économique et d'emplois.
Le plan de la région sera soumis à concertation. Il a été finalisé lors du conseil régional d'Île-de-France, jeudi 21 novembre, avec la présidente du conseil départemental du Val-d'Oise, Marie-Christine Cavecchi (LR). "La présidente du Val-d'Oise que je suis a le sourire ce matin, car depuis dix jours nous prenons des coups sur la tête, on avait confiance, on partait sur l'avenir, on avait donné à ce territoire un avenir et de l'espérance et depuis dix jours, terminé, tout est fermé, le mur est fermé et baissé", a réagi à cette occasion Marie-Christine Cavecchi, saluant l'action de Valérie Pécresse.

Une confirmation du maintien de la ligne de métro 17

Le plan prévoit un catalogue de mesures sur les volets transport, industrie, culture, formation mais aussi des demandes vis-à-vis de l'État.
Premier axe : le transport. Sur le sujet, la présidente attend un engagement écrit de la part de l'État pour confirmer la réalisation de la ligne de métro 17 du Grand Paris Express d'ici 2027, alors que le tribunal administratif de Montreuil a décidé vendredi 22 novembre de suspendre pendant un an les travaux. Cette ligne, qui doit relier Saint-Denis-Pleyel au Mesnil-Amelot en Seine-et-Marne était étroitement liée au projet Europacity, les visiteurs devant constituer la majorité des usagers... La démarche de la région est de s'assurer que même sans le projet, la ligne persistera. "La suspension de travaux pour douze mois risque fortement d'affecter le calendrier de livraison", s'est inquiétée la CCI de Paris, lundi, faisant valoir que la ligne doit aussi desservir le parc des expositions de Villepinte "qui accueille plus de deux millions de visiteurs par an".

La région demande aussi la sanctuarisation de la gare du Triangle de Gonesse, seule du Val-d'Oise permettant aux habitants de rejoindre rapidement Paris et la plateforme aéroportuaire de Roissy.
La région demande aussi à l’État de s’assurer que le RER nouvelle génération (NG), dont il a la tutelle, arrivera sur toutes les branches du RER D d’ici 2021. Elle s'engage de son côté à faire réaliser le prochain T11 express ouest. Le projet, qui s'élève à 800 millions d'euros, doit permettre de créer un arc de desserte interbanlieue entre Le Bourget, Epinay, Argenteuil et Sartrouville. Valérie Pécresse a également annoncé un grand plan de transport à la demande dès 2020 dans le Vexin, avec le développement d'expérimentations de covoiturage citoyen en milieu rural pour les trajets du quotidien. 

Un diagnostic partagé et indépendant de la qualité des sols

La région veut agir sur l'aménagement et l'environnement du territoire. "Nous sommes tous encore sous le choc des annonces de l'abandon d'Europacity, et nous souhaitons partir d'un diagnostic partagé et indépendant sur la situation du Triangle de Gonesse", a indiqué Valérie Pécresse, lors d'une conférence de presse, jeudi. Pour cela la présidente va faire réaliser par Grand Paris Aménagement une évaluation par un cabinet indépendant de la qualité des sols. "Par ailleurs, nous voulons une réflexion d'ensemble sur les investissements privés économiques dans le Val-d'Oise", a-t-elle précisé, soulignant qu'aucune carte à jour des friches industrielles dans lesquelles les investisseurs pourraient se positionner n'était disponible. Pour ce faire, le plan régional "Friches" qui vient d'être voté et qui est doté d'un million d'euros, sera ciblé prioritairement sur le Val-d'Oise. Le plan est destiné à atteindre la zéro artificialisation nette des sols, à travers un recensement des terres existantes et la mobilisation de financement pour en récupérer.
Côté formation, la région prévoit la création d'un nouveau lycée international et d'un internat d'excellence, la création d'un centre de formation d'apprentis (CFA) sur les métiers du numérique et le développement d'un campus des métiers de la sécurité.

Valérie Pécresse souhaite aussi travailler sur le volet culturel pour le territoire. Au total, elle compte mobiliser 20 millions d'euros pour mettre en place une "nouvelle ambition culturelle pour le département", dont 12 millions d'euros pour la rénovation et la construction de nouveaux lieux de culture, 4 millions pour le patrimoine et 4 millions en faveur de la politique du livre et de la lecture.
Elle propose enfin à l'État de décentraliser la nouvelle Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) à Villiers-le-Bel. "Ce serait un signal fort pour l’État que d’aller s’installer dans le Val-d’Oise", a affirmé Valérie Pécresse. Devant les 2.000 maires invités à l'Élysée en novembre 2018, Emmanuel Macron s'était déclaré d'accord pour installer l'agence "hors de Paris". "Ce serait un signe très fort", avait-il souligné, évoquant un appel à projets.