Urbanisme - Agences d'urbanisme : une rencontre nationale sous le signe des "campagnes urbaines"
"Les campagnes urbaines, un avenir à bâtir" : c'est ce "bel oxymore" comme l'a qualifié Claude Raynal, vice-président de la Fédération nationale des agences d'urbanisme (Fnau), qui a été choisi comme thème de la 34e Rencontre nationale de ces agences du 11 au 13 septembre à Amiens. Tables rondes, visites de terrain et ateliers s'attacheront à "explorer la question de la complémentarité urbain/rural". Le développement du périurbain est "un sujet qui nous agite tous au moment où nous réfléchissons sur ce que sont les métropoles", assure Claude Raynal, également président de l'agence d'urbanisme du territoire Toulouse aire urbaine. Il s'agit de voir "comment, ces territoires périurbains, dans un moment où les moyens des collectivités territoriales sont plutôt en diminution, peuvent se constituer et comment ils peuvent avoir des projets avec les villes auxquelles ils s'agrègent". Souvent stigmatisés, ils constituent en effet un "enjeu fondamental", insiste Claude Raynal, car ils accueillent une population de plus en plus nombreuse et la question des services aux habitants est devenue essentielle. "Les territoires périurbains sont aujourd'hui des lieux de critiques, qui font l'objet de stéréotypes", ils sont regardés de façon "un peu condescendante", estime pour sa part Gilles Demailly, président de l'Agence de développement et d'urbanisme du Grand Amiénois (Aduga). "Sur le Grand Amiénois, qui compte 340.000 habitants, on a fait le postulat de la complémentarité entre les territoires urbains et périurbains, et même ruraux", explique-t-il. La rencontre nationale organisée chaque année par la Fnau sera aussi "l'occasion de faire mieux connaissance avec un territoire", souligne Jérôme Grange, directeur de l'Aduga, estimant qu'Amiens est "une grande ville française injustement méconnue".
En ouverture, deux tables rondes viseront à saisir la réalité de ces espaces périurbains et à tenter de savoir si les campagnes urbaines constituent une "fracture" ou "un système". La deuxième journée sera consacrée aux ateliers. Au nombre de 27, ils seront de quatre types, avec une nouveauté. Outre des ateliers visites permettant de découvrir la ville et ses projets - reconversion de la Citadelle, hortillonages, projet Gare-la-Vallée –, il y aura des ateliers "débat", temps d'écoute avec des intervenants spécialistes d'une thématique ou porteurs d'une expérience en lien avec celle-ci, des ateliers "métiers", lieux de partage entre professionnels sur les savoir-faire de différents champs disciplinaires présents dans les agences et, pour la première fois cette année, des ateliers "production". "Il s'agit de réunir une quinzaine de personnes et de les faire réfléchir pendant toute une journée sur une thématique pour avoir des idées nouvelles à l'issue", indique Jérôme Grange. La dernière demi-journée sera consacrée aux "leviers d'action" et aux "mobilisations des acteurs pour bâtir l'avenir des campagnes urbaines". Les débats seront conclus par Vincent Feltesse, président de la communauté urbaine de Bordeaux et président de la Fnau avec Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique, social et environnemental et Eric Delzant, délégué interministériel à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale.
Pour Martin Vanier, géographe, professeur à l'Institut de géographie alpine de l'université Joseph Fourier Grenoble-1 (Isère), qui participera à cette 34e rencontre, "la société contemporaine ne se reconnaît plus dans l'opposition [urbain/rural], elle veut avoir accès aux deux et ne pas choisir son camp", ce qui est rendu possible par la mobilité. En amont des trois jours de rencontre, il préconise de "faire attention à trois choses". "Ne pas cultiver l'éternelle polémique très vivante et très active" sur le périurbain, "entreprendre ce sujet sur le mode du projet" et veiller à "saisir la diversité des 'campagnes urbaines'".
