Avec "Osez l'IA", le gouvernement veut convaincre les entreprises de sauter le pas

Ce mardi 1er juillet 2025, le gouvernement lance l'opération "Osez l'IA" pour pousser les entreprises à adopter l'intelligence artificielle. Car si la technologie est désormais bien identifiée, elle reste peu utilisée par les PME. Sensibiliser, former et financer des diagnostics et des projets de rupture sont les trois axes de ce plan doté de 200 millions d'euros.

Seulement 8% des très petites entreprises (TPE) et 13% des petites et moyennes entreprises (PME) utilisent aujourd'hui une solution d'IA et à peine 28% des dirigeants de TPE considèrent l'IA comme stratégique pour leur activité. Cette frilosité constatée par BPI France dans ses enquêtes (lire l'encadré ci-dessous) contraste avec le potentiel transformateur de l'IA identifié par de nombreuses études sectorielles. Celles-ci font de l'IA un vecteur majeur de la croissance économique de la prochaine décennie, permettant aux entreprises de gagner du temps, d'optimiser leur logistique, d'innover plus rapidement, d'automatiser les tâches répétitives ou d'améliorer la relation client.

Généraliser l'usage de l'IA

C'est sur la base de ces constats que le gouvernement a pensé la campagne "Osez l'IA". Lancée le 1er juillet à Bercy, celle-ci a pour slogan, "l'IA, ce n'est pas pour demain, c'est pour maintenant".  L'exécutif veut qu'à l'horizon 2030, les niveaux d'adoption de l'IA soit de 100% pour les grandes entreprises, 80% pour les PME et entreprises de taille intermédiaire et 50% par les TPE. Concrètement, le plan joue sur deux leviers : - expliquer ce à quoi sert l'IA dans chaque secteur et aider les entreprises à savoir par où commencer. Il se décline autour de trois axes.

300 "ambassadeurs IA"

Le plan prévoit la mobilisation de 300 "ambassadeurs IA" - chefs d'entreprise, experts et figures publiques issus de l'agriculture, de l'industrie, de la culture ou du sport - pour promouvoir les opportunités sectorielles de l'IA. Une opération nationale sera déployée dans les Chambres de commerce et d'industrie (CCI), avec l'objectif d'accompagner 20.000 entreprises dès 2025. Des rencontres sectorielles de "matchmaking IA" permettront de faire se rencontrer entreprises et fournisseurs de solutions. Des débats sur l'IA seront enfin organisés avec l'appui de la plateforme Make.org pour débattre de l'impact économique et social de l'IA.

D'ici la fin de l'année, l'État lancera l'Académie de l'IA, une plateforme en ligne gratuite proposant des formations et tutoriels adaptés à chaque public : artisans, TPE, PME, directions générales, agents publics. L'ambition affichée : former 15 millions de professionnels d'ici 2030 en mobilisant les dispositifs existants (CPF, VAE, France Travail, Inria). Des certifications spécifiques seront créées et référencées sur MonCompteFormation

5.000 "diagnostics Data-IA"

Le gouvernement annonce 200 millions fléchés pour "lever les freins à l'investissement". Il s'agit notamment de réaliser 5.000 "diagnostics Data-IA" cofinancés par l'Etat à hauteur de 40% pour les PME et entreprises de taille intermédiaire. Un fonds de garantie bancaire facilitera par ailleurs le financement de projets IA, jusqu'à 500.000 euros sur dix ans. Enfin 100 millions d'euros sont affectés au financement de projets d'entreprises sur des technologies de rupture (robotique, industrie, santé, transition écologique…) 

Catalogue de solutions et cas d'usages

Le catalogue de solutions IA, lancé lors du Sommet mondial de l'IA de février, va par ailleurs être mis en ligne. Celui-ci valorise les solutions d'IA créées par des acteurs français ou européens, classées par usages et par secteurs d'activité. Les lauréats de l'AMI "IA générative" – proposant des cas d'usage reproductibles dans l'éducation, la santé, les médias, le droit ou l'industrie – seront également valorisés.

Afin d'irriguer l'ensemble du territoire et de toucher un large public, l'opération s'appuie sur les réseaux existants - CCI, French Tech, Bpifrance, directions régionales de l'économie (DREETS), Inria…  avec deux événements organisés chaque mois dans les territoires.

› Le retard des entreprises françaises en matière d'IA

Après une première étude sur les PME/TPE constatant que moins d'un tiers des PME/TPE utilisaient l'IA générative, BPI France a publié début juin une seconde étude sur les PME/ETI et l'IA.
Celle-ci montre que si 58% des dirigeants considèrent l'IA comme "un enjeu de survie", les PME et ETI françaises accusent un retard significatif avec seulement 32% qui utilisent effectivement l'IA, soit deux fois moins que leurs homologues allemandes et américaines. Les entreprises restent par ailleurs majoritairement en "phase exploratoire", privilégiant des solutions gratuites (54% des utilisateurs) et seuls 43% des dirigeants ont formalisé une stratégie IA pour leur entreprise.
Ce retard trouve pour partie son origine dans une digitalisation tardive des entreprises tricolores. Celle-ci, avec la formalisation des processus de collecte et de traitement des données constitue un préalable à l'exploitation du plein potentiel de l'IA. Or, un quart des entreprises n'a pas effectué ce travail selon l'étude, un chiffre quasi stable depuis 2017.

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis