Réforme territoriale - Beaucoup de Français restent peu convaincus par la nouvelle carte des régions

59% des habitants des régions qui vont fusionner redoutent une perte d'identité locale, indique un sondage TNS Sofres pour l'IGTD. Les réponses varient naturellement beaucoup d'une région à l'autre.

A moins de trois mois de sa mise en œuvre, le passage de 22 à 13 régions suscite toujours beaucoup de réticences dans l'opinion publique. Selon un sondage TNS Sofres pour l'Institut de la gouvernance territoriale et de la décentralisation (ex-Institut de la décentralisation), 37% des Français considèrent que la réforme est une "mauvaise chose". Parmi eux, 15% jugent même qu'elle est une "très mauvaise chose". Les Français répondant à l'inverse que le nouveau découpage sera "une bonne chose" ne sont que 27%, à quasi égalité avec la proportion des Français estimant que ce n'est "ni une bonne ni une mauvaise chose" (28%).
Dans les 16 régions qui vont fusionner, les supporters de la réforme sont encore moins nombreux (29%), tandis que les opinions négatives grimpent à 40%, selon ce sondage dévoilé ce 6 octobre. Mais les réponses varient fortement d'une région à l'autre. Dans la future région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, 57% des répondants considèrent que la fusion sera négative (avec seulement 20% d'opinions positives). A l'inverse, les Normands jugent à 46% que la fusion de la Basse et de la Haute-Normandie est "une bonne chose" (contre 22% estimant que c'est "une mauvaise chose").
A l'origine des opinions négatives sur les regroupements de régions : la crainte d'une perte d'identité régionale et d'une moins bonne prise en compte des besoins des populations. Celle-ci est exprimée par une large majorité des habitants des régions concernées par les fusions. Les habitants des ensembles Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine sont ceux qui expriment sur ces sujets les plus fortes craintes. Ce qui pour cette dernière région ne surprend guère, tant l'opposition des habitants et des élus, en tout cas en Alsace, avait été vive durant les débats parlementaires sur le projet de nouvelle carte des régions.

Un intérêt modéré pour les élections régionales

Bien que la nouvelle carte soit ici ou là assez mal perçue, 46% des habitants des futures grandes régions reconnaissent qu'elle va accroître la capacité du territoire à attirer des investisseurs. Ils sont même 56% à considérer que le territoire aura une plus grande capacité à porter des grands projets.
Interrogés sur l'idée qui consisterait à reconnaître aux régions une autorité sur les autres collectivités locales (département et communes) situées sur leur territoire, les Français se prononcent majoritairement pour (contre 34% qui la désapprouvent). Ce résultat contraste avec les positions très fermes exprimées par les associations de maires - ou les élus départementaux - en faveur du principe constitutionnel de non tutelle d'une collectivité sur une autre. Sur l'existence de lois régionales s'appliquant uniquement dans leur région, les Français sont plus partagés (46% y sont favorables et 45% y sont défavorables).
Début septembre, c'est-à-dire au moment de la réalisation du sondage, seulement 60% des Français étaient au courant de l'organisation en décembre prochain des élections régionales et 45% déclaraient s'y intéresser.
Autre enseignement du sondage concernant les élections régionales : une large majorité des habitants concernés par les fusions de régions (63%) accordent de l'importance au fait que le futur président de leur nouvelle région soit originaire de leur ancienne région. Parmi eux, 33% y accordent même beaucoup d'importance. Les habitants des régions Normandie et Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine sont particulièrement sensibles à ce sujet.