Collectivités et aménageurs face au défi de la transition écologique
A l'occasion de la 5e Rencontre du Réseau national des aménageurs organisée ce 6 juillet à Paris, différents acteurs de l'aménagement sont venus, lors d'une table ronde sur "l'aménagement pour accélérer les transitions environnementales", présenter leur approche à ce sujet et des projets exemplaires en la matière.
"Elus et aménageurs : osons ensemble le projet urbain", tel était le thème de la 5e Rencontre du Réseau national des aménageurs organisée le 6 juillet à la Maison de la chimie à Paris. Lors d'une table ronde sur "l'aménagement pour accélérer les transitions environnementales", les participants ont évoqué les relations entre collectivités et aménageurs autour de projets en cours de réalisation. "L'adaptation de nos villes et l'atténuation du changement climatique sont devenus des enjeux incontournables pour tous, a fait valoir Pascal Berteaud, directeur général du Cerema et animateur de la séquence, en préambule. Les collectivités et les aménageurs sont en première ligne face à ces défis".
A Rouen, le quartier Flaubert, en cours de réalisation sur la rive gauche de la Seine, a été mis en exergue par Fatima El Khili, adjointe à l'urbanisme de la ville. Cette ZAC pilotée par Rouen Normandie aménagement a été créée pour reconvertir 90 ha de friches industrialo-portuaires. Après la reconquête des quais avec la mutation d'anciens entrepôts en bâtiments de bureaux ou culturels, ce sont les constructions de logements et de bureaux qui ont débuté. Le site doit aussi accueillir 30 ha de nature, dont un parc et une forêt tampon avec la zone industrielle limitrophe, ce qui a nécessité de désimperméabiliser et de renaturer. 300.000 m3 de terres ont été acheminées d'un chantier autoroutier à proximité pour les besoins du projet.
Fatima El Khili a listé par ailleurs différentes exigences posées aux promoteurs en termes de matériaux biosourcés, d'usage du réseau de chaleur ou de production d'énergie renouvelable sur place. "Notre objectif est de faire un quartier dans lequel la place de la voiture est limitée", a également indiqué l'élue, rappelant que Rouen a commencé à appliquer une zone à faibles émissions-mobilité (ZFE-m). Autant d'objectifs pour lesquels la Métropole a pu s'appuyer sur un aménageur qui a lui a apporté des solutions techniques face à ces "enjeux complexes".
"Accélérateur des transitions" en Mayenne
Un rôle qu'entend jouer aussi Laval Mayenne aménagement. L'outil d'aménagement du département, composé d'une SEM et d'une SPL, constitue en effet un "centre de ressources pour les collectivités afin de les conseiller sur les nouveaux enjeux", a expliqué Jean-Marc Besnier, le directeur général. "Nous nous positionnons comme animateur des complexités, accélérateur des transitions, avec des compétences transversales", a-t-il ajouté. L'expertise de la structure a notamment été sollicitée pour l'écoquartier Ferrié à Laval, un ancien site militaire où il s'agissait de "refaire la ville sur la ville".
"Nous évitons au maximum de déconstruire", a souligné Jean-Marc Besnier. Valorisation de l'existant, densification raisonnée, désimperméabilisation maximum, appui sur le réseau de chaleur, tels ont été les principes qui ont prévalu pour programmer l'opération. Le quartier doit aussi être "productif", avec la présence de vergers et de jardins partagés.
Marseille ouverte aux innovations
"Reconquérir la ville" est également l'objectif de l'EPA Euroméditerranée, maître d'ouvrage de l'opération du même nom à Marseille. Lancé en 1995, le projet visait notamment à détruire l'autoroute qui coupait la ville et mener un travail de "couture urbaine au sein du tissu industriel" pour attirer des habitants, a expliqué Aurélie Cousi, la directrice générale de l'aménageur. Pour "répondre au défi de la densité" tout en prenant en compte la nécessaire transition environnementale, l'idée a été de bâtir en hauteur pour dégager des espaces de nature au sol.
Pour produire de la chaleur ou du froid, l'EPA s'est appuyé sur des opérateurs privés pour développer des boucles de thalassothermie en s'appuyant sur la présence de la mer. Des bassins d'expansion des crues ont été aménagés par ailleurs dans un parc et un ruisseau va être renaturé. Aurélie Cousi présente le site comme un "terrain d'expérimentation pour les acteurs innovants", alors que différents matériaux ont par exemple été testés pour l'infiltration des eaux de pluie. "Les questions d'écologie sont devenues transpartisanes et, comme aménageur, nous n'avons pas de difficulté à trouver des consensus sur ces sujets", a signalé la directrice générale.
Une zone "ensauvagée" préservée au Vésinet
Henri Bava, urbaniste fondateur de l'Agence TER, est, lui, venu présenter plusieurs projets sur lesquels il a travaillé, dont les points communs sont notamment de limiter la place de la voiture et d'ouvrir le sol à la biodiversité. A Strasbourg, un corridor de biodiversité a été imaginé pour traverser le programme de mutation du port fluvial et connecter les forêts situées au nord et au sud de la ville. Au Vésinet (Yvelines), les constructions ont été imaginées autour du patrimoine arboré du parc Princesse, où une zone "ensauvagée" sera préservée. A Besançon, des écologues ont été mobilisés pour préserver et développer la biodiversité dans une opération sur les rives du Doubs. Et c'est aussi la biodiversité qui était au centre du projet de La Jallère à Bordeaux, sur un marais inondable.
Autant d'exemples qui sont venus confirmer que les aménageurs se saisissent du sujet de la transition écologique et que les approches et solutions ne manquent pas pour réduire les émissions de carbone des nouveaux quartiers.