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Collèges français : un grand écart sociologique et géographique

La dernière note de la direction de l'Evaluation, de la Prospective et de la Performance porte sur les collèges français. On y apprend que les établissements sont marqués par d'importants écarts sociaux, et que ces différences sont très mal réparties sur le territoire.

On serait bien en peine de dresser le portrait-robot d'un collège français en ce début d'année 2020. C'est en substance ce que démontre la dernière note d'information de la direction de l'Evaluation, de la Prospective et de la Performance (Depp) du ministère de l'Education nationale. Mise en ligne le 29 janvier, cette note, intitulée "Six types de collèges différenciés par la population accueillie et la situation géographique", dresse un tableau très hétérogène des quelque 7.000 collèges français publics et privés sous contrat. Comme l'explique la présentation de la note, "certains se caractérisent par une forte homogénéité sociale ; d’autres se distinguent par une certaine mixité. Certains, implantés en territoire rural, scolarisent un petit nombre d’élèves ; dans d’autres, le nombre d’élèves dépasse le millier". 
Toutefois, à partir de variables décrivant l’effectif, l’origine sociale et le niveau scolaire des élèves accueillis et, enfin, la situation géographique, une typologie a été réalisée qui distingue donc six types d'établissements : les collèges très favorisés et de taille importante (7% des établissements et 11% des élèves), les collèges plutôt favorisés (27% des établissements et près de 30% des élèves), les collèges plutôt mixtes socialement (22% des établissements et 25% des effectifs), les collèges plutôt éloignés et de petite taille (23% des établissements et 13% des collégiens), les collèges plutôt défavorisés (15% des établissements et 15% des élèves) et les collèges très défavorisés (7% des établissements et 6% des élèves). Et les auteurs de la note de préciser que "ces six groupes se répartissent de manière hétérogène sur le territoire".

Les communes très denses favorisées

Parmi les informations révélées par la note, on remarque tout d'abord que l'effectif moyen des collèges français se situe à 472 élèves. Par ailleurs, on observe un lien entre le caractère favorisé d'un collège et son effectif : plus les effectifs sont importants, plus les collèges sont favorisés. Les collèges "très favorisés et de taille importante" présentent ainsi un effectif moyen de 711 élèves accueillis (avec un maximum de 1.840) et le groupe des établissements "plutôt favorisés" compte 526 élèves en moyenne. L'explication de ce lien est à chercher du côté de la géographie. En effet, 94% des collèges "très favorisés et de taille importante" se situent dans des communes urbaines denses ou très denses, et leur indice d'éloignement est le plus faible de l'ensemble (-1,8). Il est également à noter que les trois quarts de ces collèges appartiennent au secteur privé, contre un quart des collèges publics.
Quant aux groupes "plutôt défavorisés" et "très défavorisés", ils présentent des effectifs moyens respectifs de 483 et 455 élèves et des indices d'éloignement moyens. Les établissements présentant l'effectif moyen le plus faible (270 élèves) possèdent pour leur part l'indice d'éloignement de très loin le plus élevé (3,4).
Les collèges favorisés se distinguent ensuite par un taux d'élèves boursiers nettement en dessous des 25,9% de moyenne nationale. Les collèges "très favorisés et de taille importante" n'accueillent que 5,6% de boursiers, un taux qui monte à 13,3% dans les établissements "plutôt favorisés". Une seule catégorie de collèges compte une majorité de boursiers : les établissements "très défavorisés", avec 63,9%. 
Quant à l'indice de position sociale (construit à partir de la profession des représentants légaux des élèves, dont la moyenne s'établit à 102), il suit parfaitement les catégories dessinées par la Depp : les collèges "très favorisés et de taille importante" affichant la valeur la plus haute (134), tandis que les établissements "très défavorisés" sont à 71.

Une géographie hétérogène

Dernière interrogation à laquelle répond la note : les différents types d'établissements sont-ils répartis de façon homogène sur le territoire ? A cela, la Depp répond sans ambiguïté : "Les départements de Paris, les Hauts-de-Seine et les Yvelines accueillent une proportion élevée d’établissements très favorisés et de taille importante tandis que les collèges plutôt favorisés, caractérisés par une implantation plus large, sont plus fréquents dans l’Ouest métropolitain, en Seine-et-Marne, dans le Bas-Rhin et dans les académies de Lyon et de Grenoble." 
Quant aux collèges plutôt mixtes socialement, on les retrouve surtout dans le Sud-Est et, plus ponctuellement, dans l’Eure et le Haut-Rhin. Les collèges plutôt éloignés et de petite taille sont en toute logique très présents dans les départements les plus ruraux, en particulier sur la diagonale qui s’étend des Ardennes aux Pyrénées-Atlantiques. Enfin, le Nord, le Pas-de-Calais, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et les DOM rassemblent la majeure partie des établissements plutôt défavorisés et très défavorisés.