Décentralisation, finances, industrie… Les villes moyennes en piste pour 2024

La cérémonie des voeux de Villes de France a été l'occasion pour ses représentants de dresser trois priorités pour 2024 : le nouvel acte de décentralisation, le rééquilibrage des dotations et la réindustrialisation à laquelle il manque une dimension d'aménagement du territoire.

Invitée sous les ors des locaux de la Fédération nationale des Caisses d'Epargne pour sa cérémonie de vœux, l'association Villes de France aborde l'année avec des "points de vigilance", a déclaré son président délégué Jean-François Debat, mercredi 17 janvier. A commencer par le chantier de la décentralisation rouvert par Emmanuel Macron qui a chargé le député de l’Oise Eric Woerth (Renaissance et ex-LR) d'une mission dans ce sens. "Nous avons déjà donné", prévient le maire de Bourg-en-Bresse, demandant que les moyens humains et matériels nécessaires accompagnent tout nouveau transfert de l'Etat aux collectivités. "On ne prône pas le grand soir, on a besoin de stabilité", a ajouté le président de Villes de France, Gil Avérous, un peu plus tard, lors d'un point presse, précisant que l'association allait revoir Eric Woerth "dans les prochaines semaines" pour en discuter. "Notre leitmotiv sur le fonctionnement Etat/collectivités : on défend bec et ongles le couple maire/préfet", a-t-il insisté.

L'association qui représente des villes et intercommunalités de 10.000 à 100.000 habitants avait déjà eu l'occasion, le mois dernier, d'adresser ses revendications sur la décentralisation de la politique du logement à l'ancien ministre Patrice Vergriete qui travaillait à un projet de loi annoncé pour le premier semestre 2024 (voir notre article du 7 décembre). Sans avoir pour le moment eu vent de ce texte, elle plaide pour "une décentralisation à la carte qui réponde aux attentes des élus", avec les effectifs correspondants.  Mais "transférer du personnel ne se fait pas comme cela", insiste Gil Avérous qui reconnaît que le gouvernement est confronté à un dilemme : une telle réforme demande du temps, alors que le logement est dans une situation "très difficile" et qu'il y a "urgence" à agir.

"Nous demandons un cycle de dotation qui suive l'évolution de l'inflation"

Concernant l'organisation territoriale "tout est ouvert à la réflexion", assure Gil Avérous, que ce soit pour la composition des départements ou encore l'élection des représentants des intercommunalités... "Nous sommes favorables aux intercommunalités, mais cela ne doit pas se faire au détriment des maires", affirme-t-il, prenant l'exemple du "succès" du programme Action coeur de ville : "Cela a réussi car il y a un cadre national et localement un chef de file qui est le maire."

Autre cheval de bataille de Villes de France : les finances, sujet de prédilection de Jean-François Debat, pour qui la loi de finances pour 2024 s'avère "décevante" en ce qu'elle n'a pas fait évoluer la dotation globale de fonctionnement (DGF) alors que les communes sont confrontées à "effet ciseau" entre baisse des recettes et augmentation des dépenses (énergie, inflation, charges de centralité …), à l'issue d'une année 2023 particulièrement éprouvante. "Nos villes et agglomérations ont deux choix : faire preuve d'ingéniosité ou se contraindre à réduire les services publics", a abondé Gil Avérous. "Nous demandons un cycle de dotation qui suive l'évolution de l'inflation", a-t-il martelé, faisant le lien entre logement et dotations. Un point inquiète les élus : le nombre croissant de locations de courtes durées qui représenteront "autant d'habitants en moins dans le prochain recensement" et donc moins de dotations à l'arrivée. "Ce n'est pas le signe d'une baisse d'attractivité mais d'un manque de logements", a souligné Gil Avérous, indiquant que sur sa commune le nombre de logements de courte durée était passé de 250 à 700.

"Pas de réindustrialisation réussie sans les villes moyennes"

Enfin, troisième sujet à l'agenda de Villes de France : l'industrie. "Il n'y aura pas de réindustrialisation réussie sans les villes moyennes. On croit à cette capillarité : nos villes sont les plus à même d'accompagner les projets", a insisté Gil Avérous. Il manque selon lui une dimension d'aménagement du territoire à cette politique, ce qui pourrait être corrigé avec la deuxième phase des Territoires d'industrie. Mais la répartition des hectares liés au projet d'intérêt national dans le cadre du zéro artificialisation nette (ZAN) n'en prend pas le chemin, regrette l'élu qui observe un "déséquilibre" entre les territoires, avec la partie centrale du pays qui se trouve bien moins lotie. C'est une "dynamique qu'il faut contrebalancer", estime-t-il. Gil Avérous prend pour exemple la vallée de la batterie qui se développe actuellement autour de Dunkerque, entraînant avec elle toutes les unités d'assemblage automobile. Résultat : ailleurs sur le territoire, les sous-traitants automobiles disparaissent. "Les Hauts-de-France sont le barycentre européen mais pas national", fait-il valoir.

Cette cérémonie a été l'occasion pour Gil Avérous de dévoiler le lieu et la date du prochain congrès de Villes de France qui se tiendra à Sélestat (Bas-Rhin) les 4 et 5 juillet.