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Déconfinement : France urbaine publie sa contribution détaillée par secteur

France urbaine - l'association des grandes villes, métropoles, communautés urbaines et d'agglomération - a publié vendredi 24 avril sa contribution à la préparation du déconfinement. Ce document est décliné en huit grandes thématiques.  

 

"Précise, opérationnelle, différenciée et adaptée aux réalités des territoires". Telle est la façon dont France urbaine estime avoir conçu sa contribution à la préparation du déconfinement, publiée le 24 avril 2020. L'État, à la demande des élus locaux, a ouvert une phase de concertation, à laquelle l'association a pris "toute sa part". L'association des grandes villes, métropoles, communautés urbaines et d'agglomération a en effet établi un état des lieux de la situation sur les territoires urbains, recensé les difficultés rencontrées et formulé des propositions visant à élaborer une stratégie de déconfinement. Élaborée en lien avec les élus et les techniciens siégeant dans les commissions ad hoc de l'association, le document est décliné en huit thématiques :

  1. Culture 
  2. Développement économique
  3. Education et petite enfance  
  4. Organisation du travail 
  5. Santé
  6. Sport 
  7. Tourisme 
  8. Transports
     

Santé : "Qui fait quoi ?"

Sur le thème de la santé, nécessairement le plus délicat, France urbaine interpelle d'abord sur le "qui fait quoi ?", sachant que l'État doit "déterminer une stratégie nationale fixant clairement les responsabilités”. L’association souligne l’urgence à ce "qu’une répartition claire des rôles soit arrêtée, dans laquelle l’État assume sa responsabilité régalienne exclusive en matière sanitaire et définisse les axes de mobilisation attendue des territoires à travers le couple préfet-maire". Elle est ainsi sur la même ligne que l'Association des maires de France, qui avait remis sa contribution quelques jours plus tôt (voir notre article), mais aussi avec l'exécutif qui a à plusieurs reprises fait valoir les vertus de ce tandem maire-préfet.

À la rubrique éducation, France urbaine propose que "les décisions d’ouverture ou d’augmentation du nombre de classes ou d’enfants accueillis [soient] subordonnées dans chaque région et, le cas échéant, à un échelon géographique moins étendu, à un avis favorable explicite du haut conseil scientifique, présidé par Jean-François Delfraissy ou à l’autorité sanitaire déléguée territorialement par ce conseil, ARS ou autre structure ayant pouvoir dans le domaine du Covid". Les auteurs rappellent que "le ménage et nettoyage des locaux est, dans toutes les circonstances, à la charge des collectivités territoriales". "La capacité à assurer cette mission et les moyens humains disponibles pourront conditionner la capacité de réouverture de certains établissements", en concluent-ils. France urbaine aborde également la question de la restauration scolaire : "Si les salles de classes accueillent environ 25 d'élèves, une salle de restauration scolaire est dimensionnée pour une centaine d'élèves. Étant donné les contraintes sanitaires à assurer, les villes devront a minima doubler le nombre de services en self ou à table", anticipe l’association. 

Réserver les aides publiques aux entreprises respectueuses de l'Accord de Paris

Sur le plan économique, France urbaine estime que "l’occasion est donnée de réserver les aides publiques de manière différenciée aux entreprises qui s’engagent à respecter les préconisations issues de l’Accord de Paris sur le climat pour limiter le réchauffement climatique planétaire en réduisant les émissions de gaz à effet de serre".  Elle affirme également qu’en matière d’emploi, "les aides publiques n’ayant pas vocation à enrichir des actionnaires sans visage, il importe de les réserver aux entreprises les plus vulnérables qui s’engagent à sauvegarder leurs emplois". 
Sur les transports, les adhérents du Gart ont fait remonter de nombreuses questions posées par le déconfinement : "Le décret du 23 mars restera-t-il valable ? Y aura-t-il obligation du port des masques  pour les conducteurs, les contrôleurs et les voyageurs ? Comment maintenir la distanciation sociale dans les cars scolaires ?"

Avec les piscines, anticiper d'éventuels épisodes caniculaires...

Concernant le tourisme, France urbaine affirme que "le tourisme de loisir en 2020 sera un tourisme de proximité". "Les bases de loisirs, les piscines, l’accueil simple dans la journée doit s’articuler avec une offre de restauration, voire de logement de courte durée." S'agissant du tourisme d’affaires, l’association redoute que, "confrontés à la plus grave crise qu’ils aient jamais connue", les salariés n’aient pas l’envie et la clientèle n’ait pas les moyens de programmer des événements professionnels à l’automne. Elle s’interroge sur la reprise de l’activité si une partie des acteurs de la filière sont en faillite. France urbaine suggère de s’inspirer de ce qui a été fait en Corée et à Singapour pour définir des règles-cadres sanitaires nationales que devront appliquer les organisateurs d’événements, “soit sous forme d’un cahier des charges, soit sous forme d’une labellisation”, et rappelle la possibilité de “mettre en place des prises de températures à l’entrée des bâtiments”.
Sur le terrain du sport, France urbaine pointe le fait que "pour soutenir les associations les plus en difficulté, un vide juridique demeure sur le versement des subventions 'sans service fait', notamment celles soumises à une action déterminée”. Sont anticipées également les questions liées à la réouverture des piscines "dont l’accès pourrait devenir un sujet de première importance en cas de fortes chaleurs et d’épisodes caniculaires".

Culture : éviter dépôts de bilan, licenciements

Enfin, pour le champ de la culture, "l’enjeu réside dans le soutien aux structures culturelles conventionnées ou simplement subventionnées, fortement impactées par l'arrêt des recettes propres, auxquelles nos collectivités ne pourront pas apporter un soutien supplémentaire suffisant pour compenser leurs pertes", résume l’association. Il s'agit d'éviter "des dépôts de bilan, des licenciements et des pertes sèches d'emploi, et [...]  de voir disparaître des ressources culturelles essentielles à la diversité des expressions et des ressources culturelles dans nos territoires". 
"Cette crise sanitaire inédite et particulièrement violente tant au niveau humain, sanitaire, social qu'économique, est une épreuve que l'État et les collectivités locales doivent traverser collectivement, en toute responsabilité et en toute humilité", conclut France urbaine qui attend donc l'annonce d'une "doctrine sanitaire claire et précise".