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Déconfinement a minima le 15 décembre

Jean Castex a déroulé ce 10 décembre les règles qui prévaudront à partir de mardi. Les mesures initialement prévues pour le 15 décembre sont "adaptées" au fait que le nombre de contaminations a cessé de baisser. Maintenir la possibilité de partir pour Noël retrouver de la famille dans une autre région a visiblement été la priorité. Pour le reste, entre couvre-feu à 20 heures et maintien de la fermeture des établissements recevant du public, dont les lieux culturels et de loisirs, l'étau ne se desserre pas.

La date du 15 décembre avait été choisie pour être celle, notamment, de la levée du deuxième confinement déjà allégé depuis fin novembre avec la réouverture de l'ensemble des commerces. Qu'est-ce qui va changer mardi ? En fait pas grand-chose. Certes, on pourra désormais se déplacer librement, y compris d'une région à l'autre. En revanche, la réouverture attendue des établissements recevant du public (ERP), dont les salles de spectacle ou de cinéma et les musées, est reportée de trois semaines. Finalement, le principal changement sera un durcissement : le couvre-feu qui doit succéder au confinement, débutera non à 21 heures mais à 20 heures. Avec une liste de dérogations très limitées. Et une seule exception : le soir du 24 décembre. Retour sur les principales annonces et déclarations de Jean Castex, Olivier Véran et Gérald Darmanin lors de leur conférence de presse de ce 10 décembre.

 

Le contexte

L"objectif" a été résumé en ces termes : "Permettre à chacune et chacun de profiter des fêtes de fin d'année" mais tout faire "pour réduire le risque de devoir vivre un troisième confinement dans les prochains mois". En sachant que face à l'épidémie, "la partie est loin d'être gagnée", d'autant que l'amélioration des courbes "marque le pas depuis une semaine". "Nous sommes sur une sorte de plateau", a souligné le Premier ministre, alors que quelque 14.000 contaminations ont été recensées jeudi : "Le nombre de nouvelles contaminations ne se réduit plus, et il tend même à légèrement réaugmenter depuis quelques jours". Le ministre de la Santé a évoqué des facteurs multiples pouvant l'expliquer : "relâchement", "brassages" accrus depuis la réouverture des magasins, météo… En tout cas, "nous n'atteindrons pas les 5.000 cas par jour" le 15 décembre. Or telle était la condition donnée par Emmanuel Macron le 26 novembre pour envisager un vrai déconfinement à cette date. L'exécutif a donc décidé d'"adapter" les mesures initialement envisagées.

 

Espace ouvert, temps réduit

Dès mardi donc, les déplacements de nouveau autorisés "partout en France", et sans attestation s'ils se font en journée. Le couvre-feu sera plus sévère que prévu – et que ne l'était le premier couvre-feu – puisqu'il débutera dès 20 heures. Il "sera strictement contrôlé avec des possibilités de dérogation limitées" : déplacements domicile/travail (avec justificatif), santé, motif familial impérieux, missions d'intérêt général, animal de compagnie. "La balade en plein air" après 20 heures, c'est non, a insisté le ministre de l'Intérieur. En soulignant que les contrôles allaient être renforcés. Petite hésitation de Gérald Darmanin sur la question des déplacements de longue distance se terminant ou débutant entre 20h et 6h : un billet de train ou d'avion devrait pouvoir servir de justificatif en cas de léger dépassement horaire mais il s'agit de limiter ce cas de figure "au maximum". C'est finalement la SNCF qui a précisé les choses plus tard dans la soirée : "Les voyageurs ayant une réservation pour un train de longue distance circulant après 20 heures pourront circuler et n'ont pas besoin de modifier leur déplacement." Le couvre-feu ne concernera pas l'Outre-Mer.

 

Les "fêtes"

Pas de couvre-feu le soir de Noël, le 24 décembre, "parce que Noël occupe une place à part". Le chef du gouvernement recommandant à nouveau de réunir "pas plus de six adultes". Il faudra en revanche rester chez soi le 31 décembre, car le réveillon du Nouvel An "concentre tous les ingrédients d'un rebond épidémique", selon Jean Castex, qui n'a pas toutefois pas rejeté la possibilité d'inviter quelques personnes chez soi (jusqu'à au moins 6 heures du matin, de fait...). L'objectif est apparemment surtout de limiter "les mouvements" et les rassemblements sur la voie publique. "Plus de 100.000" policiers et gendarmes seront mobilisés cette nuit-là pour y veiller.

 

La culture in situ attendra

"Éviter d'accroître les flux, les concentrations, les brassages de public, les lieux de destination", c'est aussi la logique mise en avant pour justifier la décision de maintenir fermés au moins jusqu'au 7 janvier les établissements recevant du public. Apparemment davantage, donc, que les conditions d'accueil sur place. "Il s’agit principalement des cinémas, des théâtres, des salles de spectacle, des musées, mais aussi de l’accueil du public dans les enceintes sportives, dans les cirques, les parcs zoologiques ou encore les salles de jeux et les casinos", a précisé le chef du gouvernement. La décision, non concertée, a fait l'effet d'une douche froide chez les premiers concernés. Difficile pour eux de comprendre qu'un musée serait plus à risque qu'un centre commercial.

"La fermeture des lieux recevant du public n’est pas décidée à raison des contaminations qui y auraient lieu, mais pour envoyer un signal sur la gravité de la situation. En fait, on nous éteint comme la tour Eiffel", a par exemple réagi Mathieu Potte-Bonneville, directeur culture et création du Centre Pompidou. "On découvre aujourd'hui à cinq jours de la date annoncée que finalement les théâtres ne vont pas rouvrir. C'est des milliers de salariés partout en France à qui on explique que tout le travail qu'ils ont mis en oeuvre ces derniers jours tombe à l'eau", a déclaré à l'AFP jeudi Nicolas Dubourg, président du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac). "On nous explique qu'il faut éviter le brassage or précisément les mesures de protection sanitaire que nous avons mises en place dans les théâtres et les salles de spectacle respectent cette consigne", dénonce le président du syndicat qui regroupe 400 scènes nationales et centres dramatiques subventionnés. "Pour les équipes, il faut imaginer ce que ça veut dire ouvrir ou fermer. On a rappelé tous les spectateurs, vendu des billets, fait des transactions, préparé les plateaux, lancé les répétitions dans la perspective de jouer, on passe des commandes... et là on nous dit à cinq jours, vous restez fermés", témoigne-t-il.

Comme les cinémas et les théâtres, les tribunes des stades resteront fermées et le sport professionnel continuera de jouer à huis-clos au moins jusqu'au 7 janvier, comme il le fait depuis deux mois.

S'agissant de la pratique sportive des mineurs, autorisée à l'extérieur depuis fin novembre, le ministère des Sports n'était pas en mesure de dire jeudi soir si les gymnases seront ou non fermés aux mineurs pratiquant en club en décembre. Cette possibilité d'une reprise du sport en salles en décembre avait été évoquée en novembre par Emmanuel Macron, sous réserve des conditions sanitaires.

Selon la même logique et malgré les fêtes de Noël, les jauges de fréquentation pour les lieux de culte, âprement négociées par les responsables religieux, "ne seront pas revues à la hausse" mardi prochain, a fait savoir Jean Castex. Depuis le 3 décembre, les cérémonies dans les lieux de culte peuvent rassembler plus de 30 personnes, mais avec de nouvelles règles de distanciation.

 

Les mesures de soutien

"Nous continuons à améliorer et à compléter nos dispositifs", a assuré le chef du gouvernement, soulignant que "le fonds de solidarité pourra désormais bénéficier aussi aux prestataires et exploitants agricoles travaillant avec le secteur de l’hôtellerie et de la restauration ou aux sous-traitants du monde de l’événementiel, notamment sportif et culturel."

Il a au passage rappelé qu'il doit rencontrer ce 11 décembre "pour la troisième fois" les élus de montagne et les professionnels des sports d’hiver "afin de calibrer au mieux les dispositifs d’indemnisation".

 

Universités

"L'échéance du 20 janvier" pour la reprise des cours en présentiel reste d'actualité. Et une reprise dès début janvier pour des étudiants connaissant des difficultés particulières est à l'étude.

 

Tests

Si aujourd'hui les résultats de 75% des tests PCR sont donnés en moins de 24 heures, il faut "aller plus loin" et "approcher le 100%", a dit Olivier Véran. Qui a aussi fait savoir que des opérations de dépistages de masse vont être menées avec les collectivités dans quatre métropoles : celles du Havre et de Charleville-Mézières du 14 au 19 décembre, puis celles de Roubaix et de Saint-Étienne aux alentours du 11 janvier.

 

Pas d'isolement obligatoire

La piste d'un cadre législatif rendant possible l'isolement "obligatoire" pour les personnes testées positives ne fait "pas consensus", a reconnu Jean Castex, indiquant que l'accent sera plutôt mis sur un "accompagnement renforcé" en associant tous les acteurs, dont les collectivités. Le ministre de la Santé a dit travailler à une "charte" et à la mise en place de visites à domicile par des "équipes pluridisciplinaires".