Déserts médicaux : 1.500 élus locaux appellent au vote de la PPL Garot

Alors que l'Assemblée doit reprendre son examen de la proposition de loi Garot, François Bayrou est revenu dans une interview sur la "méthode" ayant dicté son "pacte de lutte contre les déserts médicaux", 1.500 élus locaux ont signé une tribune pour appeler les députés à voter ce texte jugé nécessaire... tandis que des syndicats de médecins et internes appellent toujours à son retrait au nom de la liberté d'installation.

A la veille de la reprise de l'examen à l'Assemblée nationale – prévue ce mardi 6 mai – de la proposition de loi Garot "visant à lutter contre les déserts médicaux", François Bayrou est revenu, dans son interview au JDD publiée ce weekend, sur le "pacte" présenté une semaine plus tôt. Evoquant les nombreux maires rencontrés pour lesquels l'absence de médecin représente "la mort annoncée de la commune", le Premier ministre réaffirme que "cette question des déserts médicaux est d’une extrême sensibilité". Et vante les mérites de l'une des principales mesures annoncées le 25 avril (voir notre article).

Alors que "le dossier était bloqué depuis des années" parce que "le monde médical s’opposait catégoriquement à ce que (…) l’État se charge d’interdire ou d’autoriser l’installation des médecins", le gouvernement a "trouvé une autre méthode, en quelques semaines", se félicite-t-il. La mesure en question : "Tous les médecins, généralistes ou spécialistes, seront appelés si besoin à prendre leur part, un ou deux jours par mois, à la permanence médicale dans les zones rouges. Et ces zones, nous allons les définir, avec les élus locaux, dans le mois qui vient". Si François Bayrou ne s'est jamais déclaré favorable à la contrainte en matière de liberté d'installation (on sait que le gouvernement s'oppose en cela à la régulation inscrite dans la proposition de loi Garot), il souligne toutefois que "tous les médecins sont rémunérés par la Sécurité sociale" et doivent à ce titre prendre part à la "solidarité" nationale.

Une loi "indispensable" pour nombre d'élus locaux

Autre parution dans un journal dominical ce weekend : un texte publié dans La Tribune Dimanche, signé par pas moins de 1.510 élus locaux, dont 915 maires. Parmi eux, des présidents d'associations départementales de maires. Des élus départementaux aussi (dont les présidents de la Nièvre et de la Seine-Saint-Denis), des vice-présidents de région. L'objet de cette tribune est simple : appeler les parlementaires à voter le texte transpartisan porté par Guillaume Garot. Vote qui doit en principe intervenir ce mercredi 7 mai après deux nouvelles séances, sachant que la principale disposition a déjà été approuvée fin avril (voir notre article).

"Il n'existe pas de solution 'miraclecontre les déserts médicaux, à plus forte raison parce que notre démographie médicale continuera à se dégrader jusqu'en 2030. C'est la raison pour laquelle nous avons le devoir d'agir vite, avec tous les leviers à notre disposition", écrivent les élus auteurs de la tribune, parlant de "loi indispensable" et poursuivant : "Parce qu'il refuse de baisser les bras face à l'urgence, parce qu'il bénéficie d'un large soutien sur les bancs de droite, de gauche et du centre au Parlement, ce texte doit poursuivre son cheminement parlementaire".

Rappelant que "la régulation de l'installation des médecins [est] déjà appliquée pour de nombreuses professions de santé" les signataires soulignent que cette mesure doit venir s'ajouter aux autres leviers  - "poursuite des dispositifs incitatifs, développement de l'exercice collectif et coordonné, amélioration des conditions de travail en internat, démocratisation de l'accès aux études de santé, développement des stages en médecine de ville, accompagnement des collectivités dans leurs politiques locales d'accès aux soins".

Appel au "retrait" du texte

La voix de ces élus portera-t-elle davantage que celle des médecins et futurs médecins en grève depuis le 28 avril ? Selon le syndicat des jeunes médecins généralistes ReAGJIR, 15.000 internes se seraient déclarés grévistes (voir aussi notre article du 29 avril). Et restent mobilisés pour exiger le "retrait" de la proposition de loi Garot qui, écrit ReAGJIR dans un nouveau communiqué du 2 mai, sera "délétère pour l’accès aux soins en ajoutant une contrainte de plus à l’exercice médical ambulatoire", "acte la fin de la liberté d’installation et le rétablissement des gardes obligatoires" et "portera le coup de grâce à la médecine de ville". Le syndicat semble en revanche prêt à participer à "une méthode de travail commun autour du plan d’action annoncé par le Premier ministre (…) afin de coconstruire des solutions justes, pragmatiques et pertinentes pour la population".

 

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