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DRH des grandes collectivités : pour un "contrat de première expérience"

L'association des DRH des grandes collectivités vient de faire connaître aux candidats à l'élection présidentielle une série de mesures pour rendre la fonction publique territoriale plus attractive. Parmi elles : la création d'un CDD, de 1 à 6 ans, offrant aux jeunes une porte d'entrée dans la fonction publique territoriale.

"Une proposition inédite, forte et innovante." C'est ainsi que l'association des DRH des grandes collectivités présente le "contrat de première expérience de service public", la première des six mesures qu'elle vient de soumettre aux candidats à l'élection présidentielle. D'une durée de 1 à 3 ans renouvelable une fois, ce CDD offrirait aux jeunes de 16 à 30 ans qui le souhaitent la possibilité d'une expérience professionnelle au sein du service public. Au terme du CDD, le jeune pourrait être recruté sous statut de fonctionnaire, sous réserve d'avoir, entretemps, passé avec succès le concours de son cadre d'emplois. Son ancienneté serait alors prise en compte.
Ce contrat de première expérience fournirait une "possibilité de recrutement simplifiée" dans une collectivité territoriale, soulignent les DRH des grandes collectivités. Ils font le pari qu'une fois en poste, de nombreux jeunes souhaiteront passer les concours de la fonction publique pour devenir agents titulaires. Pour eux, le nouvel outil n'offrirait que des avantages : renforcement de l'attractivité des collectivités territoriales sur les métiers en tension, réduction de l'âge moyen des agents territoriaux, meilleure maîtrise salariale des collectivités…

"Décorrélation du point d'indice"

Mais pour attirer et fidéliser de nouveaux agents, les collectivités devront proposer des rémunérations plus en adéquation avec les attentes des personnels. "Le noyau de l’attractivité reste la rémunération", pointait début février la mission sur l'attractivité de la fonction publique territoriale, pilotée notamment par Mathilde Icard, présidente de l'association des DRH des grandes collectivités. Ce sujet figure donc, logiquement, en bonne place dans l'adresse de l'association aux candidats. Avec là encore une proposition forte, la décorrélation du point d'indice entre les versants de la fonction publique. Les DRH entendent participer à la réflexion sur ce concept, qui n'est pas vraiment neuf, puisqu'il y a 5 ans, Emmanuel Macron l'avait défendu. Il consiste à faire évoluer la valeur du point d'indice de manière différente selon les trois versants. Toutefois, face à l'opposition notamment d'une grande partie des employeurs territoriaux, le chef de l'État avait abandonné le projet au début du quinquennat.

Les autres propositions en matière de rémunération des agents sont plus classiques. Il s'agit de redonner rapidement de l'amplitude dans les déroulements de carrière des fonctionnaires, et de rénover les modalités de calcul du nombre de promotions, afin de prendre en compte les nominations, de plus en plus nombreuses, de contractuels. Ce toilettage permettrait d'augmenter le nombre de nominations pour la promotion interne et les avancements de grade. La mesure avait déjà été préconisée par la mission sur l'attractivité de la fonction publique territoriale et, selon plusieurs sources, sa mise en oeuvre ferait l'objet d'une analyse par les ministères concernés.

Encadrement : pour la parité entre les femmes et les hommes

Via la participation financière à la protection sociale complémentaire de leurs agents, les collectivités disposent d'un autre levier très important de recrutement et d'amélioration des conditions de vie des agents, estiment les DRH des grandes collectivités. La réforme en cours sur ce sujet, initiée par l'ordonnance de février 2021, est évidemment positive pour eux. Mais il ne suffit pas de rendre obligatoire la participation des employeurs territoriaux, soulignent-ils. Il convient aussi que les seuils de participation des employeurs soient "ambitieux".

L'association est également soucieuse de faire progresser la parité entre les femmes et les hommes dans les métiers d'encadrement. Sa recommandation vise à étendre le dispositif des quotas de femmes à tous les postes d'encadrement des collectivités de plus de 10.000 habitants. Aujourd'hui, son application est limitée aux emplois fonctionnels des collectivités dépassant 40.000 habitants.

Par ailleurs, considérant la formation des managers territoriaux comme un "levier majeur", les DRH des grandes collectivités préconisent que les agents prenant des fonctions de management pour la première fois aient l'obligation de suivre une formation adaptée. Une formation continue et obligatoire de deux jours par an est également souhaitée.

Les DRH sont également préoccupés par la pénurie de médecins du travail. Leurs solutions à cette difficulté qui empêche les collectivités de "conduire de véritables politiques de prévention des risques professionnels" : raccourcir la formation des médecins territoriaux, permettre une activité à temps partiel, ou encore simplifier les procédures.