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En doublant les aides, le gouvernement espère lever les réticences des Français à s’équiper en 4G fixe

Les aides à l’acquisition de kits 4G, satellites ou radios, passent de 150 à 300 euros, voire 600 euros. Avec ce coup de pouce, le gouvernement espère lever les réticences des usagers à recourir à un dispositif dont les conditions d’accès restent très restrictives.

À l’occasion d’un déplacement à Moulin-Neuf en Ariège, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé le 5 février 2022 un doublement des aides à l’équipement pour les personnes privées de haut débit. On rappellera que ce guichet créé en 2019 dans le cadre du programme "cohésion numérique des territoires", s’adresse aux 15% de foyers et entreprises ne bénéficiant pas d’un "bon débit", soit au moins 8 Mbit/s. Versée sous conditions de ressources, cette subvention à l’équipement et à l’installation de kit 4G, satellitaire ou boucle locale radio était jusqu’alors plafonnée à 150 euros. "Le constat est que ce montant n'est pas suffisant pour permettre aux personnes de s'équiper. On a donc décidé de passer à 300 euros, voire 600 euros" a affirmé le Premier ministre. Elle vise en priorité les résidents en zones blanches dont la commune vient d’être desservie en 4G dans le cadre du New Deal mobile mais qui ne disposent pas de connexion fixe de qualité. Le Premier ministre a fait part de 1.227 pylônes livrés par les opérateurs au titre de la couverture ciblée, "à comparer avec les 600 sites déployés entre 2003 et 2018", ce qui permet d’atteindre un taux de 85% des zones blanches désormais couvertes en 4G.

Un dispositif boudé… ou inadapté ?

Avec cette augmentation du montant des aides, effective à partir de début avril, le gouvernement espère séduire davantage de Français, les 100 millions d’euros affectés à ce chantier étant encore loin d’être dépensés. Peu connu du grand public, le programme se heurte cependant à des critères d’éligibilité restrictifs car toutes les communes ne sont pas éligibles, loin s’en faut. Les nombreux habitants des zone AMII qui souffrent d’un ADSL aléatoire et d’une fibre qui n’arrive pas n’y ont ainsi pas droit car ils sont censés être raccordés à la fibre par Orange ou SFR… parfois depuis fin 2020. Une situation qui exaspère les élus à l’image des maires des Sables d’Olonne et de La Roche-sur-Yon à l’origine d’un communiqué au vitriol fin janvier. Les élus fustigent "8 ans de galère" et "30% de la population" toujours non raccordés au FTTH. Ils demandent à l’État de les retirer des zones AMII pour rejoindre le RIP Vendée numérique.

Une 4G insuffisamment performante

Autre souci : la qualité de la 4G est un préalable à une connexion 4G fixe de qualité. Or selon l’association UFC- Que Choisir, celle-ci ne serait pas au rendez-vous dans les zones rurales. Selon une étude fondée sur l’exploitation des données collectées via son application Queldébit, les débits en zone urbaine seraient 66% plus élevés qu’en zone rurale (55,3 Mbit/s contre 33,3 Mbit/s) et le bon débit (8Mbit/s) promis par le gouvernement à l’ensemble des Français pour la fin 2020 resterait hors d’atteinte pour 25% d’entre eux. Quant au satellite, il reste assez logiquement difficile de convaincre des abonnés à l’ADSL qui s’attendent à voir arriver la fibre, de passer par l’étape transitoire du satellite.