Entre préconisations nationales et mesures locales, l'école s'adapte à la canicule

Services de l'État et collectivités locales sont en alerte pour faire face à la canicule dans les écoles. Revue des décisions et des adaptations mises en œuvre sur le territoire national...

Alors que Météo France a placé 84 départements en alerte orange canicule les 30 juin et 1er juillet 2025 (voir notre article de ce jour), la mobilisation s'organise pour faire face à ce phénomène dans les écoles, avec des réponses différentes selon les territoires. Dans un message posté le 29 juin sur son compte X, Élisabeth Borne informe avoir demandé aux recteurs "de prendre toutes les dispositions nécessaires, en lien avec les préfectures et les maires, pour adapter l'accueil des élèves et permettre aux parents qui le peuvent de garder leurs enfants à la maison". Et alors que deux cents écoles publiques font l'objet d'une fermeture partielle ou totale de lundi à mercredi, la ministre de l'Éducation nationale a souligné que "dans le cas d'une fermeture administrative d'école, il est impératif d'organiser une solution alternative d'accueil".

Fermetures partielles...

Ces préconisations nationales font l'objet de mises en œuvre à l'échelle locale, le plus souvent à l'initiative des communes. Une situation dénoncée par l'Association des Petites Villes de France (APVF) dans un communiqué du 30 juin (lire encadré ci-dessous) : "l'absence de directives précises ou de coordination assumée par l'État, notamment à travers les préfets et les recteurs, crée un sentiment d'abandon et d'impréparation face à un phénomène pourtant désormais connu : les pics de chaleur à répétition". 
A Bordeaux par exemple, les parents d'élèves des écoles publiques ont reçu, tard dans la soirée du 29 au 30 juin, un message de la mairie leur indiquant la possibilité, pour ceux qui le peuvent, "de garder leurs enfants à la maison", tout en précisant que "pour les familles qui ne le pourraient pas, l'accueil sera maintenu dans les écoles, dans les salles les plus fraiches, disposant de systèmes de ventilation". En outre, "les équipes pédagogiques assureront une surveillance accrue pour s'assurer de l'hydratation et du bien-être des élèves tout au long de la journée". Une décision similaire a été prise par la ville de Nice qui, en accord avec l'Éducation nationale, permet toutefois aux parents qui le souhaitent de venir chercher leurs enfants à 11h30 ou 13h30, les 30 juin et 1er juillet, alors que les cours sont maintenus pour les élèves présents.

Un cran supplémentaire est franchi à Tours, où la mairie "recommande fortement aux parents de garder leurs enfants à la maison les lundi 30 juin et mardi 1er juillet", et annonce que si les écoles seront ouvertes durant les matinées de ces deux journées, elles seront en revanche fermées l'après-midi. Quant au service périscolaire de 17 heures, il sera supprimé. "Ces mesures ont été prises en lien étroit avec les services de l'Éducation nationale, qui assurent la continuité pédagogique pour les élèves", ajoute la mairie dans un communiqué, sans préciser en quoi consistera cette "continuité". 

... ou totales

Enfin, la décision de fermer complètement des écoles a pu être prise dans différents territoires. C'est par exemple le cas pour dix communes de l'académie de Montpellier, "la plupart en raison de locaux inadaptés", précise le rectorat, joint par Localtis. "Ces communes se sont néanmoins toutes organisées, en lien avec les services départementaux de l'Éducation nationale, afin d'accueillir les élèves dans des locaux climatisés ou, tout au moins, plus frais".

C'est également le cas à Limoges, où le maire a pris un arrêté municipal de fermeture exceptionnelle des écoles maternelles et élémentaires de la commune pour mardi 1er et jeudi 3 juillet 2025. "Aucun accueil d'enfants ne sera assuré dans les écoles municipales de la ville de Limoges, y compris les services périscolaires et de restauration", commente la mairie. Néanmoins, "afin de garantir une continuité de service public", un service minimum d'accueil sera mis en place dans un centre municipal de loisirs avec restauration scolaire et possibilité de garderie le matin et en fin d'après-midi. Autre situation : celle de la ville d'Alfortville (Val-de-Marne) qui a décidé, pour le mardi 1er juillet, d'accueillir les seuls enfants des personnels prioritaires sur présentation d’un justificatif (santé, secours, sécurité, scolaire et petite enfance) dans un seul groupe scolaire de la ville. La décision la plus radicale revenant à la ville de Nîmes qui a décidé de fermer les écoles publiques à partir du 30 juin à 13h30, et ce jusqu'à nouvel ordre. 

Jusqu'à 37°C dans les classes

Et alors qu'une réunion interministérielle devait se tenir ce lundi soir pour "décider d'éventuelles mesures complémentaires", le ministère de l'Éducation nationale indiquait dans un communiqué du 29 juin qu'"en fonction de l'évolution de la situation météorologique, notamment en cas de passage en vigilance rouge, les autorités préfectorales pourront décider, si nécessaire, de la fermeture temporaire de certains établissements scolaires afin de garantir la sécurité des élèves et des personnels".

Cet épisode de canicule intervient alors que le programme Actee (Action des collectivités territoriales pour l'efficacité énergétique) vient de publier les premiers résultats de son projet baptisé Racine, pour "recherche sur l'adaptation aux canicules à l'intérieur de nos écoles", qui vise à "adapter rapidement les écoles, particulièrement vulnérables à la chaleur des épisodes caniculaires". Racine a ainsi équipé lors de ce mois de juin 2025 quinze écoles représentatives du territoire français d'un dispositif d'instrumentation (capteurs de température, d'humidité et de CO2). Il en résulte qu'aucune de ces écoles n'est adaptée aux canicules. Des écoles très récentes, construites après 2019, connaissent déjà des problèmes importants de surchauffe liés à leur conception. Et des températures supérieures à 30°C sont couramment relevées en salle de classe, même hors période officielle de canicule, avec un record mesuré à 37°C. Localtis reviendra prochainement sur le projet Racine, qui s'étendra jusqu'à décembre 2026.

› "Les maires doivent assumer seuls des décisions complexes", dénonce l'APVF

L'Association des Petites Villes de France (APVF) a alerté ce lunid 30 juillet dans un communiqué sur la responsabilité accrue qui pèse sur les maires pour la gestion des écoles en raison de l'épisode caniculaire intense qui touche une large partie du territoire. "Face à la vague de chaleur, les maires sont une nouvelle fois en première ligne". "Entre les attentes légitimes des familles, la protection des personnels, les conditions d'accueil dégradées dans des écoles souvent mal isolées, et l'absence de cadre d'action clair ou de soutien structuré de l'État, les maires doivent assumer seuls des décisions complexes, comme la fermeture partielle ou totale des établissements", déplore l'association. Elle ajoute que "l'absence de directives précises ou de coordination assumée par l'État, notamment à travers les préfets et les recteurs, crée un sentiment d'abandon et d'impréparation face à un phénomène pourtant désormais connu : les pics de chaleur à répétition".

Cette situation souligne, estime l'association, "le manque d'anticipation face à des phénomènes climatiques de plus en plus récurrents". "L'État ne peut pas continuer à s'en remettre aux maires sans leur donner les outils, les moyens et l'appui nécessaires. Il est urgent de bâtir une stratégie cohérente et partagée de gestion de ces épisodes extrêmes, appelés à devenir plus fréquents", insiste l'APVF. 

Au-delà de l'urgence, l'APVF rappelle que cette crise met en lumière un enjeu de fond : celui de la rénovation thermique des bâtiments scolaires. "Trop de salles de classe sont aujourd'hui inadaptées en période de chaleur. La baisse du Fonds vert décidée par le gouvernement compromet gravement les efforts engagés par les communes pour adapter leurs infrastructures", regrette l'APVF qui estime que "ce signal est non seulement incompréhensible, mais contre-productif".

L'APVF appelle donc l'État à "prendre ses responsabilités, à mieux anticiper les effets du dérèglement climatique et à construire, avec les territoires, une politique d'adaptation ambitieusedotée de financements à la hauteur des enjeux".

VF, Localtis

 

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