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Établissements des savoirs fondamentaux : pas de consécration malgré des résultats prometteurs

Les établissements des savoirs fondamentaux, qui allient écoles et collèges, font l'objet d'expérimentations depuis de nombreuses années. Malgré leur réussite reconnue, le ministère de l'Éducation nationale ne compte pas aller plus loin pour le moment.

En 2018 était mise en place une expérimentation éducative dans la commune de Jussey, en Haute-Saône. Son but ? Ouvrir un "établissement des savoirs fondamentaux", également appelée "école du socle". Son mode de fonctionnement ? Regrouper des écoles et un collège au sein d’un même établissement public local d’enseignement.

Cette expérimentation avait à l'époque fait parler d'elle car elle était intervenue quelques mois à peine avant l'examen au Parlement, au printemps 2019, du projet de loi pour une école de la confiance dont un article prévoyait la création de tels établissements scolaires à l’initiative des collectivités territoriales. Votée en première lecture à l'Assemblée nationale puis supprimée par le Sénat, cette disposition avait finalement été enterrée.

Toutefois, à Jussey, mais aussi dans d'autres communes, les expérimentations, parfois entamées depuis longtemps, ont continué. Après tout, la circulaire de rentrée de l'année 2011 ne précisait-elle pas que "les contrats d'objectifs, expérimentés dans certains RAR [réseaux ambition réussite, ndlr], associant au collège les écoles de son secteur, seront encouragés afin de favoriser la dynamique de l'école du socle commun" ?

"Volonté de travailler ensemble"

Olivier Rietmann était maire de Jussey et président du syndicat scolaire au moment où l'école du socle a été installée dans sa commune. Devenu sénateur de la Haute-Saône, il a interpelé le gouvernement sur l'avenir des établissements des savoirs fondamentaux par une question orale, le 13 avril 2021.

Selon l'élu, ce type d'établissements répond à un besoin clairement identifié par certaines collectivités, notamment en zones rurales, qu'il s'agisse de l'optimisation de la réussite des élèves ou de la continuité des parcours et des apprentissages. "Il y a beaucoup plus de volonté de travailler ensemble entre les enseignants du premier degré et ceux du second degré, explique Olivier Rietmann. Avec cette expérimentation, tous les élèves de CM1 et CM2 se rendent chaque jour en fin de journée faire leur dernière heure de cours au collège et travaillent avec des élèves et des professeurs du collège." Face à ce qu'il appelle "une vraie attente sur les territoires dans ce domaine, à la fois des enseignants et des élus", il souhaitait donc savoir si les écoles dites "du socle" allaient prochainement être consacrées par un texte.

Réussite et parcours scolaire

Dans sa réponse, la secrétaire d'État chargée de l'éducation prioritaire, Nathalie Élimas, rappelle les principes des établissements des savoirs fondamentaux : "L'organisation pédagogique vise à réunir dans un même site, dans un pôle scolaire unique, des élèves de la petite section de maternelle à la classe de troisième. Elle est soutenue par les autorités du département et suivie par les services départementaux de l'Éducation nationale."

Sur le cas de Jussey, la réunion sur un même site n'est pas encore une réalité. Elle devrait intervenir en 2022, après des travaux d'aménagement dans le collège où tout le monde se regroupera. Nathalie Élimas précise que, quoi qu'il en soit, "une attention est portée sur les effets de cette organisation, sur la réussite et le parcours scolaire de élèves". Elle ajoute que "plusieurs temps d'échange entre les collectivités concernées et les équipes pédagogiques ont permis de conduire une réflexion partagée sur les conditions d'accueil à réunir et les choix à opérer, notamment en matière architecturale pour améliorer la qualité de vie et les conditions d'apprentissage des élèves".

"Points d'amélioration"

Sur plan pédagogique, bien que la crise sanitaire et le respect du protocole sanitaire n'ont pas permis "d'objectiver l'impact du projet sur la scolarité des élèves, il est toutefois possible de percevoir par l'analyse des résultats aux évaluations nationales, notamment des élèves de sixième, des points d'amélioration". La secrétaire d'État cite par exemple la diminution de la part des élèves ayant une maîtrise insuffisante ou fragile des acquis, tant en français qu'en mathématiques.

Autre point positif : la prise en charge de la difficulté scolaire tout au long du parcours des élèves est bien installée dans l'établissement. Enfin, les élèves semblent mieux comprendre et vivre les transitions inhérentes au parcours scolaire.

Malgré ce tableau presque parfait, Nathalie Élimas a conclu en affirmant que la création par voie réglementaire ou législative d'établissements publics locaux des savoirs fondamentaux "n'est pas à l'ordre du jour des travaux en cours au sein du ministère de l'Éducation nationale". Au vu de l'histoire récente, il n'est toutefois pas interdit de penser que la question pourrait ressurgir à tout moment…