Saint-Florentin fait renaître un quartier médiéval (89)

Ancienne cité médiévale située au cœur de la France dans l’Yonne, Saint-Florentin (4.200 habitants) dispose d’atouts patrimoniaux importants. Encore faut-il les faire fructifier. « Au début des années 2000, se souvient le maire, Yves Delot, notre bâti ancien se dégradait dangereusement et des réparations de bric et de broc rompaient son harmonie originelle, avec pour corollaire une vacance en progression constante pour les locaux commerciaux et les logements. » Élu en 2008, il décide avec la nouvelle équipe municipale de redonner de l’attrait au quartier, en commençant par l’îlot Courquillon qui constituait un point de fragilité majeur en centre-ville. Objectif mieux exploiter son potentiel architectural et urbain.

Rachat de parcelles

L’opération programmée d’amélioration de l’habitat et de renouvellement urbain (OPAH-Ru) couvrant la période 2008-2013 était cependant insuffisante pour assurer la réhabilitation de l’îlot Courquillon. Les propriétaires des parcelles très imbriquées qui le composent n’avaient souvent pas les moyens et parfois, pas de volonté de rénover. Il faudra donc attendre l’arrivée du dispositif RHI-Thirori (lire l’encadré) mis au point par l’Anah en 2011 pour commencer les démarches de rachat à l’amiable des parcelles par la commune. Ces démarches se poursuivront sur six ans, pour une somme de 650 000 euros, sur un budget total de rénovation de près de 3 millions d’euros. Ce rachat par un acteur unique, la commune, avec des subventions Thirori de l’Anah, était indispensable selon le maire pour donner une harmonie et une cohérence à la réhabilitation de l’ensemble de l’îlot. Le maire, en première ligne de ce projet, a dû faire preuve de beaucoup de persuasion auprès des propriétaires pour éviter de surpayer des biens en très mauvais état.

Rénovation du bâti médiéval : des compétences pointues

En plus du partenariat avec l’Anah, la commune travaille avec la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et avec les architectes des bâtiments de France (ABF). Elle s’entoure aussi d’un architecte et des artisans de la région dotés du savoir-faire pour procéder à ce type de rénovation. Démontage des maisons pierre par pierre, réfection des façades, curetage, création de voies d’accès et de parkings, reconstitution de 17 logements et de 6 commerces aux normes BBC, réutilisation de poutres en bois récupérables ou utilisation de bois neuf mais vieilli exigent des compétences spécifiques. D’autant que les façades médiévales avaient dû être remplacées au XIXe siècle pour élargir la rue avant d’être rebâties dans le style de l’époque.

Les travaux de structure s’achèvent en 2021. Les biens de l’îlot sont alors revendus à un bailleur social, qui procède aux travaux d’aménagement intérieur jusqu’en 2023. « En quelques jours tous les logements étaient loués, se félicite le maire, et les locaux commerciaux ont rapidement trouvé preneur. » Seule petite ombre au tableau, à l’exception d’un chocolatier qui attire une clientèle bien au-delà des frontières communales, ces locaux sont loués par des entreprises de services, certes importantes, mais qui ne revitalisent pas la vie d’un quartier comme les commerces de bouche. 

Projet global

La réhabilitation de l’îlot Courquillon a permis à Saint-Florentin de rénover une partie de son centre-ville. L’autre partie reste à rénover, mais des projets sont en cours ou déjà achevés avec l’ouverture de l’Office du tourisme, d’une Maison des services, d’une résidence pour les seniors. La rénovation de la halle, les projets de centre administratif et de Maison de santé avancent. Une deuxième OPAH (2022-2027) contribue à renforcer l’attractivité de la ville qui ne peut se penser que « dans le cadre d’une action globale et pour ainsi dire tous azimuts », conclut le maire.