Quillebeuf-sur-Seine : cinq logements sociaux dans l'ancien presbytère (27)
Dans l'ancien presbytère de Quillebeuf, l'association Néologis a réalisé cinq logements, à destination des ménages les plus en difficulté. Pour la commune, qui confie ce bâtiment en bail à réhabilitation à l'association, c'est à la fois une solution qui sauvegarde un patrimoine remarquable et une offre de logements locatifs sociaux bienvenue.

© Néologis
« Quillebeuf a été une ville animée au temps des capitaines au long cours et des pilotes de Seine. Depuis plus de 30 ans, nous faisons face à une baisse de population régulière, note Carine Boquet, la maire de cette commune de 800 habitants, située en bord de Seine. Les maisons de ville avec courette, aux pièces étroites sur trois ou quatre niveaux, ne correspondent plus au goût du jour, ne trouvent pas preneur et se dégradent. » Lorsqu'en 2018, une entreprise d'insertion de la région (ABBEI) propose à la commune de penser ensemble la rénovation du presbytère désaffecté pour en faire du logement, la mairie donne rapidement son accord. « Pour nous, l'’enjeu était double : à la fois sauver le patrimoine communal et inverser la courbe démographique. »
Un projet mené en maîtrise d'ouvrage d'insertion
Le projet du presbytère de Quillebeuf est la première réalisation de l’association Néologis. « Notre association a été fondée en 2016 par d'anciens professionnels du logement ou du bâtiment, avec pour vocation de réhabiliter du patrimoine pour en faire des logements sociaux », explique André Fouché, son président. Ne disposant alors d'aucune expérience antérieure, l’association s'est appuyée sur Solidarités Nouvelles pour le logement, agréée en maîtrise d'ouvrage d'insertion (MOI) (voir encadré). « L'idée était de réhabiliter le bâtiment confié par la mairie, en recourant pour partie à du travail en insertion, et en destinant les logements aux publics les plus défavorisés. Avec le bail à réhabilitation, la municipalité reste propriétaire », poursuit le président. Ici, les locataires doivent être sous les seuils PLAI, soit un maximum de 12 700 euros de revenus annuels pour une personne seule, comme l’établit le barème des plafonds de ressources pour les différents types de logements sociaux.
L'enjeu d'une gestion participative
L'autre volonté de Néologis était de concevoir cette rénovation en mode participatif. « Nous avons voulu associer les futurs locataires pour qu'ils puissent participer à la conception et mieux se connaître, explique le président. Deux locataires ont finalement participé, aux côtés des habitants de la commune. Ça n'est pas toujours simple pour de futurs locataires de s'inscrire dans un projet deux ans avant d'emménager, d'autant plus que nous sommes tombés dans la phase COVID. » Depuis la livraison des logements, le volet participatif a pris tout son sens dans la gestion courante du bâtiment : « Les locataires se chargent ensemble de l'entretien du jardin et des espaces communs. Nous leur proposons aussi des chantiers collectifs que nous accompagnons. Les liens se créent dans cet immeuble très multi-générationnel, avec des habitants âgés de 28 à 73 ans ! »
Largement financé
Les travaux de rénovation proprement dits se sont tenus de 2019 à 2020 : ils ont permis de créer cinq logements sur trois niveaux : un studio, deux appartements T1 et deux appartements T2, ainsi qu'une salle commune au rez-de-chaussée. « Au total, 40 % des travaux ont été réalisés par des personnes en insertion, indique le président. Une entreprise d'insertion a été mobilisée pour l'aménagement intérieur des cloisons et des structures employant des personnes en insertion sont intervenues pour tout le lot plomberie-électricité. » L'ensemble de la rénovation a coûté 622 000 euros : « Nous avons eu la chance d'être très bien financés, par des fonds publics, mais aussi plusieurs fondations ». Depuis la mise en service du presbytère rénové, tous les logements sont loués, tout simplement proposés sur le Bon Coin lorsqu'un locataire déménage ! « Nous n'avons aucun mal à trouver des personnes intéressées et dans les plafonds de revenus », souligne le président. Logique : le projet initial s'est appuyé sur un diagnostic social de territoire qui montrait la pertinence d'une telle offre face à la demande.
Un partenariat fructueux
La maire de Quillebeuf rencontre régulièrement les membres de Néologis : « Ils tiennent à partager toutes les décisions avec nous, souligne-t-elle. Et c’est un soulagement pour beaucoup de Quillebois que la commune reste associée au destin de cette bâtisse emblématique, dans laquelle plusieurs générations ont des souvenirs forts. » La mairie poursuit par ailleurs sa mobilisation pour tenter de résorber l'habitat dégradé dans la commune : « Des réflexions sont en cours avec le bailleur social départemental pour trouver une solution dans un bâtiment de sept logements, situé dans la rue principale. Chaque petite victoire est une avancée qui améliore notre cadre de vie », conclut le maire. Côté Néologis, l'association souhaiterait dupliquer ce premier projet dans un nouveau site de la région normande.
Zoom sur la maîtrise d'ouvrage d'insertion (MOI)
La maîtrise d’ouvrage insertion (MOI) est un dispositif qui permet de produire du logement locatif très social et sur le temps long. Équivalent au PLAI du parc social public, elle s’adresse aux ménages les plus en difficulté. Elle est mise en œuvre par des organismes associatifs agréés, qui peuvent notamment être sollicités par les collectivités en recherche de programmes pour des bâtiments dégradés ou vacants, ou pour résoudre des situations de mal-logement avec des biens trop chers. Pour ces opérations de rénovation globale de bâtis anciens, l’ANAH apporte une aide bonifiée par rapport au soutien aux bailleurs classiques, qui peut atteindre 60 %. (Source ANAH)
· Tout savoir sur les logements sociaux PLAI, PLUS, PLS, sur le site de CDC Habitat
Le projet de réhabilitation en quelques chiffres
- 5 logements créés
- 35 ans de bail à réhabilitation concédés par la mairie à l’association Néologis
- 622 000 euros TTC : le coût du projet, financé par des subventions publiques (ANAH 27, 4 %, Leader 16,1 %, Conseil départemental de l'Eure 1,6 %), des aides de fondations (Fondation du Patrimoine, Fondation pour le logement des défavorisés, Union SNL et Fondation Macif) , un prêt CDC (16,8 %) et des fonds propres (0,9 %)
- 1 200 euros : le montant mensuel de loyers perçus par Néologis pour les cinq logements
Voir aussi
Pour aller plus loin
· La vidéo réalisée par la Fondation du patrimoine, sur YouTube
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