Exposition des riverains aux pesticides : Générations futures demande des zones de non-traitement d'au moins 150 mètres

En se fondant sur les résultats d'analyses menées dans trois départements – Nord, Gironde et Rhône – sur l'exposition aérienne aux pesticides, l'association Générations futures estime que les zones de non-traitement actuelles de 5 à 10 mètres sont largement insuffisantes pour protéger les populations des régions agricoles et qu'il faudrait porter ces distances à 150 mètres au moins.

Après de premières campagnes d'analyse de l'air menées en 2021 et 2022 dans des zones de grande culture et en 2023 dans des zones viticoles, l'association Générations futures a publié ce 16 janvier un nouveau rapport présentant les résultats d'une nouvelle campagne de prélèvements et d’analyses lancée pour améliorer le protocole mis en œuvre auparavant, sur la base de préconisations de l'Anses. Les améliorations apportées viennent de l’emploi de cinq capteurs différents par parcelle testée (un sur chaque côté et un au centre) et d’un capteur de contrôle en milieu urbain, de l’utilisation de capteurs plus performants permettant de fixer des pesticides comme le glyphosate, de la recherche de liste de molécules plus longues en laboratoire, etc. "Le but était à la fois d’objectiver la situation d’exposition aux pesticides des riverains vivant à proximité immédiate des cultures et d’étudier les effets d’un éloignement de l’ordre de quelques dizaines de mètres de cette proximité immédiate sur les concentrations de pesticides dans l’air", indique l'association.

Trois parcelles analysées dans trois régions différentes

Trois parcelles sans traitement ont ainsi été équipées de capteurs, l'une dans le Nord, où dominent les grandes cultures (céréales et pommes de terre, notamment) et les deux autres dans des départements principalement viticoles (Gironde et Rhône).

"Si quelques mètres d'éloignement des pulvérisations de pesticides suffisaient à réduire de manière forte la concentration des pesticides dans l'air, les capteurs que nous avons installés au centre des parcelles devraient logiquement avoir (enregistré) des quantités de pesticides bien inférieures aux capteurs installés en périphérie des parcelles étudiées", souligne Générations futures. Or dans le Nord, c'est le capteur central, situé à plus de 35 mètres de la parcelle traitée la plus proche, qui a enregistré les quantités de pesticides les plus importantes. Dans le Rhône, le capteur central, situé à 70 mètres de la parcelle traitée la plus proche, a enregistré la deuxième quantité de pesticides la plus importante. En Gironde, à 57 mètres de la parcelle traitée la plus proche, le capteur a enregistré la troisième quantité de pesticide.

Autant de preuves, selon l'association, que "des dizaines de mètres d'éloignement des zones pulvérisées par des pesticides ne suffisent pas à diminuer significativement les quantités de pesticides dans l'air". "Les zones non traitées (ZNT) de 5 à 10 mètres utilisées actuellement sont donc clairement totalement insuffisantes pour réduire l'exposition aérienne aux pesticides des personnes habitant en zone agricole", estime Générations futures.

Riverains exposés à des cocktails de pesticides

Les résultats des analyses ont montré que les riverains des zones traitées par des pesticides sont exposés à des cocktails de nombreux pesticides – en 7 semaines, jusqu'à 35 substances différentes ont été relevées. Le glyphosate, classé cancérogène probable, est particulièrement présent dans le Nord tandis que de nombreux pesticides dangereux selon la classification de l'Union européenne - produits comportant des substances CMR (cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques) ou perturbatrices endocriniennes – ont eux aussi été détectés dans les différentes parcelles analysées.

Autre constat : la pollution de l’air par les pesticides agricoles utilisés peut induire des concentrations encore importantes dans les petites villes situées en milieu rural, comme l'a montré le capteur de contrôle situé à Hazebrouck (Nord). Dans ce département, plus de 60% du territoire est dévolu à l'agriculture, rappelle Générations futures. Mais pas question pour l'association de s'en prendre à l'activité agricole en tant que telle, bien au contraire, souligne son président, François Veillerette. "Nous défendons simplement des changements de pratiques. Comme sur les périmètres de captage d'eau potable, il y a une transition agroécologique à faire dans ces zones."

Porter les zones de non traitement à 150 mètres au moins

Générations futures demande donc à ce que la nouvelle version du plan "Ecophyto", qui doit être finalisée dans les semaines à venir, comporte des mesures en faveur de la réduction de l’usage des pesticides permettant "une diminution forte de l’exposition des populations rurales aux pesticides par voie aérienne". L'association souhaite également que les registres d’épandage de pesticides des agriculteurs soient tenus par voie électronique et consultables librement en ligne par le public. Elle réclame aussi le retrait du marché les produits pesticides comportant des matières actives CMR ou Perturbatrices endocriniennes suspectées (catégories 1 et 2). Enfin, elle exige un élargissement important des zones de non traitement (ZNT) actuelles jusqu’à au moins 150 mètres afin de réduire l'exposition des populations rurales à des pesticides dangereux.

 

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