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Démographie - Fécondité : la France "sous X"

L'Insee vient de publier (en même temps qu'il communiquait les chiffres de la population au 1er janvier 2013 - voir ci-contre notre article du 15 janvier) une étude originale et riche d'enseignements sur "La fécondité dans les régions depuis les années 1960". Qui sait aujourd'hui qu'il a existé en France, depuis le milieu du XIXe siècle et jusqu'aux années 1960 un "croissant fertile" réunissant l'ouest, le nord et l'est de la France, mais sans englober Paris ? Depuis la fin du baby-boom, les choses ont bien changé. Les disparités régionales tendent à se réduire. Mais elles n'ont pas pour autant disparu. En 1962, l'indicateur conjoncturel de fécondité (la somme des taux de fécondité par âge observés une année donnée, mesurant ainsi le nombre d'enfants qu'aurait une femme au cours de sa vie si les taux de fécondité par âge observés l'année considérée demeuraient inchangés) variait de 2,38 à 3,37 enfants par femme. Dès 1975, l'écart ne va plus que 1,66 à 2,3. En 2009, l'indicateur conjoncturel de fécondité se situe entre 1,63 et 2,08 enfants par femme (en métropole). Au niveau national, l'indicateur a connu une courbe "en V". De 2,83 en 1962, il est passé à 1,93 en 1975, puis à 1,66 en 1994, avant de remonter à 1,98 en 2009 (2,0 avec les DOM).
Aujourd'hui, le niveau de l'indicateur conjoncturel de fécondité selon la région de résidence de la mère présente une répartition géographique "en X". Il est élevé (de 2,0 à 2,37 enfants par femme) dans le nord-ouest (Ile-de-France comprise) et le sud-est (Franche-Comté, Rhône-Alpes et Paca). Il est faible (de 1,63 à 1,90 et de 1,91 à 1,99 enfant par femme) dans le sud-ouest et le nord-est. La Corse présente un cas à part, avec l'indicateur le plus faible (1,63), tandis que le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie affichent les indicateurs les plus élevés (2,08 et 2,07). Parmi les DOM, Martinique (2,08), Guadeloupe (2,16) et Réunion (2,38) se rapprochent des chiffres métropolitains, tandis que la Guyane (3,49) présente une situation nettement différente.

Evolution de la fécondité : une fracture nord-sud

En termes d'évolution entre 1975 et 2009, l'indicateur conjoncturel de fécondité a sensiblement progressé dans trois régions (Ile-de-France, Paca et Languedoc-Roussillon) et augmenté plus faiblement dans cinq autres régions (Centre, Limousin, Rhône-Alpes, Aquitaine et Midi-Pyrénées). A l'exception de l'Ile-de-France et du Centre, le dynamisme de la fécondité au cours de cette période se situe donc systématiquement au sud de la Loire (la Corse constituant toujours une exception). A l'inverse, les régions sur ou au nord du fleuve ont vu leur fécondité reculer entre 1975 et 2009.
Ces écarts géographiques n'empêchent pas un certain nombre de convergences. La plus significative est le recul systématique, depuis 1977, de l'âge moyen à l'accouchement. Contrairement à une idée reçue, l'âge moyen à la naissance était de 29,4 ans au début du XXe siècle (essentiellement du fait du nombre de naissances et de la faible maîtrise de la fécondité). En 1977, il était tombé à 26,5 ans. Depuis lors, il ne cesse de remonter, du fait de l'âge moyen plus élevé au premier enfant, et dépasse légèrement 30 ans en 2011 en métropole. L'Insee explique ainsi que "les bachelières et diplômées de l'enseignement supérieur ont été les premières à retarder leurs grossesses, dès le milieu des années 1970, le mouvement ne se généralisant aux femmes moins diplômées qu'à partir des années 1980". Cette progression de l'âge moyen à la naissance a été particulièrement rapide en Ile-de-France, où il atteint désormais 31 ans. En 2009, 26% de la fécondité francilienne est due à des femmes de 35 ans ou plus, contre 20% dans les autres régions de métropole.

 

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