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Industrie - Fermeture du site de Belfort : le bras de fer est engagé

Un bras de fer est engagé entre Alstom, qui a annoncé le 7 septembre l'arrêt de la production de trains sur son site de Belfort, et le gouvernement qui s'est fixé comme objectif le maintien des activités d'Alstom sur ce site. Cinq dossiers sont en cours de discussion pour aider le groupe à remplir son carnet de commandes.

"Tout sera fait pour que le site de Belfort soit pérennisé" pour "plusieurs années". Depuis Bucarest, le président de la République a réaffirmé ce 13 septembre sa volonté d'aider le groupe Alstom à maintenir son site industriel historique de Belfort.
Le constructeur ferroviaire français a annoncé le 7 septembre vouloir stopper la production de trains à Belfort d'ici à 2018, la baisse globale des commandes imposant un transfert de production à Reichshoffen, dans le Bas-Rhin. Cette décision touche plus de 400 salariés, et trois plus d'emplois indirects. Dès le lendemain de l'annonce, le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, était reçu à Bercy, l'Etat n'ayant pas été préalablement informé de la nouvelle.
A l'issue d'une réunion interministérielle sur le sujet le 12 septembre, Michel Sapin, le ministre de l'Economie, a précisé que des discussions auraient lieu cette semaine, notamment "avec l'ensemble de ceux qui, en capacité de passer un certain nombre de commandes en France, peuvent permettre d'assurer le plan de charge qui permettra de sauver les activités ferroviaires d'Alstom à Belfort". Il a également insisté sur les problèmes de forme. "Nous avons dit déjà aux responsables de cette entreprise combien la manière de faire était inadmissible," a précisé Michel Sapin, n'évitant pas les critiques, de droite comme de gauche, sur la gestion du dossier.
Le même jour, François Hollande, en visite dans un organisme de formation à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), donnait le ton. "J'ai donné cette direction : nous devons nous mobiliser pour qu'il y ait plus de commandes qui soient apportées, il faut se mobiliser aussi pour défendre notre industrie (…). Quand il y a de grandes filières qui doivent être soutenues, nous devons nous engager. En ce moment, c'est le cas pour la filiale ferroviaire avec Alstom", a-t-il déclaré.
Le secrétaire d'Etat chargé des transports a enfoncé le clou le soir même indiquant que le site de production de Belfort restera "dans les mêmes proportions qu'aujourd'hui". Pour lui, l'annonce est "d'autant plus incompréhensible aujourd'hui que nous sommes dans l'attente de décisions" concernant des appels d'offres.

"Maintenir la production de trains à Belfort est aujourd'hui impossible"

Mais en face, le PDG d'Alstom tient bon. "Maintenir la production de trains à Belfort est aujourd'hui impossible," a ainsi affirmé Henri Poupart-Lafarge dans un message adressé à ses salariés ce 13 septembre, précisant qu'il n'y aurait pas de départs contraints d'ici à 2018. "Il est hors de question que le site de Belfort ferme", a pour sa part déclaré Manuel Valls, lors d'un déplacement à Verdun (Meuse) en réponse à la diffusion du message.
Les syndicats du constructeur ferroviaire ont été reçus ce 13 septembre par le gouvernement, lequel a également reçu le député-maire de Belfort, Damien Meslot. Ce dernier s'est déclaré "profondément choqué" par le message du PDG d'Alstom et a appelé à une opération "ville-morte" le 24 septembre à 14 heures. Il demande à l'ensemble des habitants de se réunir autour des élus et des organisations syndicales et aux commerçants de baisser leur rideau pendant une heure ce jour-là. "Comment Monsieur Poupart-Lafarge peut-il tenir ces propos avant même d'avoir rencontré les élus locaux et alors que le gouvernement s'engage dans le même temps à préserver le site dans les mêmes proportions qu'aujourd'hui ?", s'est ainsi indigné Damien Meslot.
D'après le secrétaire d'Etat aux transports, Alain Vidalies, cinq projets sont en cours de discussion pour aider le site industriel de Belfort à remplir son carnet de commandes : trois dossiers peuvent se concrétiser rapidement, les deux autres sont en cours. "Il y a un certain nombre de dossiers qui avancent bien, à la fois à l'étranger, je pense à l'Italie, mais aussi en France. Cela demande encore quelques jours, quelques semaines, pour certains quelques mois avant de les finaliser," a pour sa part indiqué Manuel Valls, demandant "un peu de patience dans les jours qui viennent, qu'on ne s'emballe pas et qu'on ait comme objectif la pérennité".
Le sujet sera débattu en séance plénière au Parlement européen le 14 septembre et une résolution devrait être adoptée lors de la session plénière d'octobre.

 

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