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Culture - Festivals : le rapport Cohen propose de revoir les modalités d'intervention de l'Etat

Pierre Cohen n'a toujours pas remis officiellement son rapport sur les festivals que Fleur Pellerin, alors ministre de la Culture, lui avait commandé l'année dernière (voir notre article ci-contre du 23 juin 2015). Il s'agissait à l'époque d'y voir plus clair dans la polémique sur la disparition de festivals en raison du désengagement, réel ou supposé, de l'Etat et des collectivités territoriales (voir nos articles ci-contre).
Lassé d'attendre un hypothétique signe de la ministre actuelle, Audrey Azoulay, l'ancien maire (PS) de Toulouse a fini par adresser le document "prêt depuis avril" à quelques médias, dont notre confrère La Gazette des communes

Trois idées directrices

Le rapport, d'une vingtaine de pages, ne répond pas véritablement à la question posée et laisse quelque peu sur sa faim. Il se contente de reprendre les conclusions de diverses études, dont le Barofest 2016, réalisé par la Sacem, le CNV (Centre national de la chanson, des variétés et du jazz) et l'Irma (Centre de ressources des musiques actuelles), et publié à l'occasion du dernier Printemps de Bourges (voir notre article ci-contre du 18 avril 2016) : des festivals disparaissent effectivement, mais le mouvement de création de nouvelles manifestations reste supérieur, même si tout indique que les budgets sont en baisse.
Le rapport préfère se concentrer sur un autre aspect de la question : il "souhaite mettre en avant la force d'entraînement des festivals, pour les territoires comme pour ses acteurs culturels" et "considère que les vertus d'expérimentation, de structuration et de coopération appellent une reconnaissance accrue et un effort de sécurisation". Les propositions avancées portent donc sur trois points principaux : l'observation, la contractualisation et le rôle de l'Etat.

"Une dynamique territoriale structurante"

Sur l'observation, l'idée directrice est que les festivals sont "bien plus que de simples événementiels, une dynamique territoriale structurante", ce qui explique l'engagement fort des collectivités. Il convient donc de mettre en place des outils d'observation élaborés à partir d'une méthode commune et partagée et d'expérimenter ces outils sur les territoires.
Sur la contractualisation, le rapport estime que les outils actuels sont insuffisamment protecteurs. Il propose donc de renforcer les outils de contractualisation par une plus grande concertation avec l'ensemble des acteurs. Pour Pierre Cohen, "prendre résolument le chemin de la co-construction apparaît comme le moyen de mieux légitimer et pérenniser les festivals, en ce qu'il fait de la reconnaissance par les tutelles, les pairs voire les publics, le fondement d'un engagement commun dans les projets des festivals".

Recentrer le rôle de l'Etat

Enfin, le rapport préconise de recentrer le rôle de l'Etat sur quatre modalités d'intervention. La première est l'accompagnement des acteurs sur la question de la reconnaissance, les procédures utilisées pour les établissements culturels - agrément, accréditation et labellisation - ne semblant pas adaptés aux festivals.
La seconde consiste en la mise en œuvre d'un soutien financier ciblé, reposant par exemple sur la présence effective d'un certain nombre de critères.
Troisième modalité d'intervention de l'Etat : la veille juridique au service de l'équité professionnelle. L'expression vise un certain nombre de questions d'actualité, comme la rémunération des stagiaires, la mise en place d'un droit de suite pour les festivals ayant soutenu des artistes au début de leur carrière ou encore la question du périmètre du fonds d'urgence.
Enfin, la quatrième modalité concerne la coordination des enjeux des festivals au sein du ministère de la Culture - qui mériterait d'être mieux structurée - et en interministériel.