Feux de forêt : plus de 300 sites Seveso potentiellement exposés

316 sites, soit le quart des installations classées Seveso en France métropolitaine sont suffisamment proches de forêts pour être menacés en cas d'incendie révèle une étude publiée ce 19 juillet par la start-up Callendar spécialisée dans l'évaluation des risques climatiques.

Les incendies de forêts qui risquent de se multiplier à l'avenir du fait du changement climatique peuvent-ils menacer les installations industrielles les plus dangereuses ? Une étude publiée ce 19 juillet par la start-up Callendar spécialisée dans l'évaluation des risques climatiques répond par l'affirmative. Fondée sur des données satellitaires, elle évalue dès aujourd'hui à 316 le nombre de sites classés Seveso – parmi lesquels 187 classés "seuil haut", soit le niveau de dangerosité le plus élevé - suffisamment proches de forêts pour être menacés en cas d'incendie en France métropolitaine. Cela représente environ un quart des installations dangereuses actuellement présentes sur le territoire.

Une hausse de 50% du risque d'incendie à proximité des installations en 2050 

Alors qu'au début des années 2000, la majorité de ces sites n'étaient que rarement soumis à des conditions météorologiques (température, vent, sécheresse…) favorables aux incendies, "le changement climatique va aggraver significativement ce risque", affirme l'étude. "En 2050, dans un scénario d'émissions médian*, trois quarts des 316 installations Seveso françaises situées à proximité de zones boisées seront exposées à un risque d'incendie élevé au moins 10 jours par an, contre un tiers en 2000, évalue-t-elle. En moyenne, à cet horizon, le risque d'incendie à proximité de ces installations va augmenter de 50% environ".

Nouvelle répartition géographique des risques

Cette aggravation générale s'accompagne d'une évolution dans la répartition géographique des risques, souligne aussi l'étude. La Provence et la vallée du Rhône devraient rester les régions les plus exposées – dans un scénario d'émissions médian, les installations Seveso situées dans le Var, par exemple, devraient être exposées à un risque d'incendie élevé 115 jours en moyenne en 2050. Mais dans plusieurs départements du Sud-Ouest et du centre, le risque devrait aussi augmenter de façon très marquée : ainsi en Aveyron, la durée des périodes à risque élevé d'incendie devrait augmenter de 70%, passant de 20 jours par an en moyenne en 2000 à 34 en 2050 tandis que dans le Cantal, la hausse est estimée à 85%. Il y aura surtout plus d'installations exposées dans le nord de la France, estime l'étude. Alors qu'avec le climat des années 2000, la majorité des installations Seveso exposées à un risque significatif d'incendie se trouvaient dans le sud de la France, principalement dans la vallée du Rhône - l'Isère étant le département le plus concerné avec 17 installations exposées à un risque élevé d'incendie plus de 10 jours par an en moyenne, suivi des Bouches-du-Rhône avec 15 installations -, l'évolution du climat va modifier cette répartition à l'horizon 2050. Le risque va ainsi devenir significatif dans des régions où il était historiquement très faible comme en région parisienne, estime l'étude. Dans un scénario d'émissions médianes, la Seine-et-Marne, par exemple, devrait compter 11 installations Seveso exposées à un risque d'incendie élevé au moins 10 jours par an, ce qui en ferait le 3e département le plus exposé à égalité avec le Bas-Rhin et l'Oise.

Besoin d'anticipation du risque

Pour limiter le risque d'accident industriel, le cabinet Callendar appelle donc à des actions de prévention immédiates. "L'aggravation des feux de forêt ou leur apparition autour de sites jusque-là épargnés doit être anticipée par les exploitants, les services de secours et l'Etat, en particulier avec la mise en place d'actions de prévention, l'adaptation des plans d'urgence et le dimensionnement des moyens de secours, concluent les auteurs de l'étude. D'une manière plus générale, compte tenu de leur durée de vie, le risque futur de feux de forêt est à prendre en compte dès à présent dans l'implantation de nouvelles installations et dans les investissements importants sur des sites existants, ce qui peut nécessiter une adaptation des dispositifs d'évaluation environnementale."

*Scénario RCP 4,5 du GIEC