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Foncier agricole : RÉCOLTE, une nouvelle plateforme collaborative qui valorise les actions des collectivités

Terre de Liens, le mouvement citoyen qui lutte contre la spéculation foncière et l'artificialisation des terres agricoles, et l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) ont lancé début octobre 2020, une nouvelle plateforme collaborative, RÉCOLTE. L'outil vise à enrayer la disparition des terres et à faciliter l'accès au foncier, fiches d’expériences à l’appui. Terre de Liens propose également, depuis le 9 octobre, un nouveau centre de ressources. 

“Toutes les collectivités locales françaises devraient consulter la plateforme RÉCOLTE. La diversité des initiatives décrites permet réellement de comprendre comment construire un projet local réussi sur le foncier agricole”.  L'enthousiaste témoignage de Gilles Pérole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux, concernant l'outil collaboratif lancé début octobre 2020,  sera-t-il contagieux ? En tout cas, c’est bien pour aider les collectivités et les citoyens à agir en faveur de la préservation des terres agricoles, que le mouvement citoyen Terre de Liens et l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) ont conçu RÉCOLTE. En recensant des expériences innovantes de gestion du foncier agricole, ce nouveau site web entend contribuer à la sauvegarde des terres et à l'installation d'agriculteurs.  "On parle d’outiller les acteurs locaux parce que RECOLTE offre un vrai panel d’instruments de partage de connaissance en termes de gestion des terres agricoles aux acteurs d’un territoire :  élus et techniciens des collectivités, services de l’Etat, bureaux d’étude, organisations professionnelles agricoles, chercheurs, agriculteurs, porteurs de projets agricoles et citoyens", détaille Denis Meshaka, chargé de mission sur ce projet à l'Inrae. 

Construire la souveraineté alimentaire

La problématique est sensible. "En France, 88 hectares de terres agricoles disparaissent chaque jour et la moitié des agriculteurs partira à la retraite d'ici dix ans”, rappellent les cofondateurs de la plateforme. Selon l’adjoint au maire de Mouans-Sartoux, très impliqué sur la question, il faudrait que “les communes s’auto-saisissent d’une compétence alimentation qui n’existe pas en tant que telle à ce jour”. La construction de leur souveraineté alimentaire passe, selon l’élu,  par la gestion foncière des terres agricoles, mais pas seulement. “Il faut aussi prévoir des programmes d’aide à l'installation, à la structuration de la filière de vente, à l’accès des habitants à une alimentation saine”, détaille-t-il. Avant de conclure : "On prépare l'alimentation des générations futures !"

Outiller les acteurs locaux

Pour autant, il faut bien commencer à agir sur l'un des leviers. Et celui de la gestion des terres agricoles est central pour adapter l'agriculture aux attentes de la société en matière d'environnement et d'alimentation. Une attente, qui durant la période du confinement, s’est exacerbée. Terre de Liens et l'Inrae ont donc identifié un "enjeu majeur à outiller les acteurs locaux et les politiques publiques”. 
Ils ont conçu RÉCOLTE comme une plateforme web qui vise à  “étudier et faire connaître les solutions pour agir sur le foncier agricole, valoriser les actions des collectivités pour préserver des terres agricoles et permettre le partage d'expériences entre acteurs de la gestion du foncier agricole" (1). Sur ce site collaboratif, les internautes peuvent par ailleurs eux-mêmes enrichir les informations, proposer ou actualiser l’une des 50 fiches d’ores et déjà répertoriées. Ils ont la possibilité de joindre directement des personnes ressources et les porteurs de chaque expérience sur l'ensemble du territoire national. Des séminaires et des ateliers leur sont également proposés.

Projet de sciences participatives

La plateforme porte aussi l’ambition d’un projet de sciences participatives au service de la transition agricole et alimentaire des territoires. “Le volet recherche du projet permettra des avancées scientifiques sur l'innovation foncière et la gestion participative de données, tandis que le volet citoyen rendra les connaissances produites accessibles à tous et ira au-delà pour construire et animer une communauté multi-acteurs”, a commenté Jean-Michel Chardigny, à la Direction du Partenariat et du Transfert pour l'Innovation d'Inrae, dans un communiqué du 1er octobre. Le projet pourrait ainsi permettre la structuration d'un réseau d'acteurs français autour de la gestion durable du foncier agricole. Et peut-être, changer la donne.  

(1) à savoir élus et techniciens des collectivités, services de l'État, bureaux d'étude, Organisations professionnelles agricoles, Organismes nationaux à vocation agricole et rurale, chercheurs, agriculteurs et porteurs de projets agricoles, et citoyens.

Rentre accessibles "connaissances et expertises foncières" dans un nouveau centre de ressources

Avec ce nouveau centre de ressources, "notre volonté est de sensibiliser, documenter, inspirer et outiller toute personne souhaitant s’engager pour la préservation des terres agricoles et l’agroécologie", résume Terre de Liens qui rassemble 35.000 membres et fédère 240 fermes à travers la France, dans son communiqué du 9 octobre. Le mouvement citoyen engagé dans la préservation des terres agricoles  attire l'attention sur un nouveau centre de ressources qui vise à "rendre accessible à tous, l’ensemble de ses connaissances et expertises foncières, ainsi que celles développées par ses partenaires". Cet espace héberge une diversité de formats ( analyses, guide pratique et méthodologique, argumentaires...) dont le guide pratique : "Agir sur le foncier agricole, un rôle essentiel pour les collectivités". Publié en 2018 et mis à jour depuis, la publication permet d'étudier les rouages de l’action possible des collectivités et intervient auprès de celles qui sont soucieuses de préserver la vocation agricole des terres. Il propose également "des définitions, des clefs de compréhension, des schémas explicatifs, des retours d’expériences, des focus sur ce que dit la loi ou encore des démarches de mobilisations locales avec élus, agriculteurs et citoyens".