Forêts : le Parlement valide la nomination de Valérie Metrich-Hecquet à la tête de l'ONF

Les commissions des affaires économiques du Sénat et de l'Assemblée ont donné leur feu vert ce 14 septembre à la nomination de Valérie Metrich-Hecquet comme directrice générale de l'Office national des forêts (ONF). Une lourde tâche attend cette haute fonctionnaire, précédemment à la tête de la direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE) au ministère de l'Agriculture. Lourdement endetté et épuisé par des suppressions massives de postes, l'ONF doit répondre à l'enjeu majeur de l'adaptation de la forêt au changement climatique, après un été marqué par des incendies records. Sur sa feuille de route figurent aussi l'accompagnement de la filière bois et le renforcement du dialogue avec les collectivités locales et les usagers de la forêt.

Le Parlement a validé ce 14 septembre la nomination de Valérie Metrich-Hecquet, dont la candidature était proposée par l'Élysée, comme directrice générale de l'Office national des forêts (ONF) qui gère plus de 11 millions d'hectares de forêts en métropole et outre-mer. Les commissions des affaires économiques du Sénat et de l'Assemblée ont entendu la haute fonctionnaire, jusqu'alors directrice générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE) du ministère de l'Agriculture, avant de procéder à un vote. Son élection a été plus serrée au Sénat (10 voix pour, 12 contre, 2 bulletins blancs) qu'à l'Assemblée (29 voix pour, 22 contre, 2 abstentions). Sa candidature n'aurait pu être invalidée que si au moins trois cinquièmes des suffrages s'étaient exprimés contre elle dans chacune des commissions.

Ingénieure générale des ponts, des eaux et des forêts, Valérie Metrich-Hecquet a été secrétaire générale du ministère de l'Agriculture de 2014 à 2018, avant de prendre la tête de la DGPE : à ce titre, le syndicat majoritaire parmi les personnels de l'établissement public, le SNUPFEN Solidaires, estime qu'elle a "piloté la politique de réduction drastique des effectifs de l'ONF". "Vous étiez parmi les opérateurs de ce qu'on a souvent appelé une maltraitance institutionnelle", l'a accusée le député PS Dominique Potier lors de son audition, tandis que Mathilde Panot (LFI) s'est étonnée que Valérie Metrich-Hecquet n'ait pas eu "un mot sur la souffrance des agents" pendant sa présentation.

"Adéquation entre les missions et les moyens"

Soulignant la fragilité de la forêt française, qui doit s'adapter d'urgence au changement climatique après un été marqué par des incendies monstres – plus de 60.000 hectares sont partis en fumée –, la candidate a dit vouloir dès son arrivée "veiller à l'adéquation entre les missions et les moyens" de l'ONF. S'il s'avère que les missions liées notamment à la détection et prévention des feux ne peuvent être remplies, cela pourrait conduire à "une non-application des réductions d'effectifs sur ces missions", a-t-elle affirmé. Le contrat d'objectifs et de performances (COP) avec l'État prévoit de supprimer près de 500 postes supplémentaires (475 équivalents temps plein) entre 2021 et 2025. "Je me battrai pour l'établissement, mais je considère au bout de 35 ans (de service public) que le fonctionnaire a un devoir de loyauté et j'appliquerai les décisions prises par le gouvernement", a-t-elle toutefois prévenu.

Filière bois

Sur sa feuille de route figure aussi l'accompagnement de la filière bois, qui permet à l'office d'engranger des recettes. "L'ONF en tant qu'opérateur national dispose de la capacité de mutualiser les ressources des forêts publiques sur des bassins d'approvisionnement qui dépassent les limites administratives et de garantir des clauses de vente harmonisées et une équité d'accès à la ressource pour les acheteurs privés, a-t-elle expliqué devant les députés. Cela lui confère un rôle structurant et stabilisateur pour la filière que renforcera encore le développement de la contractualisation inscrite dans le COP." Selon elle, "le développement de la valorisation locale de la matière première brute par nos entreprises (…) est un enjeu de vitalité pour nos territoires ruraux".

Relations avec les collectivités locales

La nouvelle directrice générale de l'ONF entend aussi "resserrer les relations avec les collectivités locales, qu'il s'agisse des collectivités propriétaires de forêts ou plus largement de celles qui sont 'sièges' de forêts et souhaitent que celles-ci participent à l'aménagement et au développement de leur territoire". "Je préserverai le maillage territorial, je m'emploierai à conforter la confiance des communes forestières au travers d'une transparence accrue, d'une écoute des demandes des élus, d'une offre de services adaptée et d'un accès facilité aux données de leurs forêts", a-t-elle assuré. La mise en place de la nouvelle comptabilité analytique de l'ONF et du comité d'audit dans lequel siègent les représentants des communes forestières permettent à ses yeux de "donner des garanties de transparence sur le modèle économique de l'établissement." Elle a aussi dit vouloir "amplifier le partenariat avec les collectivités régionales".

Dialogue avec les usagers de la forêt

Autre priorité d'action : le renforcement du dialogue avec les usagers de la forêt. Valérie Metrich-Hecquet se dit "favorable à une plus grande association des ONG et des citoyens aux choix sylvicoles sur la base d'outils et d'indicateurs rendant compte de cette gestion dans tous les volets du développement durable", avec une "évaluation indépendante" de la gestion durable des forêts. Elle voit aussi l'accueil de jeunes publics comme un "moyen de "développer le dialogue avec la société", de même que le service civique en forêt.