Inquiétudes autour de la dissolution de Défi métiers, le Carif-Oref francilien

La région Île-de-France et le préfet de région ont annoncé la dissolution du Carif-Oref francilien Défi métiers d’ici à la fin de l’année. La décision pose la question de la continuité des services rendus par cet acteur de l’information sur les formations et les métiers.  

Une décision jugée "brutale et incompréhensible". Ce jeudi 22 septembre, les personnels de Défi métiers ont à l’unanimité décidé de faire grève à l’occasion de la séance plénière du conseil régional d’Île-de-France. Le 15 septembre dernier, lors du conseil d’administration du Carif-Oref francilien, la région et l’État ont fait part de leur décision de ne pas renouveler la convention constitutive du Carif-Oref francilien au-delà du 24 décembre prochain, conduisant en pratique à la dissolution de ce groupement d’intérêt public. Une assemblée générale a été convoquée courant octobre afin de définir les modalités de la liquidation du GIP, laquelle mènera au licenciement économique des salariés.

De "sérieux risques" pour les usagers

À l’instar de ses équivalents en région, Défi métiers, créé en 2002 sous la forme de groupement d’intérêt public, poursuit diverses missions au service de l’orientation professionnelle, de la formation et de l’emploi : coordination des acteurs de l’emploi et de la formation, diffusion d’informations en faveur d’une meilleure connaissance des métiers, cartographie de l’offre de formation professionnelle, analyse des bassins d’emploi et de leurs mutations économiques pour assister le service public de l’emploi… C’est à ce titre que les délégués du personnel font valoir de "sérieux risques pour de nombreux usagers, partenaires et acteurs de l’emploi-formation en Île-de-France", faute de "projet clair concernant l’avenir des activités du Carif-Oref".

Selon eux, la disparition de Défi métiers endommagerait non seulement la qualité de l’information apportée en matière de formation (notamment la base de données Dokelio mise à jour quotidiennement), mais aussi "l’alimentation des différents systèmes d’information dépendant des données produites par le GIP", dont bénéficient la région, Pôle emploi, les missions locales ou encore certains Greta. L’expertise du GIP est mobilisée pour accompagner les décisions d’ouverture de places en lycées, orienter les achats de place de formation pour les demandeurs d’emploi ou encore informer sur les métiers en tension ou à fort potentiel d’emploi.

"Le Carif Oref de l’Île-de-France est reconnu pour la qualité et l’efficacité de son travail. Cette dissolution n’est pas logique car les salariés ont développé une véritable expertise", réagit Hassan Mohamed, administrateur CFDT au sein du GIP, qui s’oppose au projet à l’unisson avec les autres organisations syndicales.

La continuité de service, priorité du réseau des Carif-Oref

Le réseau des Carif-Oref se montre lui-même préoccupé. "Il nous semblerait vraiment utile et sage de disposer de davantage de temps pour bien comprendre la nouvelle organisation et s’assurer qu’il n’y ait pas de discontinuité", déclare à Localtis son président Laurent Baudinet. Le réseau, dont les missions ont été définies par décret en 2021 (lire notre article du 23 juin), compile en effet les données rassemblées par les Carif-Oref au niveau régional, telles que l’offre de formation par apprentissage, pour les communiquer aux plateformes Parcoursup et Affelnet. Les Carif-Oref rendent par ailleurs visible l’offre de formation sur l’ensemble du territoire national grâce à la base Offre Info alimentée par les bases régionales.

Pilotage de la politique régionale

Sollicitée par Localtis, la région Île-de-France indique par mail qu’une "convention est en cours de rédaction" et qu’il "n’y aura pas de rupture de service pour les usagers".  "Les doublons et le manque de visibilité des actions menées par le GIP nuisent même au pilotage de la politique régionale de formation qui doit être simplifiée pour gagner en efficacité auprès des Franciliens", justifie l’institution. Elle met en avant des recoupements avec "des missions déjà réalisées par les services de la région ou par certains organismes associés comme l’Institut Paris Région". Pour justifier la fin de l’instance quadripartite qu’est le GIP, elle estime enfin que le Crefop (Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles)* doit "monter en puissance". Réunissant déjà les différentes parties prenantes (État, région, partenaires sociaux, réseaux consulaires), celui-ci doit davantage s’affirmer comme "l’instance de dialogue régional sur les politiques de formation"

* Les Crefop "assurent la coordination entre les acteurs des politiques d'orientation, de formation professionnelle et d'emploi et la cohérence des programmes de formation dans la région. Ils sont également chargés des fonctions de diagnostic, d'étude, de suivi et d'évaluation des politiques publiques relevant de son champ", indique Défi métiers.

 

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