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"Les missions des Carif-Oref sont reconnues, confortées et développées"

Ludovic Bertrand, directeur général du réseau des Carif-Oref (RCO) depuis le 1er mars 2021, décrypte pour Locatis les enjeux du décret du 22 juin 2021 paru le 23 juin qui définit le nouveau périmètre et l’élargissement des fonctions du réseau. Ce dernier est présidé depuis 2019 par Laurent Baudinet de l’U2P Nouvelle-Aquitaine. Pour accompagner la montée en puissance de ses missions, le RCO est doté d’un budget de 1 million d’euros et va passer d’ici à l’été prochain de un à sept ou huit collaborateurs.

Localtis : Quelle est l’origine de ce décret ?

Ludovic Bertrand : Le décret du 22 juin 2021 (n° 2021-792) paru le 23 juin clarifie le rôle de l’association nationale des Carif-Oref (RCO) qui existait depuis 2012 mais uniquement de la volonté des Carif-Oref eux-mêmes. Le réseau des Carif-Oref (RCO) en tant que tel n’avait pas jusqu’à présent de missions définies par un texte législatif, mais par des circulaires. Désormais elles sont inscrites dans la loi. De plus, les modifications apportées par la loi Avenir professionnel de septembre 2018 nécessitaient de revoir certaines missions des Carif-Oref. Le décret positionne ces derniers comme les collecteurs uniques de l’offre par apprentissage. Ils devront alimenter des outils tels que ParcourSup. Ainsi, les Carif-Oref intègrent le code du travail, c’est à la fois une réelle reconnaissance mais aussi un ajout de nouvelles compétences en lien avec la réforme de la formation professionnelle. L’Etat spécifie le périmètre sur lequel le RCO peut intervenir et les sujets sur lesquels il peut être sollicité.

En quoi consiste ce nouveau périmètre d’intervention ?

L’action du réseau des Carif-Oref est désormais structurée autour de quatre grands axes de travail. Le premier concerne la qualification et la sécurisation des chaines de production autour de l’offre de formation. Alors que les Carif-Oref en région collectent l’offre de formation continue et en apprentissage, le rôle de l’association nationale va consister à qualifier, mutualiser tout ce qui remonte de l’ensemble des régions pour distribuer cette information auprès d’un certain nombre de partenaires (Pôle emploi, les missions locales) de manière à alimenter le système de valorisation et prescription autour de l’offre de formation. Dans le cadre de cette mission centrale, nous allons mettre en place un référentiel d’établissement, créer un entrepôt de données spécifiques. Tout l’intérêt étant de garantir la qualité et la production des flux qui alimentent tous les systèmes d’information des partenaires.

Quels sont vos autres axes de travail ?

Le deuxième axe concerne la coordination des actions des Carif-Oref en matière d’observation, de professionnalisation et de diffusion de l’information, sans pour autant chercher à uniformiser l’action des différentes structures régionales qui restent autonomes. Le troisième axe vise à outiller le réseau pour faciliter son travail. Il s’agira par exemple de négocier l’accès aux données statistiques, d’acheter des outils que l’on mettra à disposition de l’ensemble des Carif-Oref, car la taille nationale offrira une force de frappe plus importante. Ou encore de représenter les Carif-Oref dans les diverses institutions : participer au réseau Emplois Compétences mené par France Stratégie ou aux travaux portés par France Compétences. Enfin, le décret indique que "le RCO a pour mission de mettre en œuvre les actions confiées par l’Etat sur une ou plusieurs régions en lien avec l’emploi, la formation et l’orientation professionnelle".

Pouvez-vous préciser ce genre d’actions ?

Cela signifie que nous pouvons intervenir sur la cartographie des apprentis sans contrat ou sur une enquête sur l’hybridation des formations. En effet, la DGEFP (Direction générale de l’emploi et de la formation professionnelle) a demandé en février dernier à RCO de traiter toutes les semaines les données transmises par l’Opco EP de façon à fournir à chaque région et à chaque Carif-Oref un tableau de bord des apprentis qui aujourd’hui seraient sans contrat de travail. De même, Carine Seiler, Haut-commissaire aux compétences, a commandé à RCO une enquête auprès des 35.000 organismes de formation pour connaître leurs pratiques, degrés d’avancement et freins sur lesquels il fallait travailler, dans le cadre du plan de transformation de la formation.

Ces nouvelles missions sont-elles directement consécutives à la loi de septembre 2018 ?

Une partie de nos missions est nouvelle et liée aux dernières réformes législatives, et l’autre correspond à la volonté de l’Etat, dans un souci de transparence, de pouvoir s’appuyer sur des éléments concrets. Le RCO a été identifié comme le coordonnateur le plus pertinent car il est en charge de la collecte de l’offre de formation continue des régions, cet ancrage territorial permet de bien saisir ce qui se passe sur les territoires. Nous avons aussi vocation à accompagner les territoires ultra-marins. Par exemple Mayotte veut développer les formations dans le secteur sanitaire et social, RCO en tant que coordonnateur organise des échanges de bonnes pratiques et accompagne le Carif-Oref de Mayotte à la mise en place d’outils d’aide à la décision. Idem en Guadeloupe où il y a une volonté de restructurer le Carif-Oref, le RCO va les aider à identifier tous les points régaliens sur lesquels on ne peut pas déroger et les outils que l’on peut mettre à leur disposition.