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Jean Castex charge le CNLE d'une mission sur l'évolution de la pauvreté en France

Le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale devra notamment "enrichir la connaissance qualitative de l'évolution de la pauvreté". La présidente du CNLE, Fiona Lazaar, a rappelé que l'instance a dès juin dernier constitué une mission sur l'impact de la crise.

Alors que le débat sur les risques de hausse de la pauvreté consécutifs à la crise sanitaire et économique prend de l'ampleur – l'Assemblée nationale organisait encore un débat sur le sujet, il y a quelques jours (voir notre article du 21 janvier 2021) –, le Premier ministre confie officiellement au CNLE (Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale) une mission sur l'évolution de la pauvreté en France.

"Enrichir la connaissance qualitative de l'évolution de la pauvreté"

Selon sa lettre de mission, le CNLE devra notamment "enrichir la connaissance qualitative de l'évolution de la pauvreté". S'il est plus que probable que la crise sanitaire et ses conséquences économiques vont avoir un impact sur le niveau et l'intensité de la pauvreté, il règne en revanche une grande confusion sur les chiffres de 2020 et, plus encore, sur les perspectives de 2021 et au-delà. En outre, le gouvernement fait face à des critiques récurrentes sur la part insuffisante qui serait consacrée à la lutte contre la pauvreté dans les 100 milliards d'euros du plan de relance (de 800 millions à 3 milliards selon le type de décompte). Le choix de confier cette mission au CNLE n'est pas non plus complètement neutre. C'est aussi une façon de rappeler que le CNLE a bien repris et exerce pleinement les fonctions de l'Onpes (Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale), dont l'absorption en décembre 2019 suscite toujours des critiques (voir notre article du 21 novembre 2019).
En pratique, la mission sur "la connaissance qualitative de l'évolution de la pauvreté" sera confiée au comité scientifique du CNLE, issu essentiellement du défunt Onpes. Le comité scientifique est présidé par Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l'Université Paris 8 et directeur du Philantropy & Social Sciences Program, qui vient de prendre ses fonctions le 21 janvier.

Dans le prolongement de l'avis du CNLE de septembre dernier

La présidente du CNLE – la députée du Val-d'Oise Fiona Lazaar (qui a quitté le groupe LREM en décembre) – s'est réjouie "de cette saisine qui vient confirmer la singularité de la voix et des expertises du CNLE en matière de lutte contre la pauvreté et l'exclusion". Elle rappelle au passage que "ces derniers mois, notre instance a été l'une des premières à alerter sur la nécessité d'un suivi plus fin et qualitatif de l'évolution de la pauvreté, en constituant dès le mois de juin 2020 une mission sur l'impact de la crise au sein de son comité scientifique".
Le 28 septembre dernier, lors de son installation officielle après la fusion avec l'Onpes, en présence d'Olivier Véran, le CNLE a en effet déjà adopté un avis formulant "douze propositions pour faire face à la crise, directement issues des expériences et difficultés rencontrées par les personnes en situation de pauvreté et les acteurs qui les accompagnent" (voir notre article du 8 octobre 2020). Parmi celles-ci figuraient notamment la revalorisation des minima sociaux, le renforcement des mécanismes d'aide au logement à destination des personnes modestes, la mise en place d'un plan de "raccrochage scolaire" pour contrer les effets du confinement, l'attribution automatique de la complémentaire santé aux bénéficiaires du RSA et la suppression des délais de carence pour l'accès à l'aide maladie, ou encore la création d'un véritable droit à l'accompagnement ouvert à tous les jeunes, sans limite de temps, assorti d'une allocation de ressources accessible dès 18 ans au regard de la situation du jeune. Autant de préconisations qui ne devraient pas manquer de resurgir avec l'avancée du travail d'évaluation qualitative de la pauvreté.