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Insertion - La Cnaf identifie cinq types de bénéficiaires du RSA socle

Jeunes diplômés, personnes en fin de droits, mères isolées, seniors... la Cnaf a étudié la typologie des bénéficiaires du RSA "soumis aux droits et devoirs". Des profils très différents qui appellent naturellement des réponses tout aussi adaptées.

Dans le dernier numéro de sa lettre d'information électronique "L'e-ssentiel", la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) publie les résultats d'une étude sur "La typologie des bénéficiaires du RSA soumis aux droits et aux devoirs". Cette expression recouvre les personnes appartenant à un foyer bénéficiant du RSA socle. En contrepartie d'un accompagnement - à dominante professionnelle ou sociale - adapté à leur situation et de la désignation d'un référent unique, celles-ci doivent s'engager dans une démarche d'insertion, formalisée par un contrat d'engagement réciproque (CER) ou par un projet personnalisé d'accès à l'emploi (PPAE).
La publication de cette étude intervient alors que - selon les chiffres publiés par la Cnaf à la fin du mois de décembre - le nombre de bénéficiaires du RSA (socle et activité) était en progression annuelle de 7,4% au 30 septembre 2013. Pour sa part, le gouvernement n'exclut pas une hausse de 11% du nombre de bénéficiaires en 2014.

Jeunes diplômés et personnes en fin de droits

L'étude de la Cnaf s'appuie sur les données à caractère socioprofessionnel recueillies lors de l'instruction de la demande par les différents services concernés : services sociaux du département ou organismes ayant reçu délégation de ce dernier comme les CAF, les caisses de MSA, les CCAS, les associations... Ces données permettent de distinguer cinq profils types.
Le premier groupe - 15% de la population étudiée - comprend, de façon très majoritaire (83% du total), des jeunes de 25 à 29 ans, dont plus de la moitié sont diplômés de l'enseignement supérieur, très mobiles géographiquement et vivant le plus souvent au sein de leur famille. Ni eux, ni cette dernière, ne font l'objet d'un accompagnement spécifique, dans la mesure où leurs perspectives d'insertion professionnelle apparaissent satisfaisantes. Dans ce cas de figure, le RSA permet la recherche du premier emploi voire, de façon dérogatoire, de financer la fin des études.
Le second groupe est le plus important en termes numériques (35% du total). Il rassemble en majorité des personnes en fin de droits à l'assurance chômage (53% des personnes du groupe) - donc essentiellement des chômeurs de longue durée - ou en cessation d'activité (27%). Il est composé en majorité d'hommes (75%), souvent faiblement diplômés (41% de BEP ou CAP) et ayant déjà connu le RMI et le RSA (43%). Leur type d'habitat ne diffère pas de celui de l'ensemble de la population, ils sont géographiquement mobiles et se disent prêts - à 95% - à s'engager rapidement dans une démarche de recherche d'emploi.

Mères isolées et seniors

Le troisième groupe - 21% de la population étudiée - se compose presque exclusivement de femmes (98%), puisqu'il s'agit de parents isolés, souvent jeunes (29% de moins de 25 ans). La moitié de ces femmes dit rencontrer des freins importants à la recherche d'emploi, liés en particulier à des problèmes de garde d'enfants et à une mobilité limitée. La demande de RSA trouve le plus souvent son origine dans un changement de situation familiale (30% contre 9% dans la population globale) ou dans la faiblesse des revenus (46%). Les difficultés rencontrées par les personnes de ce groupe varient en fonction de l'âge. Plus d'un tiers des bénéficiaires de moins de 25 ans sont ainsi accueillies dans un hébergement temporaire et 40% d'entre elles n'ont jamais travaillé et, en majorité, ne sont pas inscrites à Pôle emploi.
Le quatrième groupe - 18% de la population étudiée - se distingue par une forte proportion de personnes de 55 ans et plus (46% contre 19% en moyenne). La part des femmes y est légèrement plus élevée (57%), le niveau d'instruction est faible (deux tiers des intéressés ont un niveau inférieur au BEP), tandis que l'habitat précaire est au contraire surreprésenté (25% contre 5% pour l'ensemble de la population étudiée et 55% de difficultés de logement déclarées). Ce groupe est aussi celui qui déclare le plus souvent des difficultés dans la vie quotidienne (76%, contre 36% pour l'ensemble de la population étudiée). Sachant qu'un quart des personnes de ce groupe n'ont jamais travaillé, que la moitié ne sont pas inscrits comme demandeurs d'emploi et qu'un quart ne sont pas mobiles, les perspectives d'insertion professionnelle apparaissent limitées en l'état.
Enfin, l'étude de la Cnaf identifie un cinquième groupe par défaut - 11% de l'ensemble -, rassemblant les bénéficiaires dont le passé dans les minima sociaux n'est pas connu (personnes n'ayant pas répondu à la question "Avez-vous déjà bénéficié du RSA/RMI ?"). On sait toutefois qu'il regroupe une proportion de chômeurs en fin de droits plus importante que la moyenne. Il en est de même pour la proportion de personnes inscrites comme demandeurs d'emploi. En revanche, les personnes de ce groupe présentent une très faible mobilité (87% de non mobiles, contre 19% pour l'ensemble de la population étudiée).