Archives

Transports - La Fnaut dénonce un grand retour de la route

La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a dressé le 6 décembre un bilan de l'action gouvernementale en matière de transports. Manque d'intérêt pour le secteur, absence de cohérence et de vision d'avenir, abandon du train au profit de la route : ce bilan est sévère.

Comme les représentants des élus (Gart) et des opérateurs (UTP), la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) critique la hausse du taux de TVA sur les transports collectifs. Elle estime cette décision gouvernementale "totalement contradictoire" avec l'objectif de moindre utilisation de l'énergie fossile. D'autant que cette hausse se répercutera selon elle sur les usagers, "y compris les plus modestes, captifs du transport collectif" et "provoquera une diminution de l'offre de transport de proximité alors que la demande augmente".
Au sujet de la suspension de l'écotaxe poids lourds, elle déplore l'absence de pédagogie et invite le gouvernement à revoir sa copie en affinant son message. "L'écotaxe est apparue comme un simple impôt supplémentaire, les gens n'ont pas compris son utilité. Il faut resserrer le discours et cibler le report modal, en disant que cet argent ira au développement du fret ferroviaire, pas à l'AFITF, dont le rôle ne parle pas aux gens", avance Jean Sivardière, président de la Fnaut.

Mesures positives

La Fnaut salue en revanche le lancement des investissements du Grand Paris, du troisième appel à projets de transports en commun en site propre (TCSP) pour les villes de province, l'effort accru pour la régénération du réseau ferré (2,5 milliards par an) et le renouvellement du matériel Intercités (500 millions d'euros) et de deux nouvelles autoroutes ferroviaires nord-sud. "Mais le rythme de régénération du réseau ferré classique reste insuffisant et des fermetures de lignes vont intervenir faute d'entretien. Il ne s'agit plus, comme il y a quelques années, de quelques bouts de lignes mais de véritables liaisons interrégionales : Clermont-Ferrand-Limoges, Verdun-Châlons-en-Champagne", pointe la fédération.

Loi du bitume

Celle-ci regrette aussi "le grand retour de la route" avec, selon elle, pas moins de huit projets autoroutiers relancés, en particulier l'A45 Lyon-Saint-Etienne, l'A31 Nancy-Luxembourg, les contournements de Strasbourg, Rouen, Lyon. La réapparition des volets routiers dans les prochains contrats de plan Etat-régions (CPER) l'inquiète. Tout comme l'investissement colossal (658 millions d'euros) prévu pour moderniser en Saône-et-Loire la route Centre Europe Atlantique, alors qu'un projet ferré dans le même département a été retoqué par la commission Mobilité 21. "Cette commission Duron a voulu dédiaboliser la route et y est parvenue", critique Jean Sivardière.

Saines métropoles

Concernant la décentralisation, la Fnaut estime positive la dynamique de métropolisation. "L'impact sur les transports devrait être positif en province : 11 autorités organisatrices de transports coexistent aujourd'hui dans l'aire marseillaise... ". Ceci dit, cette dynamique est "trop timide", la "répartition des responsabilités entre régions et métropoles reste à clarifier" et l'intermodalité, qui doit selon elle surtout se jouer au niveau régional, "est mal prise en compte". Enfin, la représentation des usagers fait défaut sur les dessertes TGV et Intercités pour lesquelles – fait étonnant – aucun comité de ligne n'existe.