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La mairie de Paris veut fermer 45 "dark stores" considérés comme illégaux

La mairie de Paris a demandé, le 7 mars, la fermeture de 45 "dark stores" considérés comme illégaux, lors d'une réunion avec les acteurs du secteur. Objectif : réguler ces magasins fantômes qui se sont multipliés durant la crise sanitaire.

La mairie de Paris a décidé de hausser le ton face à la multiplication des "dark stores" dans la capitale. Ces entrepôts qui permettent de livrer en quelques minutes les particuliers, situés le plus souvent dans des zones denses, se sont fortement développés depuis deux ans, favorisés par la crise sanitaire, ses confinements et les fermetures successives des restaurants et cafés. Dans un premier temps, la mairie a engagé une campagne de contrôle de ces magasins fantômes qui bénéficiaient jusqu'à maintenant d'un flou juridique dû à la nouveauté de leur activité. Les mairies d'arrondissement ont ainsi signalé quelque 70 adresses de ce type à Paris, dont 45 d'entre elles ont été créées illégalement selon la mairie. À l'occasion d'une réunion organisée le 7 mars 2022 avec une quinzaine d'acteurs du secteur, dont Deliveroo, Uber Eats, Frichti, Glovo, GoPuff, Cajoo, destinée à discuter de l'intégration de ces entrepôts dans le plan local d'urbanisme (PLU) de la ville en cours de révision, la mairie a demandé la fermeture de ces 45 dark stores considérés comme illégaux. 

Des dark stores illégaux

Pour le code de l'urbanisme, ces magasins sont associés à des entrepôts (il n'y a pas de passage de clients, juste des livraisons), mais ils se seraient installés dans des locaux commerciaux sans effectuer de demande de changement d'usage. 

"La moitié des locaux commerciaux utilisés aujourd'hui par les dark stores étaient autrefois des commerces ou des services commerciaux, détaille une étude récente de l'Apur (Atelier parisien d'urbanisme), on dénombre ainsi 11 supérettes ou supermarchés, 5 magasins de meubles, 2 magasins de mode, 3 restaurants… réinvestis progressivement par des dark stores ces derniers mois." L'Apur signale qu'une vingtaine de bureaux en boutique, c'est-à-dire d'anciens commerces transformés il y a plus de dix ans en bureaux ont aussi été repris par les dark stores récemment. Enfin, une dizaine occupent d'anciens locaux de commerces de gros, cabinet médical ou paramédical en rez-de-chaussée et parkings.

Ces magasins fantômes ne sont pas sans nuisances pour les habitants, avec une forte amplitude horaire de ces lieux de stockage, des allers et venues incessants, une occupation de l'espace public par les livreurs, des attroupements, etc. sans compter les conditions de travail des livreurs et employés, souvent précaires.

Une régulation naturelle du secteur ?

Ces dark stores illégaux risquent une amende pouvant aller jusqu'à 25.000 euros par entrepôt. Mais la mairie souhaite plutôt pousser les acteurs du secteur à envisager avec elle d'autres lieux mieux adaptés à leur activité, comme des parkings souterrains. Afin d'informer les riverains sur les recours envisageables contre ces magasins, la mairie organise aussi une réunion publique le 25 mars.

"Nous sommes là pour faire vivre les commerçants, notre service de livraison crée des flux, se défend Johan Ricaut, cofondateur de Shopopop. Nous ne sommes pas installés uniquement dans les grandes villes mais aussi dans les territoires ruraux." D'après cet acteur de la livraison entre particuliers, la régulation naturelle des dark stores devrait avoir lieu, le nombre d'acteurs étant bien supérieur à la demande. C'est aussi l'avis de l'Apur. "Il est fort probable que leur nombre se réduise, le marché n'étant sans doute pas assez important pour autant de candidats", indique l'institut qui signale qu'un premier opérateur, mis en redressement judiciaire en décembre 2021, a arrêté définitivement son activité et que d'autres sont en discussion pour regrouper leurs activités.