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La Mednum invite les candidats à la présidentielle à promouvoir un numérique d’intérêt général

La coopérative des acteurs de l’inclusion numérique a adressé aux candidats à la présidentielle 62 propositions promouvant un "numérique d’intérêt général". Un sujet qui dépasse très largement le sujet de la médiation.

Depuis 2017, la Mednum, coopérative des acteurs de la médiation numérique, travaille sur la problématique de l’inclusion numérique avec à son actif une cartographie des acteurs, la création d’outils de diagnostic et de plateformes de services numériques ciblant les personnes les plus éloignées du numérique. À l’occasion de l'élection présidentielle, la coopérative a publié un plaidoyer "pour faire des technologies numériques un facteur de progrès, d’égalité et d’inclusion pour toutes et tous". Un ensemble de mesures qui cible en priorité les "14 millions" de personnes souffrant d’illectronisme. On notera au passage que le chiffre de 13 millions qui faisait jusqu’ici référence a été augmenté d’un million, ce qui souligne que la situation ne semble pas s’être améliorée en cinq ans.

Pérenniser les financements

Les propositions de la Mednum portent en premier lieu sur son domaine d’expertise, la médiation numérique de proximité. Avec un constat partagé par les collectivités : le manque de moyens et de pérennité des financements mobilisés. Plusieurs pistes de financements structurels sont proposées : une contribution spécifique des entreprises de plus de 500 salariés, la mobilisation des budgets affectés à la formation professionnelle, le fléchage des amendes payées à la Cnil ou encore d’un minimum de 5% des budgets smart city des collectivités. Des financements qui permettraient notamment d’envisager la création "d’une offre de médiation numérique à moins de 20 minutes de chez soi" et d’aider au "passage à l’échelle d’acteurs nationaux". La Mednum propose par ailleurs d’étendre les missions des lieux d’inclusion à la diffusion "d’une culture du libre et des communs numériques" ainsi qu’à la sensibilisation aux enjeux du "numérique éthique" et de "la souveraineté numérique".

Éducation et inclusion numériques complémentaires

Pour la Mednum, l’inclusion numérique doit cependant être appréhendée plus largement, en renforçant notamment les enseignements consacrés aux techniques et à la culture numériques "du primaire au supérieur, pour former les citoyens éclairés de demain". En matière de formation continue, elle appelle à mettre l’accent sur la formation des travailleurs sociaux, des professionnels de l’éducation populaire et des enseignants. D’une manière plus générale, elle invite à "affirmer les complémentarités entre médiation et éducation numérique pour donner une attention spécifique aux publics particulièrement éloignés". Elle souligne aussi la nécessité de lutter contre les inégalités numériques liées au genre et de mieux accompagner les mères de famille, en première ligne sur l’éducation numérique des enfants.

Pouvoir d’achat et transition écologique

Pour les candidats en quête de mesures en faveur du pouvoir d’achat, la Mednum propose la mise en place d’un tarif internet et mobile social en estimant que "cette mesure permettrait un gain d’environ 100.000 millions d'euros de pouvoir d’achat pour les 4 millions de Français les plus modestes". Des publics qui seraient aussi les premiers à bénéficier du matériel reconditionné qu’elle appelle à développer au sein d’un train de mesures consacrées à la transition écologique. Soulignant qu’il ne faut pas faire porter le devoir de sobriété numérique sur les seuls utilisateurs, elle invite à des mesures réglementaires fortes pour infléchir les comportements et lutter contre "le solutionnisme technologique". Elle propose par exemple d’obliger les entreprises à permettre la réutilisation des matériels dont elles se séparent, soit potentiellement plus "d’un million d’ordinateurs par an". Une manne qui viendrait alimenter la filière du réemploi et du recyclage. Une filière que la Mednum imagine en circuit court, s’appuyant notamment sur les tiers lieux, fabriques de territoire manufactures de proximité.