Archives

Réforme territoriale - La refonte de la carte des régions présentée la semaine prochaine

On aurait pu imaginer que le "séisme" des européennes conduise à un recentrage de l'exécutif français sur certaines priorités... et donc à l'abandon de la future réforme territoriale. Il n'en sera rien, au contraire, puisque François Hollande a fait figurer cette réforme parmi les quatre grands chantiers brièvement listés lundi soir lors de son allocution télévisée, le chef de l'Etat indiquant au passage que la réforme sera présentée "dès la semaine prochaine". Il devrait en principe s'agir de la présentation en Conseil des ministres d'un nouveau projet de loi sur la réorganisation territoriale (à distinguer désormais du texte sur les compétences), même s'il ne l'a pas précisé. "La simplification, la modernisation" seront "tout l'enjeu de la réforme de notre organisation territoriale, de grandes régions, avec une évolution de nos collectivités", a-t-il simplement rappelé.
De même, dès l'annonce des résultats dimanche soir Manuel Valls avait déclaré qu'il fallait "aller plus vite" pour réformer la France... et que "réformer, c'est ce que nous allons faire à l'initiative du président de la République en simplifiant l'organisation des collectivités territoriales : régions, départements, villes, pour gagner en simplicité, en efficacité".
Le programme de travail du gouvernement et du chef de l'Etat devrait donc rester inchangé. Marylise Lebranchu doit par exemple se rendre à Dijon et Besançon ce 28 mai pour "évoquer les prochaines étapes du rapprochement engagé entre les régions Bourgogne et Franche-Comté".
Si le volet départements du nouveau dessein présidentiel est le plus spectaculaire et le plus sensible (voir notamment notre article du 22 mai "Le département supprimé... et remplacé par quoi ?"), le pan régional du projet fait évidemment lui aussi débat. Pas une journée ou presque ne se passe, depuis la déclaration de politique générale de début avril, sans qu'il en soit question. Ce qui donne une petite idée de la tournure que les choses devraient prendre lorsqu'on entrera dans le vif du sujet. "Diviser les régions par deux... Le jour où François Hollande va sortir ses cartes... ça va faire du bruit... Du côté des élus régionaux bien sûr, mais aussi des présidents de conseil général", prévoit par exemple le représentant d'une association d'élus.
On l'a par exemple vu hier, avec les présidents des conseils généraux du Loiret, de l'Indre, de l'Eure-et-Loir et du Loir-et-Cher faisant savoir qu'ils venaient d'écrire au président de la région Centre, François Bonneau, pour s'offusquer du fait que celui-ci aurait "accepté la main tendue" de son homologue d'Auvergne, René Souchon, afin d'"imaginer la création d'une grande région Auvergne-Centre-Limousin". Une telle triple région relèverait "de la non-cohérence territoriale" et d'un "non-sens politique", s'est offusqué Eric Doligé (Loiret), regrettant que les trois présidents de région concernés aient choisi de se rencontrer "en catimini" à Orléans ce 27 mai pour "sceller un pacte par défaut, sans projet". Selon lui, la région Centre se serait tournée vers l'Auvergne alors qu'elle plaidait initialement pour un rapprochement avec les Pays de la Loire... jusqu'à ce que le président de Poitou-Charentes évoque, avec l'appui de Ségolène Royal dont il assure la succession, l'idée d'une grande région Poitou-Charentes-Pays de la Loire. Sauf que Jacques Auxiette, le président des Pays de la Loire, affirme désormais que c'est bien la fusion entre sa région et la Bretagne qui serait pertinente...
Il faut dire qu'en Pays de la Loire, on ne sait pas vraiment sur quel pied danser puisqu'une carte parue dans la presse il y a quelques semaines indiquait que la région était promise à un démembrement, avec la Loire-Atlantique rattachée à la Bretagne, la Vendée à une grande région Aquitaine-Poitou-Limousin, et les départements restants à une région Vallée de la Loire comprenant aussi la région Centre... Les élus régionaux de Pays de la Loire avaient alors même lancé une vaste campagne nationale de communication scandant "Oui au mariage, non à la découpe".
Dans le même temps, l'annonce d'un rapprochement Pays de la Loire / Poitou-Charentes avait suscité de vives réactions en Charente et Charente-Maritime, plutôt favorables à une intégration à l'Aquitaine... Le président du conseil général de la Charente-Maritime, Dominique Bussereau, avait ainsi indiqué qu'il songeait à organiser "un référendum d'initiative locale sur le sujet".
Ailleurs en France, les choses ne devraient guère être plus simples. La semaine dernière, c'est par exemple le président PS de Languedoc-Roussillon, Christian Bourquin, qui a dit son refus de voir fusionner sa région avec une autre... "Je crois au pouvoir des coopérations, pas à la fusion des régions. Je suis prêt à intensifier les coopérations avec Midi-Pyrénées, avec l'Auvergne, avec laquelle on travaille déjà beaucoup, notamment sur l'opération Massif central ; si Toulouse a besoin d'une ouverture sur la Méditerranée, je suis prêt à jouer une coopération", a-t-il déclaré – en sachant que diverses hypothèses ont jusqu'ici été évoquées : le Languedoc-Roussillon pourrait être en partie fusionné avec Paca et/ou avec Midi-Pyrénées, sauf pour la Lozère qui pourrait être attachée à l'Auvergne... Ici et ailleurs donc, entre craintes de "vente à la découpe" et de mariages forcés, c'est bien la confusion qui semble dominer.

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis