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La reprise de la commande publique s'est essoufflée

Après une solide reprise en 2017 (+7,3%), la commande publique a connu une timide croissance l'an dernier (+1,2%). Sans l'expansion des marchés de services (+6,5%) et la bonne tenue des marchés de travaux des collectivités territoriales, elle aurait reculé. C'est le bilan que dresse la dernière édition du baromètre de la commande publique que viennent de dévoiler l'Assemblée des communautés de France et la Banque des Territoires.

En 2017, les achats réalisés par les administrations publiques et ayant fait l'objet d'une publicité avaient bondi de 7,3%. La nette hausse des commandes passées au cours des deux premiers trimestres de 2018 laissait entrevoir une poursuite à vive allure de cette reprise sur l'ensemble de l'année. En définitive, si la commande publique a bien connu l'an dernier une progression, celle-ci a été modérée (+1,2%), selon la dernière édition du baromètre de l'Assemblée des communautés de France (ADCF) et de la Banque des Territoires (Caisse des Dépôts). En cause : la contraction des achats enregistrée au cours du troisième trimestre 2018 (un milliard d'euros de moins qu'à la même période de 2017), que le rebond de la fin de l'année n'a pu suffi à effacer. Au total, l'ensemble du secteur public a consacré, l'an dernier, 74,8 milliards d'euros à l'achat de tous types de biens et services ou à des travaux.
Comme l'an dernier, l'Île-de-France a joué un rôle de locomotive : la commande publique y a crû de 4,2%. Elle a de même progressé en Bretagne, en Occitanie, dans les régions des Pays de la Loire, du Grand Est, ainsi qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans les autres régions, les volumes commandés ont été stables. Sauf en Bourgogne-Franche-Comté et en Corse, où ils ont diminué respectivement de 7,7% et 17,7%.

Les achats des bailleurs sociaux plongent

Du fait de leur poids dans la commande publique (58% du total), les collectivités territoriales ont joué un rôle déterminant dans le léger rebond de l'an dernier. Conséquence notamment de l'accélération de la mise en œuvre des projets municipaux et intercommunaux liée au calendrier électoral, leurs achats se sont élevés à 45,6 milliards d'euros, un montant en hausse de 5%. Cette tendance a compensé le repli des achats des bailleurs sociaux et des hôpitaux, qui est proche de 10%. Pour les premiers, le recul des commandes est désormais un phénomène bien ancré, puisqu'ils ont été réduits d'un tiers depuis 2012.
Le baromètre élaboré avec la contribution de la société Vecteur Plus révèle par ailleurs que seuls les marchés de services ont tiré la consommation des administrations publiques à la hausse. En un an, ceux-ci sont passés de 26,3 à 28 milliards d'euros (+6,5%). Les autres catégories de marchés ont en revanche connu des baisses de 2 à 3%. En ce qui concerne les travaux, la baisse est plus marquée pour les travaux neufs (-5,1%) que pour ceux qui relèvent du renouvellement et de la rénovation (-1,4%). "L’entretien du patrimoine semble prioritaire sur les projets nouveaux", en déduisent l'ADCF et la Banque des Territoires.

Les marchés de travaux en petite forme

L'atonie des marchés de travaux résulte surtout du recul des commandes passées par les bailleurs sociaux (de 5,7 milliards d'euros en 2017 à 5 milliards d'euros en 2018) et, dans une moindre mesure, par l'Etat (de 2,2 milliards d'euros à 2 milliards d'euros). La progression des marchés de travaux conclus par les collectivités territoriales et leurs groupements (17,1 milliards d'euros, soit +1,7% en un an) et les entreprises publiques locales (1,3 milliard d'euros, soit +4,5% par rapport à 2017) ne permet pas de compenser un tel repli.
S'agissant du secteur de l'ingénierie, on observe en un an une croissance des volumes commandés par les collectivités territoriales, mais celle-ci est faible (50 millions d'euros). L'augmentation des achats de l'État dans ce domaine (+110 millions d'euros) permet de limiter la réduction d'ensemble des commandes, mais pas de l'enrayer.

Moins d'argent pour le logement, la santé et le social

Les secteurs des bâtiments publics (premier poste d'achat avec 19 milliards d'euros en 2018), des transports et de la voirie (second poste avec 11,6 milliards d'euros) et de la culture, du sport et des loisirs (septième poste représentant 7,1 milliards d'euros) enregistrent des progressions significatives (jusqu'à 11% pour ce dernier domaine). A l'inverse, la commande publique recule dans le champ du logement. Le troisième poste d'achat des administrations publiques accuse une baisse de quelque 9% pour s'établir à 9,1 milliards d'euros. La santé et le social, ainsi que le scolaire connaissent également un reflux, mais plus modeste (-7% et –2%).
Selon les postes, les montants des marchés conclus par les collectivités connaissent des variations sensibles. L'Île-de-France se caractérise par exemple par d'importants volumes de commande en matière de bâtiments publics et d'aménagement (411 euros par habitant en 2018, soit le montant le plus élevé derrière celui de la Corse) et la plus faible dépense consacrée à l'environnement (77 euros).