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Culture - La tension monte autour des financements du spectacle vivant

Très dépendant des subventions publiques, le secteur du spectacle vivant s'inquiète de plus en plus des coupes budgétaires qui affectent très directement le montant des aides, qu'elles émanent de l'Etat ou des collectivités territoriales. Si le geste spectaculaire du directeur de la Comédie italienne de Paris tentant, le 27 décembre dernier, d'enfoncer avec sa voiture un portail du palais de l'Elysée, reste un cas isolé, la profession se mobilise en revanche très largement pour faire face aux menaces réelles ou supposées. Le Conseil national des professions du spectacle (CNPS) vient ainsi d'adopter - à l'unanimité moins une abstention - une motion "contre le démantèlement de l'action culturelle de l'Etat".

Délégation de compétences ou désengagement de l'Etat ?

L'inquiétude porte sur le projet de loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, adopté par l'Assemblée nationale le 19 décembre 2013 après accord en commission mixte paritaire entre les deux chambres et qui doit faire l'objet d'un vote définitif du Sénat début 2014. Le CNPS voit en effet se profiler, derrière la large possibilité de délégation de compétence ouverte par ce texte aux collectivités territoriales en matière de culture, "le démantèlement de toute l'action culturelle de l'Etat dans les territoires". La motion du Conseil relève en effet que "cette délégation se fera sans transfert de personnel : elle entraînera donc nécessairement la suppression des emplois correspondant dans les services de l'Etat en région, ce qui rendra irréversible l'abandon de compétence par l'Etat".
Estimant qu'"en matière culturelle, il ne peut y avoir de décentralisation sans l'action et l'expertise de l'Etat", le CNPS formule donc une triple demande. Au Parlement, il demande de "limiter la portée des dispositions envisagées" (ce qui semble pour le moins tardif, le projet de loi étant sur le point d'être définitivement adopté), au gouvernement de "réaffirmer que l'action de l'Etat dans le domaine culturel revêt un intérêt national" et au ministère de la Culture de "s'engager sur le maintien des services déconcentrés de l'action culturelle".

Les collectivités prendront-elles le relais ?

Derrière cette crainte d'un désengagement de l'Etat se profile celle d'une absence de relais, voire d'un désengagement concomitant, de la part des collectivités territoriales. Dans un communiqué de presse du 13 décembre 2013, le Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles) indique par exemple "avoir confirmation" d'une baisse de 14,7% des crédits 2014 affectés par la région Lorraine au secteur de la culture. Seules les structures labellisées seraient épargnées, mais elles pourraient connaître à leur tour une baisse de 15% en 2015. Le Syndeac déplore que "dans une région déjà faiblement dotée, ce type d'arbitrage intervienne sans concertation aucune avec les différents opérateurs, ni les autres partenaires concernés". L'organisation redoute notamment les "conséquences tragiques sur l'emploi artistique culturel, ainsi que sur l'offre faite aux publics".
Des craintes qui ne devraient pas manquer d'alimenter les débats prévus à l'occasion de l'opération "L'art en campagne - journée nationale de mobilisation des artistes et des acteurs culturels" -, organisée le 13 janvier dans onze régions par le Syndeac. Cet "appel à une reconnaissance mutuelle entre acteurs culturels et acteurs de la vie politique" entend "remettre sur la place publique les questions fondatrices de notre rapport à la création artistique, de la place que nous voulons bien lui accorder comme pivot central de nos sociétés modernes".

 

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