Culture - Les trois quarts des départements ont revu à la baisse leurs financements culturels en 2010

Dans le dernier numéro de sa lettre d'information, l'Observatoire des politiques culturelles publie une "note de tendance" consacrée aux financements culturels des collectivités en 2010. Sans prétendre rivaliser avec les études ex post du ministère de la Culture sur les dépenses des collectivités en la matière, l'objectif de cette note est "de fournir une photographie du mouvement général suivi par les collectivités dans ce domaine, au plus près de l'actualité, en intégrant des éléments d'appréciation collectés auprès d'un certain nombre de responsables culturels de collectivités".

Les enseignements tirés de cette note confirment le mouvement de contraction des crédits qui se percevait déjà de façon plus éparse depuis 2009. Les restrictions les plus significatives concernent les départements, confrontés aujourd'hui à de réelles difficultés budgétaires, dues notamment à un sévère effet de ciseau entre la hausse de leurs dépenses contraintes (dans le secteur social en particulier) et le moindre rendement de leurs recettes (en partie en raison de la crise de l'immobilier). Réalisée auprès d'un échantillon de 38 conseils généraux, l'étude montre que 73% des départements ont réduit le montant des crédits consacrés à la culture dans leurs budgets primitifs 2010. Ces baisses varient entre 1% et 20% par rapport à 2009, avec une baisse médiane autour de 10%. Près d'un quart des départements (23%) ont toutefois adopté une hausse des dépenses culturelles (entre 1 et 10%), tandis que 3% d'entre eux se sont contentés de reconduire les crédits de 2009. Pour certains départements, les restrictions opérées en 2010 succèdent à une première baisse décidée en 2009, ce qui porte alors la réduction des crédits de fonctionnement culturels à 20 à 25% sur deux ans. Comme l'indique la note, "ces données sont d'autant plus significatives que les départements consacrent encore deux fois et demie plus de crédits que les régions à la culture et qu'ils jouent un rôle important dans le soutien à des activités de proximité". Les entretiens menés par l'observatoire avec des responsables de directions de la culture de départements montrent toutefois que ces derniers "n'appliquent pas une réduction uniforme des subventions culturelles, mais tentent de préserver, relativement, les structures plus fragiles qui risqueraient sans cela de péricliter sans délai".

La situation n'est guère meilleure pour les grandes villes et les agglomérations, puisque la tendance générale pour l'année 2010 est à la stagnation des budgets culturels en section de fonctionnement et à une baisse en section d'investissement. Sur les régions, l'Observatoire des politiques culturelles ne dispose pas d'informations suffisantes pour "décrire un mouvement significatif pour 2010, mais [...] peut faire l'hypothèse, comme précédemment pour les communes, qu'en année d'élection, les régions auront eu tendance à reconduire leurs budgets". La note prend cependant soin de rappeler que cette stagnation éventuelle succèderait à une augmentation moyenne des budgets culturels des régions de 11% par an entre 2004 et 2010. L'observatoire retient de ces différents éléments que "le financement des activités artistiques et culturelles par les collectivités connaît en 2010 une situation particulièrement difficile [...]" et que cette situation pourrait perdurer dans les prochaines années, notamment pour les départements.

 

Jean-Noël Escudié / PCA