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Santé publique - La vaccination par le BCG n'est (presque) plus obligatoire

Comme attendu, Roselyne Bachelot - la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports - a annoncé la levée de l'obligation vaccinale par le BCG. Lors d'une conférence de presse consacrée au lancement du programme national de lutte contre la tuberculose, le 11 juillet 2007, elle a rappelé que cette nouvelle orientation a été préconisée par plusieurs instances médicales et scientifiques : l'Inserm, dans son expertise collective réalisée en 2004, et surtout le Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF), dans deux avis du 30 septembre 2005 et du 9 mai 2007. Un décret, à paraître "dans les tout prochains jours", viendra entériner cette suspension de l'obligation vaccinale chez l'enfant et l'adolescent, qui s'appliquera "dès la rentrée de septembre". Jusqu'à présent - et contrairement à la situation de la plupart des pays européens - la vaccination par le BCG conditionnait, par exemple, l'entrée de l'enfant dans un mode de garde collectif. Pour justifier ce revirement, attendu par le corps médical, Roselyne Bachelot a rappelé que s'il protège individuellement, "mais pas totalement", contre les formes les plus graves de la tuberculose, "le BCG a un effet incertain sur la transmission de la maladie". De plus, "ses effets indésirables sont plus nombreux avec la forme intradermique, seule disponible depuis 2006". La baisse de l'incidence de la tuberculose ayant permis à la France d'atteindre les critères posés par l'OMS et par l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, l'obligation vaccinale est remplacée par une "recommandation au profit des enfants les plus exposés". Conformément à l'avis du CSHPF, la vaccination reste donc "fortement recommandée" pour tous les enfants de moins de 15 ans répondant à l'un au moins des critères suivants : résider en Ile-de-France ou en Guyane (tous les enfants franciliens restent donc soumis de fait à une forme d'obligation vaccinale), être né dans un pays de forte endémie tuberculeuse, devoir séjourner au moins un mois d'affilé dans un de ces pays, avoir au moins un parent originaire de l'un de ces pays, avoir des antécédents familiaux de tuberculose. S'y ajoutent les "enfants dans toute situation jugée par le médecin à risque d'exposition au bacille tuberculeux, notamment ceux qui vivent dans des conditions de logement défavorables". Il est recommandé de vacciner les nouveaux-nés "à risque" - c'est-à-dire répondant à l'un au moins de ces critères - durant leur premier mois, "si possible dès la maternité".
L'incidence de la tuberculose en France a été divisée par six entre 1972 et 2005. En 2005, 5.374 cas ont été déclarés, soit une estimation d'environ 8.000 cas réels (une fois corrigés les effets de la sous-déclaration). Depuis l'acte II de la décentralisation, la lutte contre la tuberculose est redevenue une compétence de l'Etat, mais de nombreux départements ont choisi de continuer à l'exercer par le biais d'une convention avec ce dernier.

 

Jean-Noël Escudié / PCA