L'Académie des technologies souligne l'"urgence" d'une "stratégie nationale" de l'eau

Dans un rapport présenté ce 3 juillet, l'Académie des technologies appelle les pouvoirs publics à "développer d'urgence" une "stratégie nationale à 5, 15 et 30 ans" pour anticiper le manque d'eau. Selon l'établissement public placé sous la tutelle du ministre de la Recherche, une telle stratégie permettrait aux élus locaux de définir leur action et notamment leurs choix technologiques, dans un pays dont les besoins différeront d'une région à l'autre.

Face aux pénuries annoncées, "il convient d'abord de maîtriser la demande par des pratiques de sobriété collective à construire", prône le rapport, sachant que ces politiques auront au moins en partie des composantes technologiques. Or ces infrastructures nouvelles ne doivent pas susciter "des développements inconsidérés pouvant conduire à des risques pour la santé ou l'environnement, et elles ne peuvent à elles seules régler la situation", met en garde l'instance indépendante, créée en 2000. Parmi ces solutions figurent le dessalement d'eau de mer, la recharge des nappes, l'augmentation des volumes retenus (barrages, "bassines"...), la réutilisation des eaux usées (Réut), la récupération des eaux pluviales.

L'Académie recommande de hiérarchiser les besoins au niveau local et, pour chaque technologie, de prendre en compte au préalable impacts et ressources mobilisées. "Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise technologie, chacune a un domaine d'emploi, avec des impacts différents", résume le rapport. Par exemple, "les rejets de saumure ne disqualifient pas le dessalement car il existe des solutions permettant leur dissolution", cite l'Académie, à propos de cette technologie non présente en France métropolitaine, mais utilisée à Bora Bora.

Quoi qu'il en soit, toutes ces solutions "doivent disposer de garanties de fiabilité/sécurité/efficacité validées au niveau national", insistent les experts. Elles exigent aussi une adhésion collective, ajoutent-ils. Ce qui "implique une forte transparence auprès des populations", sur les données factuelles de la pénurie, les technologies proposées et les éventuels effets indésirables.

Sur le fond, l'Académie appelle aussi à anticiper les conséquences des baisses des réserves d'eau nivales et glaciaires, en réduisant la demande et en prévoyant de nouvelles possibilités de stockage (souterraines ou en altitude). Alors que moins de ressource hydrique implique un risque de pollution accru, elle recommande également de faire évoluer "d'urgence" les pratiques agricoles et paysagères, avec notamment des épandages de pesticides réduits surtout en période d'étiage.