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La Poste - L'AMF valide le contrat de présence postale territoriale dans une version améliorée

L'AMF a validé le 8 décembre 2016 le contrat de présence postale territoriale 2017-2019 qui devrait être signé en début d'année 2017. L'association a obtenu une révision à la hausse du fonds de péréquation et le passage obligé des maires sur la modification de la présence postale pour tous les bureaux de poste éligibles au fonds de péréquation. Le tout sur fond de tensions sociales à l'intérieur du groupe.

L'Association des maires de France (AMF) a validé le 8 décembre 2016 le contrat tripartite de présence postale territoriale 2017-2019 qui devrait être signé en janvier 2017.
L'AMF avait initialement refusé de signer le contrat, le 13 octobre, en raison du sous-financement de la présence postale et de la perte du pouvoir des maires sur le maillage territorial… Le texte dans sa version initiale ne prévoyait pas de revalorisation de l'enveloppe annuelle du fonds de péréquation dont le montant prévisionnel de 170 millions d'euros est inchangé depuis 2011.
Finalement, l'AMF a eu gain de cause sur ces deux points : le montant du fonds de péréquation est revu à la hausse, de 4 millions d'euros par an. L'enveloppe annuelle passe ainsi de 170 à 174 millions d'euros par an, soit de 510 à 522 millions d'euros sur trois ans.
De plus, l'accord préalable du maire sur la modification de la présence postale restera requis pour tous les bureaux de poste éligibles au fonds de péréquation, à savoir les bureaux dont l'activité est inférieure à 18 heures par semaine, les bureaux implantés dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, dans les communes nouvelles et dans les communes ne comptant plus qu'un seul bureau de poste. Au-delà de ces zones, La Poste prendra en compte le désaccord du maire et proposera un deuxième projet dans ce cas.

"Nous appelons à une autre direction, celle de la rentabilité sociale"

Autre avancée : les fermetures estivales devront être notifiées en amont au mois de février aux communes et seront limitées à trois semaines maximum. Une clause de revoyure du contrat est en outre ajoutée. Elle aura lieu à mi-parcours, en 2018.
Malgré ces avancées, qui ont été saluées par les élus communistes, lors d'un débat organisé au Sénat le 8 décembre sur l'avenir du service de La Poste, Jean-Pierre Bosino, sénateur communiste de l'Oise, a regretté "que l'AMF ait signé le nouveau contrat proposé par les dirigeants de La Poste qui va dégrader un peu plus la situation et enfermer les maires dans des choix qui n'en sont pas : avoir un point de contact ou une maison de service public et payer pour cela, ou bien voir La Poste quitter la commune". Il a dénoncé le "démantèlement du maillage territorial" et la transformation de La Poste qui a "des conséquences dramatiques sur les agents". "Ni la ministre du Travail, ni le ministre de l'Economie ne sont intervenus", a-t-il pointé. "Lorsque nous parlons usagers, services publics, proximité, La Poste nous répond clients, entreprises, rentabilité financière, a encore souligné Jean-Pierre Bosino, nous appelons nous à prendre une autre direction, celle de la rentabilité sociale."

Près de 50.000 emplois supprimés depuis 2008

Une grève nationale était organisée le même jour à l'appel des syndicats CGT, SUD-PTT et Unsa de La Poste pour protester contre la dégradation des conditions de travail. Selon la direction, elle a été suivie par 3,76% du personnel.
La Poste est engagée dans une réorganisation de fond depuis plusieurs années. Elle s'est transformée en une société anonyme en 2010, l'Etat restant le principal actionnaire avec la Caisse des Dépôts, et a vécu l'ouverture du marché du courrier en janvier 2011, avec en parallèle le développement du numérique. Elle subit actuellement une baisse importante du marché du courrier. Celle-ci s'établit à -6% par an en volume. "Cette baisse représente 600 millions d'euros de ressources en moins pour La Poste", a insisté Christophe Sirugue.
Pour s'adapter à ce nouveau contexte, le groupe s'est lancé dans un vaste programme de transformation pour devenir le premier opérateur de services à la personne. Une mutation qui selon les syndicats s'effectue au pas de course et à marche forcée… Depuis 2008, 48.032 emplois ont ainsi été supprimés, 7.300 pour la seule année 2015. 8.000 bureaux de poste sur 17.000 ont été transformés en agences postales communales pour les deux tiers, ou en relais tenus par des commerçants pour un tiers. Les facteurs sont amenés à accomplir des tâches supplémentaires, comme l'organisation des examens du Code de la route, les visites aux personnes âgées ou le portage de médicaments… Les syndicats ne renient pas le principe de ces nouveaux métiers en devenir mais ils en contestent les modalités et ont fait part à la direction des difficultés rencontrées.

En réponse aux alertes relayées par les syndicats, le groupe a ouvert des négociations fin octobre 2016 sur les métiers et les conditions de travail des facteurs et de leurs encadrants, planifiées en trois séances plénières. Mais le 21 novembre, dès la deuxième réunion, certains syndicats (CGT, SUD-PTT et l'Unsa) ont claqué la porte dénonçant un dialogue de sourds. Un nouveau projet d'accord a été transmis aux syndicats le 5 décembre, dans lequel la direction change un peu de ton. La prochaine réunion doit avoir lieu le 19 décembre.

 

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