Le comité interministériel aux Jeux olympiques dévoile l'ambition des Alpes 2030
Le comité interministériel aux Jeux olympiques d'hiver de 2030 a présenté ses grandes orientations. Si elles visent les aspects sportifs, l'environnement, le logement et le tourisme ne sont pas oubliés. Le montant des dépenses publiques est également annoncé, et sera scruté de près.

© Captiure vidéo @gouvernementFR/ Marie Barsacq, ministre des Sports, et François Bayrou ce 27 juin à l'issue du Cijop
Développement des pratiques, environnement, tourisme et logements en montagne sont les principaux axes de l'ambition du comité interministériel aux Jeux olympiques d'hiver de 2030 (Cijop) annoncés ce 27 juin à Briançon.
Alors que des nuages s'amoncellent sur le financement public du sport, le Cijop, présidé par le Premier ministre François Bayrou, entend d'abord faire des Jeux de 2030, organisés dans les Alpes françaises, "un moteur de développement des pratiques physiques et sportives et de la haute performance". Pour cela, il propose, pêle-mêle, de développer les dispositifs sport-études afin de passer de 16.000 à 25.000 élèves à l'horizon 2026, d'atteindre la barre des trois millions de pratiquants supplémentaires en 2030 – un objectif déjà annoncé avant les Jeux de Paris 2024 –, en ciblant particulièrement les publics les plus éloignés de la pratique, de déployer le label Génération 2030 à destination des enfants des écoles, d'élaborer une feuille de route du développement raisonné des sports de nature et des pratiques sportives urbaines extérieures, et enfin de faire des Jeux de 2030 une opportunité de renforcer la lutte contre la sédentarité, dans le cadre de la stratégie nationale sport-santé 2025-2030.
"Tremplin" pour la transition écologique
Autre enjeu central abordé par le Cijop : faire des Jeux de 2030 un tremplin pour la transition écologique du modèle montagnard mais aussi de l'organisation des grands événements sportifs internationaux. À ce titre, le gouvernement a missionné le secrétariat général à la planification écologique (SGPE) en vue de préparer une feuille de route environnementale "ambitieuse" qui associera les collectivités et les organisations non gouvernementales. Cette feuille de route devra notamment permettre, d'ici la fin 2025, de limiter l'empreinte environnementale des Jeux en agissant sur les principaux postes d'impact (émissions de gaz à effet de serre, consommation d'énergie et d'eau, production de déchets, artificialisation des sols, atteintes à la biodiversité, etc.). Elle visera également à promouvoir une gestion durable des sites et des infrastructures en privilégiant la réutilisation et la rénovation des équipements existants, en utilisant des matériaux écologiques et en optimisant la gestion des ressources dans la durée. En outre, la feuille de route favorisera la concertation, la participation et l'appropriation des enjeux environnementaux par les collectivités, les entreprises, les associations et les citoyens. Enfin, elle visera à valoriser l'héritage environnemental des Jeux.
"Révolution" dans les transports régionaux
Le Cijop a par ailleurs acté la mise en œuvre d'un ensemble de projets de rénovation et de développement d'infrastructures de transport afin d'assurer la desserte des quatre noyaux de compétition. Dans la matinée, un protocole d'accord sur le financement des projets d'infrastructures de mobilité a été signé par François Bayrou, Renaud Muselier, président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, et Jean-Marie Bernard, président du conseil départemental des Hautes-Alpes. Il prévoit notamment un plan de 520 millions d'euros afin de développer des "trains plus rapides, des routes sécurisées, des vallées mieux desservies", selon Renaud Muselier, qui a qualifié cet investissement de "révolution" dans les transports régionaux. Parmi les travaux envisagés : la régénération et la modernisation de la ligne Marseille-Briançon, la sécurisation des branches ferroviaires en provenance de la région Auvergne-Rhône-Alpes et en direction de Briançon, et la mise en accessibilité de plusieurs gares.
Rénovation du parc immobilier
Autre volet majeur traité par le Cijop : l'attractivité économique pour les zones de montagne en toutes saisons, au bénéfice des populations locales comme des touristes. À cet égard, le Conseil national de la montagne (CNM) sera associé à l'organisation et à la construction de l'héritage des Jeux de 2030. Une stratégie de promotion touristique des Jeux ainsi qu'un accompagnement des stations à la préparation de l'accueil des Jeux seront mis en œuvre. Parallèlement, la rénovation énergétique du parc immobilier montagnard sera "dynamisée", tout comme la lutte contre les "lits froids". Le gouvernement propose de lancer une expérimentation combinant Opah (opérations programmées d'amélioration de l'habitat) et Oril (opérations de réhabilitation de l'immobilier de loisir) avec un objectif de 2.500 logements rénovés d'ici 2030. Cette initiative, soutenue par le projet de loi olympique (lire notre article du 25 juin), s'appuiera sur des collectivités volontaires, actuellement en cours d'identification. En outre, alors que les appels à projets des villages des athlètes à Briançon, à Nice, ainsi qu'en Savoie et Haute-Savoie, vont être lancés, les quelque 4.000 lits construits pour les Jeux seront reconvertis en logements principaux, mais aussi en logements pour saisonniers et en deux à trois résidences de tourisme.
Le dernier train de décisions du Cijop porte sur l'inclusion et la cohésion sociale. Parmi les initiatives, on peut noter les séjours solidaires – avec un objectif d'organiser le départ en vacances à la montagne de 100.000 enfants – mais aussi la volonté de mener "une action résolue en faveur de l'accessibilité", que ce soit dans les transports, les stations de montagne ou les espaces naturels, ou encore la création d'un campus des métiers et des qualifications du sport dans chacune des deux régions hôtesses des Jeux (Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur).
"Pacte financier"
Enfin, à l'occasion du Cijop, l'État et les deux régions impliquées ont convenu d'un "pacte financier". Ils apporteront "les concours publics nécessaires à l'équilibre du budget" du comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop), soit 2 milliards d'euros, et au financement des équipements réalisés ou supervisés par la Société de livraison des Jeux olympiques (Solideo Alpes 2030), soit 800 millions d'euros d'investissements. Le partage entre l'État et les régions en ce qui concerne les contributions publiques sera "équitable", soit 50/50. Et afin de "prévenir tout risque de dépassement des enveloppes et de déficit", ils ont inscrit dans les statuts des entités olympiques (Cojop et Solideo) des règles et mécanismes communs pour "surveiller l'évolution des dépenses et les freiner le cas échéant", même si "en dernier recours et dans l'hypothèse la moins favorable, l'État et les deux régions confirment leur accord de principe en vue de l'instauration d'un nouveau dispositif traduisant formellement leur engagement de responsabilité conjointe". Autrement dit, ils assureront le financement des Jeux en cas de dépassement de ce budget initial. Cette annonce arrive quelques jours après la publication d'un rapport de la Cour des comptes évaluant les dépenses publiques occasionnées par les Jeux de Paris 2024 à 6 milliards d'euros, contre 1,5 milliard envisagé en 2018 (lire notre article du 23 juin).