Le logement, clé de la lutte contre les violences faites aux femmes

Julien Denormandie et Marlène Schiappa ont signé une charte visant à mieux coordonner les services d'urgence et les structures d'hébergement. L'Union sociale pour l'habitat rappelle les mesures mises en place par les bailleurs sociaux pour lutter contre ces violences et prendre en charge les victimes.

Dans la droite ligne de la présentation par Édouard Philippe, le 25 novembre, d'un ensemble de trente mesures pour prévenir et lutter contre les violences faites aux femmes (voir notre article ci-dessous du même jour), Julien Denormandie, le ministre chargé de la ville et du logement, et Marlène Schiappa, la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre discriminations, ont effectué, le 27 novembre, un déplacement au centre d'hébergement d'urgence "'Plurielles", dans le 9e arrondissement de Paris.

Une charte pour mieux coordonner le 3919 et le 115

Cette visite servait de cadre à la signature d'une charte "visant à mieux coordonner les services d'urgence, afin de garantir plus rapidement des places d'hébergement aux femmes victimes de violences". La question de l'hébergement et du logement est en effet centrale dans la lutte contre les violences conjugales. Si la logique et la justice voudraient qu'il revienne au conjoint violent de quitter le domicile conjugal, c'est presque toujours l'inverse qui se produit. Et le fait de ne pas disposer d'un solution d'hébergement ou de logement peut contraindre les femmes concernées à rester au domicile avec l'auteur des violences.

La charte signée par les deux ministres vise donc à assurer une meilleure coordination entre deux "plateformes d'appel majeures" : la plateforme téléphonique d'écoute et d'orientation "Violences Femmes Info" (3919) et le Samu social (115). L'objectif de ce rapprochement est "de pouvoir orienter plus rapidement les femmes victimes de violences conjugales vers des solutions de mise à l'abri".

Cette charte s'ajoute aux "mesures d'urgence" annoncées en septembre (voir notre article ci-dessous du 4 septembre 2019) et au plan global que vient de présenter le Premier ministre. Parmi cet ensemble figurent plusieurs mesures concernant directement la question du logement : la création de 1.000 places d'hébergement supplémentaires pour les femmes victimes de violences, la mise en place d'une plateforme de géolocalisation des places d'hébergement d'urgence pour les forces de l'ordre, afin de leur donner une vision en temps réel du nombre de places disponibles et ainsi mieux orienter les femmes, ou encore l'ouverture du dispositif Visale de caution locative gratuite aux femmes victimes de violences conjugales souhaitant quitter leur conjoint et leur domicile.

Les bailleurs sociaux s'engagent

Le secteur du logement social est d'autant plus sensible à cette question que les femmes victimes de violences font partie des demandeurs prioritaires, avec toutefois des effets souvent limités en raison du nombre de publics et de réservations prioritaires. Dans un communiqué du 26 novembre, l'USH (Union sociale pour l'habitat) se félicite des mesures prises par le gouvernement et rappelle qu'elle a signé le 24 septembre, lors de son dernier congrès, la convention d'engagement de lutte contre les violences conjugales avec Julien Denormandie, Brigitte Grésy, la présidente du Haut Conseil à l'égalité, et l'ensemble des fédérations HLM (voir notre article ci-dessous du 1er octobre 2019).

Dans son communiqué, l'USH rappelle aussi "que la dimension du logement est essentielle dans la prise en charge des femmes victimes de violences" et que "les organismes HLM sont [...] très mobilisées, dans le quotidien de leurs missions, en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes". Cette mobilisation se traduit par la mise en œuvre de plusieurs mesures, comme la formation ou la sensibilisation à ce thème – dans les cinq ans – de toutes les équipes en lien avec le public, et l'implication de ces équipes dans le repérages des situations et l'orientation des victimes.

Par ailleurs, une campagne d'information sur le 3919 est en cours dans les cages d'escalier et loges des concierges et les membres des commissions d'attribution de logements sociaux doivent faire prochainement l'objet d'une campagne de sensibilisation au relogement des femmes victimes. Enfin, l'USH indique que "les organismes HLM multiplient les mises à? disposition de logements pérennes ou provisoires et des places d'hébergement d'urgence en lien avec les associations spécialisées" et fait également état d'un renforcement de l'accompagnement des femmes victimes dans le cadre de partenariats avec les associations (programme de 500 accompagnements sur trois ans).