Le marché des fonds de commerce commence à retrouver des couleurs

Le nombre de ventes et cessions de fonds de commerce augmente de 9,6% en 2021, à près de 28.000 transactions, après une baisse de 10,5% en 2020. L'étude Altares publiée le 7 juin 2022 précise que ces transactions sont surtout réalisées dans les grandes villes, 25% seulement dans les "petites villes rurales", qui représentent pourtant 90% de l'ensemble des communes françaises.

Les ventes et cessions de fonds de commerce ont augmenté de 9,6% en 2021, après une baisse de 10,5% en 2020, mais elles ne retrouvent pas encore leur niveau d'avant-crise. C'est ce qu'indique Altares, dans une étude publiée le 7 juin 2022. Au total, 28.000 transactions sont enregistrées. Autre signe encourageant : le prix de cession moyen augmente. Il franchit la barre des 200.000 euros. Malgré le passage de la pandémie, le marché reste donc attractif.

"Cela augmente, tant mieux, mais ces chiffres ne doivent pas masquer le fait que cela rattrape à peine le trou de 2020, souligne Thierry Millon, directeur des études Altares. Cela ne permet pas d'inverser la tendance d'érosion observée depuis plusieurs années." Tous les secteurs profitent de cette hausse, sauf la boucherie et la restauration. Ce secteur clé de la transmission correspond à moins d'un échange sur cinq en 2021, contre un sur quatre en 2019. "Si les repreneurs ont répondu présents dans la restauration rapide (+4,1%), ils manquent encore à l'appel dans la restauration à table (-15,8%)", précise l'étude. Autre secteur en recul : les cafés (-10,3%). "On est en face d'une activité particulière, car fermée à plusieurs reprises, et longtemps ; et il y a davantage d'acteurs car ils ont été accompagnés par l'État, il n'y a pas eu beaucoup de disparitions d'entreprises de restauration ; il y a donc plus d'acteurs et pas plus de clients, voire même moins à cause de l'inflation due à la guerre en Ukraine", analyse Thierry Millon.

Les petites villes rurales ne concentrent que 25% des cessions de fonds de commerce

Ce sont les pharmacies qui enregistrent le prix de vente moyen le plus élevé, bien qu'en baisse de 9,6% en 2021. Il faut ainsi un peu plus d'un million d'euros en moyenne pour acquérir un fonds d'officine. Les supermarchés arrivent en deuxième position, avec un prix moyen proche de 500.000 euros, en recul de 5,6%.

Côté répartition géographique, Altares indique que les "petites villes rurales" (moins de 3.000 habitants), qui représentent 90% de l'ensemble des communes françaises, ne concentrent que 25% des cessions de fonds de commerce.

Une transaction sur cinq s'est conclue dans l'une des cinquante plus grandes villes de France, et une sur dix dans l'une des cinq premières villes de France : Paris a enregistré plus de 1.600 transactions, Marseille 400, Lyon 300, Toulouse 210 et Nice plus de 170. "Ce n'est pas une surprise que les villes les plus importantes concentrent une grande partie de ces cessions, détaille Thierry Millon. Mais si on s'intéresse aux territoires, si on veut répondre aux attentes des citoyens, notamment à la suite de la crise Covid, avec la mise en place du télétravail et la réappropriation des campagnes, on ne devrait pas avoir 25% des cessions dans le rural, mais au moins le double, voire le triple." D'autant que la population vieillissante dans ces territoires laisse présager de nouvelles fermetures si les cessions ne se font pas.

L'Île-de-France et l'Auvergne-Rhône-Alpes concentrent le tiers des transactions

Deux régions, l'Île-de-France et l'Auvergne-Rhône-Alpes, concentrent le tiers des transactions (plus de 4.500 et près de 4.000 respectivement). Viennent ensuite l'Occitanie, Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Nouvelle-Aquitaine, avec chacune un peu moins de 3.000 transactions. À noter, la progression de la région Pays de la Loire qui enregistre un nombre d'échanges au plus haut sur les cinq dernières années (1.785). La Corse signe quant à elle le plus fort rebond des transactions en 2021 (+24,2%) avec 185 transactions.

C'est aussi en Île-de-France que les fonds de commerce se valorisent le plus cher (prix moyen de 245.000 euros), malgré un recul de 3,1%. En Pays de la Loire, les transactions se sont quant à elles conclues à 212.000 euros en moyenne. Viennent ensuite les régions Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur pour un montant moyen de 209.000 euros.

Et pour la suite ? Le directeur des études d'Altares reste prudent. "Le début d'année est encore faible, avec un premier et un deuxième trimestres qui ne sont pas très bons, explique-t-il. Il y a le contexte du déclenchement de la guerre en Ukraine, mais aussi des mesures en préparation pour le pouvoir d'achat, le deuxième semestre a aussi un calendrier plus favorable, avec la rentrée puis les fêtes de fin d'année."