Archives

Social - Le niveau de vie des Français a baissé en 2012, la pauvreté aussi... en apparence

L'Insee publie les résultats de son étude sur les niveaux de vie en 2012. Celle-ci montre une baisse du niveau de vie médian de 1%, en euros constants, par rapport à l'année précédente. Ce dernier s'établit à 19.740 euros pour un ménage (revenu disponible du ménage, divisé par le nombre d'unités de consommation), soit 1.645 euros par mois. La distribution du niveau de vie médian entre les différents déciles de revenus s'établit dans un rapport d'un peu plus de 3,5 : moins de 10.610 euros pour les 10% les plus modestes et plus de 37.430 euros pour les 10% les plus aisés.

Tout le monde descend !

Cette baisse du niveau de vie médian n'est pas à proprement parler une surprise. Entre 2008 - premiers effets de la crise - et 2012, celui-ci a en effet connu un recul tendanciel de 0,3% par an. A l'inverse, le revenu médian avait augmenté en moyenne de 1,8% par an entre 2004 et 2008.
L'année 2012 marque toutefois une intensification de la baisse (1% au lieu de la moyenne de 0,3% sur les quatre dernières années). Plus forte, la baisse se fait aussi plus transversale. En 2011, la situation s'était en effet améliorée dans la moitié haute de la distribution, alors qu'elle continuait de se dégrader dans la moitié basse. En 2012, la détérioration touche tous les déciles. Le plus impactés sont cependant le premier décile (D1), correspondant aux niveaux de vie les plus faibles, et le neuvième décile (D9), correspondant aux ménages les plus aisés. Une différence de taille toutefois : la baisse de 2,0% pour le D9 intervient après une hausse de 2,2% l'année précédente, alors que le D1 connaît une baisse continue en euros constants depuis 2009 (respectivement -1,2%, -1,4%, -0,8% et -1,2%).
Compte tenu de cette évolution - négative - mieux partagée, les inégalités se sont légèrement réduites en 2012. Le rapport entre D1 et D9 passe ainsi de 3,6 en 2010 et 2011 à 3,5 en 2012. De même l'indice de Gini passe de 0,306 à 0,303 et retrouve ainsi son niveau de 2010.

Pauvreté : une baisse en trompe l'œil, sauf pour les retraités

Dans ce contexte pour le moins morose, l'étude de l'Insee apporte également une information qui peut sembler contradictoire à première vue. Le taux de pauvreté - 987 euros par mois en 2012 pour une personne seule - recule de 14,3% à 13,9% et revient ainsi à un niveau proche de celui de 2010. Cette baisse significative fait passer le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté de 8,7 à 8,5 millions.
Faut-il pour autant se réjouir de cette nouvelle ? Pas vraiment, car il s'agit pour l'essentiel d'un effet mécanique. Le seuil de pauvreté étant fixé à 60% du revenu médian, une baisse de ce dernier entraîne automatiquement une baisse du seuil de pauvreté. Aussi, comme l'explique l'Insee, cette baisse du taux de pauvreté "n'est pas le signe d'une hausse du niveau de vie des catégories les moins favorisées". Au contraire, l'intensité de la pauvreté s'est accrue : la population pauvre est, en moyenne, de plus en plus éloignée du seuil de pauvreté de 987 euros par mois. Seule - véritable - bonne nouvelle : le taux de pauvreté des retraités continue de reculer, passant de 9,3% en 2008 à 8,4% en 2012. Il s'agit de la conséquence de la décision de revaloriser l'allocation de solidarité aux personnes âgées (minimum vieillesse) de 25% sur la durée du quinquennat précédent.

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis