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Habitat - Le coût élevé du logement maintient 350.000 ménages franciliens dans la grande pauvreté

Une étude de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU) d'Ile-de-France - réalisée à la demande du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) - apporte un éclairage intéressant sur "Les 350.000 ménages à très bas revenus dans le parc de logements francilien". Le coût élevé du logement pèse de façon importante sur le budget de ces ménages installés "dans le parc de logements classiques" et représentant 7% du total des ménages franciliens. Après paiement de leur loyer et des charges locatives ou de leur remboursement d'emprunt immobilier, ces ménages disposent d'un solde inférieur à 425 euros par mois et par unité de consommation pour faire face à leurs dépenses vitales de nourriture et d'habillement.

Trois quarts de locataires

L'IAU a retiré les étudiants du champ de l'étude. Ceux-ci présentent certes des revenus inférieurs de 34% à ceux des ménages à très bas revenus, mais cette situation s'explique en partie par des revenus sous-déclarés et par la non-prise en compte des aides familiales. Hors étudiants, l'Ile-de-France compte 348.000 ménages à très bas revenus, soit 764.000 personnes. Ces ménages se composent en majorité de locataires (76%, dont 40% dans le parc privé et 36% dans le parc social), tandis que 22% sont propriétaires et 2% logés gratuitement.
Les 140.000 ménages logés dans le parc privé correspondent à des personnes seules (59% contre 41% à l'échelon régional) et à des familles monoparentales, plutôt jeunes. Leurs ressources mensuelles s'élèvent à 836 euros, d'où un taux d'effort (part du revenu consacrée au logement) très élevé de 49% (malgré l'aide au logement pour 54% d'entre eux). Ce taux d'effort monte même à 66% si l'on intègre les dépenses de charges, d'énergie et d'eau.
Pour leur part, les 126.000 ménages logés dans le parc social correspondent à des personnes seules ou en couple, plus âgées que les précédentes. Leur taux d'effort est nettement plus faible que dans le parc privé, puisqu'il se situe à 24,8%. Il monte toutefois à 47% si l'on ajoute les dépenses de charges, d'énergie et d'eau.

Les propriétaires également en difficulté

Enfin, sur les 76.000 ménages franciliens à très bas revenu propriétaires de leur logement, 44.000 ont fini de rembourser leurs emprunts, tandis que 32.000 sont encore en phase de remboursement. Les premiers ont certes de moindres dépenses de logement, mais ils disposent de ressources très faibles. Il s'agit essentiellement de personnes âgées (72%, avec une moyenne d'âge de 69,7ans). Les propriétaires accédants ont des revenus plus élevés (761 euros mensuels par UC), mais ils sont confrontés à des dépenses de remboursement très importantes, d'où un taux d'effort de 45%. Il s'agit majoritairement (56%) de couples avec enfants.

Se loger en Ile-de-France: "hors de portée" pour 220.000 ménages

Dans son étude, l'IAU procède également à un certain nombre de simulations. Elles montrent notamment que, sur les 348.000 ménages franciliens à très bas revenus, 128.000 (soit 2,6% des ménages franciliens) pourraient retrouver un reste-à-vivre suffisant pour faire face à leurs dépenses de logement en intégrant le parc social. Mais comme le fait remarquer l'IAU, "compte tenu de la baisse de la mobilité résidentielle et de la production trop faible par rapport à la demande des ménages (500.000 demandeurs de logements sociaux fin mars 2013 pour moins de 95 000 logements libérés sur une année), cette offre sociale n'est cependant pas disponible à court terme".
Mais, pour les 220.000 autres ménages (4,5% des ménages franciliens), "s'acquitter d'une dépense de logement reste largement hors de leur portée", au regard de l'offre du marché du logement francilien (parc social compris). Dans ces conditions, "l'aide ne peut venir que d'une prise en charge partielle ou totale du loyer, des dépenses d'énergie, et des travaux (pour les propriétaires qui resteraient en place)".

 

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