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Accès aux soins - Le nombre de pharmaciens d'officine diminue fortement depuis 2010

L'Insee a publié, le 4 décembre, une étude sur "Les pharmacies depuis 2000 : Mutations d'un secteur très réglementé". Au même titre que les médecins généralistes, les officines sont en effet un pivot de l'accès aux soins, en particulier dans les zones rurales ou semi-urbaines. Ce rôle essentiel - qui va au-delà de la simple distribution des médicaments - est désormais reconnu officiellement par les pouvoirs publics (voir notre article ci-contre du 29 décembre 2012). Mais ce rôle clé - et le monopole de la commercialisation des médicaments - n'exonèrent pas les pharmacies d'un certain nombre de difficultés économiques, mises en évidence par l'étude de l'Insee.

Un ralentissement du chiffre d'affaires

Avec 38 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2012, réalisé par 23.800 officines, la pharmacie représente, à elle seule, 8% du commerce de détail. Ce chiffre d'affaires est en progression de 53% (en valeur) par rapport à celui de l'année 2000. Mais l'Insee relève qu'"au cours des dernières années, la croissance en valeur du commerce de détail de produits pharmaceutiques, traditionnellement dynamique, s’est émoussée, en lien avec la baisse des prix des médicaments remboursables". Et cela, même si le taux de marge commerciale est reparti à la hausse depuis 2006, pour atteindre 27,5% en 2012.
Ainsi, le chiffre d'affaires a progressé en moyenne de 1,6% par an entre 2006 et 2012 - soit moins que la progression de l'ensemble du commerce de détail (+1,9%) - alors que la hausse annuelle était de 5,6% en valeur entre 2000 et 2006. Ce ralentissement s'explique principalement par la baisse tendancielle du prix des médicaments, mais aussi par la promotion des génériques. Or, la progression des ventes en volume - qui se poursuit, notamment sous l'effet du vieillissement - ne suffit pas à compenser la baisse des prix de vente unitaires. Il en est de même pour la parapharmacie, qui se développe fortement depuis 2006, mais ne représente encore que 6% du chiffre d'affaires des officines.

Une profession qui vieillit et des inégalités entre régions qui persistent

En termes démographiques, l'étude de l'Insee confirme la diminution du nombre de pharmaciens depuis 2010 (voir nos articles ci-contre du 14 juin 2012 et du 8 juin 2011). Le nombre de pharmaciens a ainsi nettement reculé en 2011 (-4,1%) et 2012 (-1,5%), alors qu'il n'avait cessé de progresser depuis 1990. Cette tendance s'observe aussi pour l'ensemble des personnels des pharmacies, y compris les salariés (95.800 équivalents temps plein). L'Insee explique cette baisse par la conjonction d'un double phénomène : le vieillissement de la profession qui accroît le nombre de départs en retraite (tendance identique à celle des médecins généralistes) et l'orientation plus marquée des jeunes diplômés vers d'autres spécialités, comme l'industrie pharmaceutique ou la recherche (phénomène que l'on retrouve également chez les étudiants en médecine, avec la fuite devant l'exercice libéral).
Dernier élément à retenir de l'étude de l'Insee : l'existence de disparités entre régions. Celles-ci sont, certes, nettement moins marquées que pour les médecins libéraux - et notamment les spécialistes -, mais elles n'en sont pas moins bien réelles. En la matière, la ligne de démarcation retrouve le cours de la Loire. Poitou-Charentes, l'Aquitaine, l'Auvergne, le Limousin, l'Auvergne, Paca et la Corse affichent ainsi une densité régionale d'officines supérieure de plus de 10% à la moyenne nationale. A l'inverse, la Haute-Normandie et l'Alsace connaissent une densité inférieure de plus de 10% à la moyenne nationale, tandis que l'écart est compris entre -5% et -10% pour la Picardie et la Lorraine.

 

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