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Accès aux soins - Première baisse pour le nombre des pharmaciens

Contrairement aux infirmiers hospitaliers libéraux, dont les effectifs vont continuer de croître au moins jusqu'en 2030 (voir notre article ci-contre du 18 mai 2011), les pharmaciens ont connu l'an dernier, pour la première fois, une baisse de leurs effectifs. L'Ordre national des pharmaciens vient en effet de publier le recensement de la profession au 1er janvier 2011. Le nombre de pharmaciens était, l'an dernier, de 73.259, soit une baisse de 0,1%. L'Ordre estime que, "bien que la baisse d'effectifs [...] ne soit guère significative [...], un symbole est atteint : la croissance globale des effectifs de pharmaciens marque un point d'arrêt pour la première fois". En termes de couverture territoriale, il apparaît que le recul est plus marqué chez les pharmaciens libéraux titulaires d'officine (-0,77%) et chez ceux travaillant dans les laboratoires de biologie médicale (-1,3%). L'ordre explique cette évolution par le fait que "la légère augmentation du numerus clausus annuel de 2004 (de 2250 en 2003, il est passé à 2400 en 2004, soit 150 places supplémentaires dont les diplômes devaient être effectifs en 2010) ne parvient pas à compenser les sorties du tableau de l'Ordre (celles des pharmaciens pour départ à la retraite, mais aussi celles pour départ précoce)".

"Evaporation", féminisation et vieillissement

Mais le plus inquiétant réside dans un phénomène que connaissent également, de façon plus aigue encore, les médecins libéraux (voir notre article ci-contre du 25 novembre 2010). En effet, un nombre croissant de jeunes diplômés ne s'installent pas en officine ou à l'hôpital, mais "s'évaporent", selon l'expression utilisée par l'Ordre. Plus précisément, "20% d'entre eux ne s'inscrivent pas à l'Ordre à l'issue de l'obtention de leur diplôme en choisissant probablement d'autres professions connexes ou d'autres voies (environnement, cosmétologie, agroalimentaire...). Ce qui remet en cause l'attractivité de la profession". Autres évolutions pointées par l'Ordre : la poursuite de la féminisation de la profession (66,7% de femmes) et son vieillissement (moyenne d'âge actuelle : 46,2 ans, mais 49,1 ans pour les pharmaciens d'officine). Celui-ci va se poursuivre au moins jusqu'en 2020, date à laquelle la génération aujourd'hui la plus nombreuse commencera à partir en retraite, tandis que les nouvelles générations issues du relèvement du numerus clausus en 2004 entreront en activité.
En revanche, l'Ordre estime que "pharmacies d'officine et laboratoires de biologie médicale conservent une répartition harmonieuse sur le territoire". Les écarts observés sont en effet sans commune mesure avec ceux qui caractérisent la répartition géographique des médecins et des infirmiers libéraux. Par ailleurs, la quasi-totalité (98%) des transferts d'officine réalisés en 2010 ont eu lieu au sein de la même commune et les 116 suppressions d'officines intervenues l'an dernier (contre 98 en 2009) ont concerné en majorité des zones urbaines, "où leur densité demeure forte". Enfin, l'Ordre relève que les jeunes titulaires s'installent en priorité dans la moitié nord de la France, "avec une préférence pour l'Ouest normand ou le quart nord-est (Lorraine, Alsace, Bourgogne...), notamment dans les zones rurales". A l'inverse, le Sud-Ouest, la Corse, le Centre et l'Ile-de-France connaissent une moyenne d'âge élevée des titulaires d'officine, signe d'un moindre renouvellement.
A noter : outre une synthèse des résultats, l'Ordre des pharmaciens met également en ligne un panorama très complet et détaillé de la situation démographique de la profession au 1er janvier 2011. Ce document propose notamment des cartes régionales et départementales sur la répartition des pharmaciens d'officine.