Le Pass Culture généralisé en 2021, mais peut-être ramené à 300 euros

Selon un bilan provisoire de l'expérimentation du Pass Culture, le dispositif atteint 102.000 utilisateurs et 4.000 acteurs culturels sur 14 départements. L'expérimentation est probante mais montre une sous-consommation du crédit, dont le montant pourrait être ramené de 500 à 300 euros.

Le Pass Culture fait partie de ces dispositifs que la crise sanitaire a rejeté dans l'ombre. Mais les incertitudes initiales sur son sort ont aussi joué dans cette discrétion de plusieurs mois (voir notre article du 9 décembre 2019). Le dossier semble toutefois sortir aujourd'hui de l'ombre, avec la publication d'un bilan de l'expérimentation et des propositions d'Isabelle Giordano, la présidente du comité stratégique du Pass Culture. Déjà, lors de la passation de pouvoirs avec Frank Riester après la constitution du gouvernement de Jean Castex, Roselyne Bachelot avait évoqué "un bilan d'étape apaisé" du Pass Culture "pour passer de l'expérimentation à la généralisation". (voir notre article du 7 juillet 2020).

La barre des 100.000 inscrits franchis, sur 135.000 jeunes éligibles

Le bilan de l'expérimentation est dressé par la SAS (société anonyme simplifiée) Pass Culture, créée il y a un peu plus d'un an pour gérer le dispositif (voir notre article du 26 juillet 2019). Expérimenté dans 14 départements depuis juillet 2019 (*), le Pass Culture vient de franchir la barre des 100.000 inscrits (et même 102.167 si on en croit le compteur sur le site grand public du pass), sur un total potentiel de 135.000 jeunes éligibles. Pour la SAS, "cette dynamique positive conforte également l'objectif de généralisation du Pass Culture à l'ensemble des jeunes de 18 ans vivant en France".

Du côté de l'offre, le dispositif rassemble plus de 4.000 lieux culturels proposant des offres ou des activités, soit une multiplication par trois en un an du nombre d'offreurs culturels présents sur la plateforme, "témoignant de l'attractivité croissante du dispositif du point de vue des professionnels du secteur" (ce qui lève une des craintes présente au lancement de l'application). Autre point positif : le succès des activités et biens culturels de proximité (en fait des biens "matériels"), qui représentent 75% des réservations totales, contre 25% pour les offres numériques. Là aussi, l'expérimentation montre que le Pass Culture ne devrait pas nuire au réseau culturel dans les territoires.

En termes de nature des biens culturels, le livre arrive nettement en tête avec 55% des réservations totales, suivie de la catégorie "musique, support d'écoute" (12%), l'audiovisuel (10%), les concerts et festivals (8%) et les pratiques artistiques (4%). Enfin, la phase d'expérimentation a permis d'apporter de nombreuses améliorations à l'application, notamment sur le moteur de recherche et l'ergonomie.

"Des résultats positifs qui présagent du succès de la généralisation prochaine"

Pour Isabelle Giordano, "nous sommes très fiers des résultats positifs qui présagent du succès de la généralisation prochaine". La présidente du comité stratégique voit également dans le Pass Culture un moyen efficace de contribuer à la relance du secteur, fortement impacté par la crise sanitaire.

Pour Damien Cuier, président de la SAS Pass Culture, "la dynamique que nous observons montre clairement que le pass gagne en attractivité. Depuis que nous avons lancé la nouvelle version de l'application au début du mois, nous avons constaté une augmentation significative des demandes d'inscription de la part des jeunes dans les départements concernés, mais également des jeunes habitant dans des départements non concernés par l'expérimentation, avec plus de 10.000 demandes que nous n'avons pas pu satisfaire".

Quel montant pour le Pass Culture ?

Si l'horizon s'éclaircit ainsi nettement pour le Pass Culture, il reste néanmoins une question importante : la phase d'expérimentation montre en effet une très nette sous-consommation du crédit du pass, utilisé à hauteur d'environ 150 euros pour une valeur de 500 euros. Roselyne Bachelot s'était déjà inquiétée de cette sous-consommation du crédit, indiquant qu'"on pourrait s'imaginer que peut-être la somme de 500 euros était excessive". La ministre de la Culture affirme aussi travailler avec Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale, sur le rôle de "médiation" que pourraient jouer les professeurs auprès des élèves, afin de faire mieux connaître le pass. Pour sa part, Isabelle Giordano estime que "l'évaluation de l'expérimentation nous amène à préconiser un pass de 300 euros et non plus de 500, moins cher et plus social".

Car le bilan de l'expérimentation montre aussi, sans grande surprise, que les utilisateurs du pass sont à 91% des étudiants ou des lycéens et à 6% seulement des actifs ou des apprentis. Selon la SAS, "le Pass Culture cherche à toucher les individus considérés 'inactifs' ou en recherche d'emploi. Or cette catégorie constitue une cible plus complexe à conquérir".

En attendant les ajustements nécessaires et la généralisation du dispositif en 2021 – mais sans date encore officiellement fixée -, le projet de loi de finances prévoit une enveloppe de 50 millions d'euros dédiée au déploiement du Pass Culture.

(*) Ardennes, Bas-Rhin, Doubs, Guyane, Hérault, Nièvre, Saône-et-Loire, Vaucluse, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et les quatre départements de la région Bretagne (Côtes-d'Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan).

 

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