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Personnes âgées - Le rapport Verger propose de revisiter la politique du médicament en Ehpad

Philippe Verger, directeur adjoint du CHU de Limoges et professeur associé de l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Limoges a remis, jeudi 12 décembre, à Marisol Touraine et Michèle Delaunay le rapport que les deux ministres lui avaient commandé sur la politique du médicament en Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). L'élaboration de ce document aura pris un certain temps, puisque la lettre de mission remonte à plus d'un an (voir notre article ci-contre du 27 novembre 2012).
A la réception du rapport, les ministres ont indiqué qu'elles "lanceront prochainement un plan d’action pour une politique du médicament adaptée aux besoins des personnes âgées qui s’appuiera sur les analyses et propositions de ce rapport ainsi que sur d’autres travaux récents, conduits notamment par l’inspection générale des affaires sociales (Igas)". Les orientations de ce plan seront reprises dans le futur projet de loi d’orientation et de programmation pour l’adaptation de la société au vieillissement.

Une consommation de médicaments très typée

Le constat dressé par le rapport n'est pas vraiment nouveau. Outre le phénomène de la montée du vieillissement et de la dépendance, il rappelle que les plus de 65 ans (16% de la population française) représentent environ 40% de la consommation de médicaments. Conséquence : en Ehpad, une personne âgée consomme environ sept molécules par jour. Un situation que le rapport résume en expliquant que "les résidents poly-pathologiques sont poly-médicamentés".
Autre enseignement : les principales classes de médicaments utilisés en Ehpad sont fortement typées, puisqu'il s'agit des antidépresseurs (32%), des anxiolytiques (27%), des hypnotiques (22%) et des neuroleptiques (15%). Enfin, on estime que les effets indésirables ou iatrogènes des médicaments seraient à l'origine de 10% des hospitalisation chez les personnes de plus de 65 ans et de près de 20% chez les plus de 80 ans. Ces effets sont dus à la fois au mésusage des médicaments par certaines personnes âgées polypathologiques et à des erreurs médicamenteuses "qui peuvent survenir tout au long du circuit".

Pour un meilleur usage du médicament

Face à ce constat, le rapport formule un ensemble de propositions détaillées. Celles-ci portent en premier lieu sur l'amélioration de l'usage des médicaments, notamment en renforçant la formation des médecins grâce à des stages en Ehpad, en développant les bonnes pratiques ou en réalisant des "listes préférentielles" et des référentiels.
Dans le même esprit, le rapport préconise de "sécuriser le circuit du médicament" en Ehpad. Ici aussi, les solutions passent par le développement de référentiels et de bonnes pratiques, mais aussi par l'élaboration d'un texte réglementaire relatif au pharmacien référent définissant son statut, ses missions, sa formation et sa rémunération, ou encore par la création, auprès des agences régionales de santé (ARS) d'une plate-forme d’experts pour accompagner les Ehpad dans leur démarche de sécurisation de leur circuit du médicament.
Le troisième axe préconisé par le rapport consiste à "encourager les actions alternatives et complémentaires" : développement de la recherche sur les traitements non médicamenteux, formation des personnels des Ehpad à la prise en charge des personnes présentant des troubles du comportement (plutôt qu'une mise sous médicaments). Enfin, le rapport préconise d'améliorer le système d'information des Ehpad et de développer la recherche relative au médicament chez le sujet âgé. 

 

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