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Insertion - Le RSA ne dissuade pas les jeunes de travailler

La question de l'impact du revenu de solidarité active (RSA) sur le retour à l'emploi de ses bénéficiaires et celle des "trappes à chômage" ont déjà été abondamment étudiées (voir, par exemple, notre article ci-contre du 18 septembre 2012). En revanche, peu de chercheurs s'étaient, jusqu'à présent, penchés sur l'effet désincitatif que pourrait avoir le RSA sur la prise ou la reprise d'un emploi à l'approche de l'âge de 25 ans, c'est-à-dire au moment où les jeunes remplissant les conditions de ressources peuvent accéder à cette prestation. Le bénéfice du RSA - comme auparavant du RMI - n'est en effet ouvert qu'à compter de 25 ans, sauf dans certains cas particuliers (charges de famille, par exemple).
L'étude publiée par l'Insee n'en a donc que plus d'intérêt. Elle part du fait que les jeunes de 25 à 30 ans représentent une part importante de la population des bénéficiaires du RSA. Intitulée "Le RMI, puis le RSA découragent-ils certains jeunes de travailler ?", l'étude répond à cette question par la négative. Pour arriver à ce résultat, elle se fonde principalement sur une comparaison entre les taux d'emploi des jeunes célibataires sans enfant, à 24 ans (donc sans possibilité d'accès au RMI, puis au RSA) et à 25 ans.
En ce qui concerne le RMI - sur les années 2004 à 2009 - et pour les jeunes ayant au mieux le baccalauréat, comme pour ceux ayant au mieux un CAP ou un BEP, il n'apparaît aucune rupture significative du taux d'emploi lors du passage à 25 ans. Ce taux progresse en effet de façon quasi linéaire avec l'âge. Le seul impact négatif supposé - au demeurant très limité - concerne les jeunes les moins diplômés (ayant au mieux le brevet des collèges). En fonction des hypothèses retenues, l'étude estime qu'entre 1,7% et 2,9% de ces jeunes seraient concernés par un éventuel effet désincitatif. Cet impact se traduit essentiellement par une limitation du recours aux emplois à temps partiel, pour lesquels le gain de l'emploi par rapport au RMI est faible ou inexistant. Cet effet désincitatif a été - du moins sur un plan théorique - gommé par la mise en place du RSA en 2009. L'étude constate d'ailleurs qu'"entre 2010 et 2011, après la mise en place du RSA, la rupture n'est plus visible dans les taux d'emploi lors du passage à 25 ans, quel que soit le diplôme considéré". Les chercheurs précisent toutefois que cette conclusion n'est "pas très robuste", en raison de la brièveté de la période considérée (deux années).
Même si cet aspect n'a pas été creusé par l'étude, les auteurs identifient diverses raisons qui peuvent expliquer cette absence ou ce très faible effet désincitatif : l'accès à l'emploi perçu comme une norme sociale (même si les gains financiers sont faibles), la recherche d'un emploi à temps plein (alors que le RMI et le RSA "jouent surtout sur l'arbitrage entrer emploi à temps partiel et inactivité"), la nécessité de se constituer des droits à la retraite, ou encore l'espoir d'une amélioration des conditions futures d'emploi procurée par l'expérience professionnelle accumulée.